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[la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – CHACUN À SA PLACE (3/10)

La qualité, selon certains metteurs en scène, doit éviter les sujets trop actuels et acerbes. René Clair, après avoir surpris avec des aperçus d’apocalypse dans « La Beauté du diable » (1949), revient à des œuvres plus légères comme « Les Belles-de-Nuit ». Henri-Georges Clouzot, quant à lui, est critiqué pour s’aventurer hors de son domaine de suspense, comme dans « Miquette et sa Mère » et « Les Espions ». Cependant, il excelle dans des œuvres comme « Les Diaboliques » et « Le Salaire de la peur », où il maîtrise le suspense et l’aventure. Ses films, bien que haletants et satisfaisants, sont parfois jugés trop dérisoires, comme « Manon ».

LE RÉALISME DU CINÉMA FRANÇAIS (1930-1940)

Entre 1927 et 1936, le cinéma français connaît une transformation majeure avec l’avènement du cinéma sonore. ​ Alors que l’avant-garde est déjà dépassée et que certains regrettent la disparition du cinéma muet, de nouveaux cinéastes comme Luis Buñuel, Jean Vigo, Jean Cocteau et Jean Renoir émergent sans préjugés face au parlant. Durant cette période, le cinéma français devient un art populaire, reflétant fidèlement l’élan de la conscience populaire en pleine évolution. ​

RENÉ CLAIR : le poète de Paris

René Clair a donné au cinéma quelques chefs-d’œuvre inoubliables, réussissant ainsi à décrire, à travers ses narrations visuelles, l’esprit de toute une époque. Quand René Clair réalisa en 1930 Sous les toits de Paris, son premier film parlant, il jouissait déjà d’une notoriété internationale grâce à ses films muets Entr’acte (1924) et Un Chapeau de paille d’Italie (1927). Celui qu’on avait appelé « le plus français des metteurs en scène » s’engagea dans l’aventure du parlant sans beaucoup d’enthousiasme, voire avec une certaine réticence. Il se demandait à cette époque « si la voix n’enlevait pas à l’image plus d’expression qu’elle n’en pouvait ajouter ». Tout en comprenant qu’il ne pouvait plus ignorer l’inéluctable triomphe du parlant, il resta cependant toujours convaincu que « le cinéma muet avait encore beaucoup à dire »…

LE MILLION – René Clair (1931)

Généralement considéré comme le chef-d’ œuvre de René Clair, Le Million est le résultat d’une fusion particulièrement heureuse entre la tradition du vaudeville et les expériences d’avant-garde. Dans la structure circulaire de la course poursuite, classique chez René Clair, le texte sert de support aux gags, aux digressions, au dénouement d’actions indépendantes ; ainsi, par de nombreux aspects, ce film se rattache à Un chapeau de paille d’Italie (1927).

LE CINÉMA FRANÇAIS DE L’APRÈS-GUERRE

Parmi les cinéastes qui avaient abordé pour la première fois la réalisation sous l’occupation allemande, il faut rappeler les noms d’Yves Allégret, d’André Cayatte, de Louis Daquin et de Jean Faurez. En 1946, Allégret réalisa un film de guerre, Les Démons de l’aube. Ses films Dédée d’Anvers (1948) et Une si jolie petite plage (1949) se rattachent à la tradition du réalisme populiste d’avant-guerre et sont teintés d’un pessimisme qu’on retrouve dans Manèges (1950), réquisitoire contre l’hypocrisie, l’égoïsme et la cupidité de la bourgeoisie.

L’ÂGE D’OR DU CINÉMA FRANÇAIS 

Outre l’impact direct de la tradition d’avant-garde, qu’un mécène, le vicomte de Noailles, chercha à encourager en 1930 en finançant L’Age d’or de Luis Buñuel et Salvador Dali, et Le Sang d’un poète de Jean Cocteau, le cinéma français, au début du parlant, fut influencé par le documentaire, souvent préféré par les intellectuels, et par les courants littéraires et artistiques contemporains. Il faut citer parmi les documentaristes Marcel Carné (Nogent, Eldorado du dimanche, 1929), Pierre Chenal (documentaires sur l’architecture et les petits métiers de Paris) et Jean Grémillon, dont les premiers films sont tout imprégnés d’une vivante réalité documentaire : par exemple, Tour au large (1927) et Gardiens de Phare (1929), ou, Daïnah la métisse (1932) et plus tard, Remorques (1939).