Les Réalisateurs

Autour de Pépé le Moko : LE GRAND « DUDU  » 

On doit à Julien Duvivier plusieurs films ayant bâti le fameux « mythe Gabin », de Maria Chapdelaine à Voici le temps des assassins, la collaboration de l’acteur et du cinéaste a débouché sur certains des meilleurs titres de leurs filmographies respectives.  

Parmi les amitiés légendaires du cinéma, figure en bonne place celle qui unissait le réalisateur et l’interprète de Pépé le Moko. On aurait pourtant pu redouter que la rencontre de deux tempéraments aussi affirmés ne crée plutôt des étincelles. Comme le dira un jour Gabin en évoquant Julien Duvivier : « On m’avait dit qu’il avait mauvais caractère et on lui avait sans doute dit aussi que le mien n’était pas toujours facile. C’est peut-être parce qu’on s’équilibrait tous les deux qu’il n’y a jamais eu d’histoires entre nous et qu’on s’est parfaitement entendu, au point que c’est avec lui que j’ai fait le plus de films » – sept, pour être exact, un record battu uniquement par les douze collaborations de Gabin et du réalisateur Gilles Grangier… C’est en 1933 que Duvivier contacte le jeune acteur : le film d’espionnage qu’il lui propose ne verra pas le jour, mais le projet de Maria Chapdelaine finit par les réunir l’année suivante. Gabin se souviendra de la complicité qui s’est aussitôt instaurée entre eux : « C’est sur le bateau qui nous amenait au Canada que notre amitié est vraiment née. On a eu le temps de se parler, d’échanger des idées sur pas mal de choses et sur le cinéma en particulier. C’est Duvivier qui m’a appris ce que j’ignorais encore de la technique ». [Collection Gabin – Eric Quéméré – janvier 2006]

Donnant donnant

Après le succès de Maria Chapdelaine, celui que Gabin surnomme désormais « Dudu » ne tarde pas à jouer de cette amitié toute neuve pour convaincre l’acteur d’incarner Ponce Pilate dans Golgotha. Certain de se couvrir de ridicule en costume romain, Gabin finit par accepter pour faire plaisir à Duvivier, mais en y mettant tout de même une condition : que le réalisateur s’engage à le diriger ensuite dans l’adaptation de La Bandera, un roman dont il vient d’acheter les droits. Bien que Golgotha s’avère un nouveau succès, les deux hommes auront du mal à convaincre les producteurs de se lancer dans ce projet. Heureusement, Gabin et Duvivier tiennent bon, et La Bandera, connaît à sa sortie un véritable triomphe, qui fait soudain de son interprète le roi du cinéma français. Ce qui n’empêche pas les financiers de faire une nouvelle fois la fine bouche lorsque le tandem leur propose le projet de La Belle équipe, une histoire d’ouvriers montant une coopérative. Il faudra toute la ténacité des deux hommes pour que le film voie finalement le jour : malheureusement, le public s’en désintéressera totalement… [Collection Gabin – Eric Quéméré – janvier 2006]

Deuxième round

Loin de se décourager, Gabin et Duvivier se lancent alors dans l’aventure de Pépé le Moko, dont l’exotisme séduit cette fois les foules : c’est un nouveau triomphe. L’acteur enchaîne ensuite des films non moins mythiques sous la direction de Carné, Renoir et Grémillon, puis survient la guerre. C’est donc à Hollywood que les deux compères se retrouveront, au début de 1943 : dans L’Imposteur, Duvivier fait de Gabin un criminel qui finit par rejoindre les Forces Françaises Libres. Après quoi il leur faudra attendre 1956 pour tourner Voici le temps des assassins, leur dernier film. Les temps ont changé : Gabin, qui vient tout juste de reconquérir son statut de star, va désormais travailler avec une nouvelle génération de cinéastes, tandis que Duvivier vient de signer avec succès les deux premiers Don Camillo. Mais l’acteur témoignera jusqu’à sa mort d’une profonde estime pour le cinéaste de La Bandera et de Pépé le Moko… [Collection Gabin – Eric Quéméré – janvier 2006]

A voir également…

PÉPÉ LE MOKO – Julien Duvivier (1937) avec Jean Gabin, Mireille Balin, Line Lors, Lucas Gridoux, Fernand Charpin, Marcel Dalio,Fréhel.

LA BANDERA – Julien Duvivier (1935) avec Jean Gabin, Annabella, Robert Le Vigan et Raymond Aimos

LE CINÉMA FRANÇAIS ET LE RÉALISME POÉTIQUE

LE CINÉMA COLONIAL

Autour de Pépé le Moko : RÊVES D’EXOTISME

Autour de Pépé le Moko : LE GRAND « DUDU  »

 

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.