Par une cruelle ironie du sort, celle qui immortalisa à l’écran les chansons « Every baby needs a Da-Da-Daddy » et « My heart belongs to Daddy » ne connut jamais son véritable père. Une douloureuse absence qui marqua profondément la vie sentimentale de la star…

Les biographes continuent à se poser la question que Marilyn s’est sans doute posée elle aussi tout au long de sa vie : qui était son père ? Une seule chose paraît certaine : Martin Edward Mortensen, dont la petite fille porte le nom pour l’état civil, n’est pas son géniteur. Marié à Gladys Monroe, il en est séparé depuis plus d’un an lorsque le bébé naît en juin 1926. Pour le reste, la vie amoureuse bien remplie de Gladys rend difficile de déterminer qui pourrait bien être le père de son enfant : parmi les trois ou quatre amants qu’on lui prête à cette époque, Stanley Gifford, un contremaître de la firme où travaille la jeune femme, semble le moins improbable. Gladys gardera longtemps dans sa chambre une photo de lui qui fascine la petite Norrna Jean : avec ses élégantes moustaches, Gifford ressemble à Clark Gable…

Pères indignes
Le seul homme avec qui Marilyn aura entretenu une relation presque filiale est Wayne Bolender qui, avec sa femme Ida, accueille des enfants abandonnés. La petite fille passe les sept premières années de sa vie dans ce foyer sans joie. Les époux Bolender sont en effet de fervents pentecôtistes : selon eux, tous les plaisirs de l’existence constituent autant de péchés, l’un des plus graves étant d’aller au cinéma ! Plus tard, dans les rares moments où elle ne cherchera pas à noircir le tableau, Marilyn reconnaîtra que Wayne Bolender n’avait rien d’un bourreau d’enfant : simplement, cet honnête facteur ne lui témoignait aucune tendresse… Lorsque, à l’âge de neuf ans, Marilyn est ensuite hébergée par sa tutrice Grace McKee, celle-ci ne tarde pas à rencontrer un certain « Doc» Goddard, acteur raté qui va incarner tout le contraire d’un père. Jugeant la fillette encombrante, il décide en effet de la placer en orphelinat. Et lorsque qu’au bout de deux ans, Grace décide malgré tout de reprendre Marilyn chez eux, Goddard tente d’abuser d’elle… Ce qui vaut à l’enfant d’être envoyée cette fois chez de vagues cousins. Dans ce nouveau foyer, la petite Norma Jean racontera aux autres enfants que son véritable père n’est autre que… Clark Gable.

Jim et Johnny
Lorsqu’elle accepte d’épouser Jim Dougherty, la toute jeune Marilyn – elle vient d’avoir seize ans – va chercher auprès de son mari un sentiment de protection si fort qu’elle l’appellera souvent « Daddy ». Un besoin de figure paternelle que Jim lui-même identifiera très vite, déclarant par la suite : « J’étais son amant, son mari, son père et tout le tintouin. » Mais celui qui va véritablement remplir tous ces rôles, c’est Johnny Hyde. Lorsqu’il fait la connaissance en 1949 de la jolie starlette, ce Hongrois de cinquante-trois ans fait partie des imprésarios les plus influents d’Hollywood, comptant parmi ses clientes Lana Turner et Rita Hayworth. Marilyn le décrira ainsi : «Johnny avait plus de deux fois mon âge. C’était un homme doux, gentil, brillant, et je n’avais jamais rencontré quelqu’un comme lui. Il m’a appris à lire de bons livres et à aimer la bonne musique. » Les conseils de Johnny touchent évidemment aussi à l’art de se tailler une place dans la jungle d’Hollywood : il pousse ainsi Marilyn à se faire refaire une dent, et lui décroche entre autres une audition pour Quand la ville dort. (The Asphalt Jungle, John Huston 1950) Amoureux fou de sa protégée, il finit par quitter sa femme et propose à Marilyn de l’épouser, ce qu’elle refuse. Lorsqu’il meurt soudain en décembre 1950, la jeune femme n’en est pas moins éplorée : « personne ne m’avait jamais aimée comme ça. C’était comme avoir toute une famille… ».

Maris…
Par la suite, Marilyn continuera à chercher l’amour auprès d’hommes nettement plus âgés qu’elle, comme en témoignent ses deux autres mariages. Joe Di Maggio, qu’elle épouse en 1954, a douze ans de plus qu’elle ; Arthur Miller, onze. L’ancien champion de base-ball et le dramaturge politiquement engagé ont bien sûr des personnalités radicalement différentes, mais Marilyn espère trouver en eux les mêmes qualités : protection, indulgence et tendresse. Tous deux ont par ailleurs une idée bien précise de la manière dont leur épouse doit se conduire, et ils l’inciteront à mieux défendre ses intérêts face aux studios. Tous deux ouvriront à Marilyn des horizons nouveaux, ainsi que les portes de leurs larges familles : catholique et italienne pour Joe, juive et new-yorkaise pour Arthur. Il n’est d’ailleurs pas anodin que chacun d’eux ait aussi été le père d’enfants nés d’un premier mariage : Marilyn peut d’autant mieux les appeler « Daddy » dans ses moments de désarroi…

…et mentors
Mais Marilyn ne se contente pas de voir dans ses maris successifs des pères de substitution : tous les hommes importants de sa vie jouent en fait ce rôle. En particulier Lee Strasberg, dont l’actrice commence à suivre les cours à partir de 1955. La place prise alors par le gourou de l’Actors Studio dans son existence est immense : Marilyn vit totalement sous l’influence de cet homme de vingt-cinq ans son aîné, écoutant avidement ses conseils et se réfugiant régulièrement chez lui lorsque l’angoisse se fait trop forte. La star voit d’ailleurs tellement un père en Lee que, le jour de son mariage avec Arthur Miller, c’est lui qui la conduira à l’autel… Enfin, les hasards de la vie ont permis à Marilyn de se rapprocher d’une autre figure paternelle, et pas n’importe laquelle : le tournage des Désaxés (The Misfits, John, 1961)) lui offre en effet de se rapprocher de Clark Gable. Inutile de préciser ce que peut présenter pour l’ancienne Norma Jean le fait de côtoyer durant quelques semaines l’homme dont elle a tant rêvé petite fille, et dont elle ne cesse à présent de louer la patience et la compréhension. Lorsque l’acteur disparaîtra subitement, quelques semaines à peine après le tournage, Marilyn en restera inconsolable…


MARILYN MONROE
Mélange explosif de candeur et de sensualité débordante, Marilyn Monroe est une actrice proche du génie. Sous le maquillage et les atours, elle restait une « petite fille ». Elle ne ressemblait à personne…
Un père fantôme
Un grand mystère entoure les tentatives de Marilyn de rendre visite à son père supposé, Stanley Gifford. Au moment de la naissance de l’actrice, celui-ci fait partie des cadres de la Consolidated Films Industries, un des laboratoires qui développent les films des studios hollywoodiens. Mais Gifford quitte ensuite Los Angeles pour la région de Palm Springs. C’est là que Marilyn tente de lui téléphoner une première fois, peu après son mariage avec Jim Dougherty. L’homme au bout du fil lui raccrochant au nez, la jeune femme se fait longuement consoler par son mari… Puis, peu après la mort de son agent et protecteur Johnny Hyde, Marilyn entraîne sa coach Natasha lytess sur la route de Palm Springs. S’arrêtant dans une station-service, elle appelle Gifford : à son retour dans la voiture, elle fait part à Natasha d’un nouveau rejet de la part de son « père », et décide de rebrousser chemin. Un scénario assez semblable à celui que relatera à son tour le journaliste Sidney Skolsky, que Marilyn entraîne lui aussi en direction de Palm Springs à la même époque. Dix ans plus tard, c’est avec son masseur et ami Ralph Roberts, puis avec son attachée de presse Pat Newcomb, que la star fera à nouveau le voyage – sans jamais rencontrer Stanley Gifford. Dans la mesure où ces élans ont souvent coïncidé avec des périodes où Marilyn venait de subir un abandon, certains ont pu se demander si au fond toutes ces démarches n’avaient pas été en partie simulées. La jeune femme espérant ainsi s’attirer davantage de réconfort de la part de son entourage…

- THE LONG NIGHT – Anatole Litvak (1947) / LE JOUR SE LÈVE « refait » et « trahi »
- EDWIGE FEUILLÈRE : LA GRANDE DAME DU SEPTIÈME ART
- LA POLITIQUE DU CINÉMA FRANÇAIS
- THE GARMENT JUNGLE (Racket dans la couture) – Vincent Sherman (1957)
- THE RACKET (Racket) – John Cromwell (1951)
Catégories :Les Actrices et Acteurs
Son amour pour Johnny Hyde est très touchant, j’ai lu qu’elle s’est allongée contre lui toute la nuit quand il est mort !
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Dans Paris Match de 2011, Mortenson aurait été retrouvé et serait vraiment son père décédé en 1980. Il aurait été retrouvé à Pasadena avec preuve à l’appui (objets qu’il avait collectionné d’elle) et quelque papier l’attestant.
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Pardon, rectifications de mon message. Dans Paris Match (01/01/2011), Mortenson aurait été retrouvé et serait vraiment son père décédé en 1980. Il aurait été retrouvé à Mira Loma, maison de retraite à une centaine de kilomètres de Los Angeles. Toutes les preuves certifiées : certificat de naissance de Marilyn, certificat de mariage avec la mère Glanys, l’attestation de divorce, disque de Marilyn même pas ouvert, notifications de ce dernier qui suivait la carrière de sa fille, etc.
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Imaginez les enfants nés de PMA/GPA , ça détruit de ne pas connaître ses parents. Le plan mondialiste. ..
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