Étiquette : comédie musicale

SHALL WE DANCE (L’Entreprenant M. Petrov) – Mark Sandrich (1937)

Comment continuer à attirer le public dans les salles quand on lui a déjà proposé coup sur coup six films de Fred Astaire et Ginger Rogers, dont quatre reposant sur des chansons d’Irving Berlin et de Jerome Kern ? Débordant de fantaisie et de romance, ce film de 1937 associe aux talents de Fred Astaire et Ginger Rogers ceux d’Ira et George Gershwin. Sans pour autant attirer les foules.

ZIEGFELD GIRL (La Danseuse des Folies Ziegfeld) – Robert Z. Leonard (1941)

Cinq ans après Le Grand Ziegfeld, Ziegfeld Girl voit la Metro-Goldwyn-Mayer rendre à nouveau hommage au plus célèbre des entrepreneurs de spectacles américains. Le film aurait dû être tourné en 1938 avec Joan Crawford, Eleanor Powell, Virginia Bruce, Walter Pidgeon et Margaret Sullavan. La mort de W. Anthony McGuire retarda le projet dont la distribution fut totalement modifiée. Réalisateur du Grand Ziegfeld, Robert Z. Leonard est chargé de la mise en scène du film dont le producteur est Pandro S. Berman, l’ancien producteur de Fred Astaire et Ginger Rogers, désormais à la M.G.M. Contrairement au Grand Ziegfeld dont Florenz Ziegfeld était la vedette, ce dernier n’apparaît pas ici, même si son influence, ses goûts et son imagination sont constamment présents…

SILK STOCKINGS (La Belle de Moscou) – Rouben Mamoulian (1957)

Brillant remake du Ninotchka d’Ernst Lubitsch, avec Greta Garbo, ce film a la grâce des chefs-d’œuvre accouchés dans le doute et la douleur. Fred Astaire croyait être en fin de carrière et craignait qu’on ne ricane devant ses acrobaties légèrement ridées. Cyd Charisse frémissait à l’idée qu’on la compare avec la Divine et travaillait dur pour montrer ses vrais talents d’actrice plutôt que d’exhiber une nouvelle fois ses jambes mythiques… Le réalisateur, Rouben Mamoulian, avait mis dix ans à se remettre du désastre financier de son précédent film et restait intimidé par cette comédie antisoviétique, qui trouvait un écho dans sa vie personnelle. D’origine géorgienne, il avait en effet grandi à Paris avant de partir faire ses études à Moscou. Enfin, les déhanchements d’un certain Elvis menaçaient de plus en plus la pérennité de la comédie musicale version Arthur Freed. Silk Stockings (La Belle de Moscou) traverse ces dangers avec flamboyance, forte de ses répliques spirituelles, de sa sensualité feutrée et de ses superbes numéros musicaux. A noter la participation inattendue et délicieusement caricaturale de Peter Lorre en apparatchik rabelaisien. [Marine Landrot – Télérama]

THREE LITTLE WORDS (Trois petits mots) – Richard Thorpe (1950)

C’est à Jack Cummings que l’on doit l’idée de produire Three little words (Trois petits mots) mais la Metro-Goldwyn-Mayer, qui vient d’avoir un échec avec Words and Music (Ma vie est une chanson), la biographie de Richard Rodgers et Lorenz Hart réalisée par Norman Taurog, est peu enthousiaste. Cummings insiste en rappelant que l’histoire de Bert Kalmar et Harry Ruby est beaucoup plus originale en raison même de la personnalité des deux héros. Bert Kalmar rêvait d’être magicien et de sortir des lapins d’un chapeau alors qu’Harry Ruby était prêt à tout sacrifier pour devenir joueur de base-ball.

PIN UP GIRL – H. Bruce Humberstone (1944)

On pourrait considérer que la fantaisie inhérente à la comédie musicale s’accommode mal d’un contexte aussi grave que celui de la guerre. Mais pour les producteurs d’Hollywood, qui ont decidé d’encourager par leurs films l’élan collectif suscité par l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1941, les films musicaux ne doivent pas faire exception à la règle. Comme les films policiers, les mélodrames et, bien sûr, les films de guerre, les comédies musicales doivent refléter l’épreuve que traverse le pays. C’est donc tout naturellement que la star Betty Grable se met à côtoyer dans Pin up Girl des officiers et des aviateurs en permission. Lorry, l’héroïne du film, fait – comme l’actrice elle-même – du bénévolat pour l’USO (United Service Organizations), association qui, dès 1941, offre des spectacles aux soldats, aux États-Unis et sur le front. De tels personnages sont courants dans la comédie musicale de l’époque, car chaque studio fait feu de tout bois pour soutenir l’effort de guerre, en incitant notamment le public à acheter des War Bonds. D’ailleurs, le générique de fin de Pin up Girl informe les spectateurs que ces bons de guerre sont disponibles dans leur salle de cinéma…

ONE HOUR WITH YOU (Une Heure près de toi) – Ernst Lubitsch (1932)

One hour with you est un parfait exemple de la manière dont Hollywood s’est longtemps amusé à représenter Paris : une cité où chacun consacre la majeure partie de son temps à l’amour, de préférence adultère. Avec son ironie habituelle, Lubitsch nous fait assister ici à un chassé-croisé amoureux que n’aurait pas renié Marivaux, et encore moins Labiche. Le cinéaste multiplie d’ailleurs les clins d’œil au théâtre : ses héros s’expriment parfois en vers, et il leur arrive de s’adresser directement au public. Mais bien sûr, ce qui l’intéresse surtout, c’est encore et toujours la tentation de la chair. One hour with you fourmille d’allusions à peine voilées aux désirs de chaque protagoniste (si l’on y regarde bien, même les soubrettes ont ici une vie amoureuse, et un domestique peut dire à son maître qu’il avait « tellement envie de le voir en collants »). Certains journaux déconseilleront donc de programmer un tel film dans les petites villes, en particulier le dimanche… Mais ces précautions ne seront bientôt plus nécessaires : le code Hays se verra en effet renforce en 1934, et les « audaces » d’un film comme One hour with you disparaitront pendant trente ans du cinéma hollywoodien.

BUSBY BERKELEY : DES LÉGIONS DE DANSEUSES

Produits d’une imagination débridée, les extravagantes et colossales mises en scène dansées de Busby Berkeley font à jamais partie du grand rêve hollywoodien des années 30. Seuls quelques esprits chagrins crièrent au mauvais goût devant les ballets de Berkeley. Le comble du ridicule semblant être atteint, selon eux, par les monuments d’extravagance potagère et fruitière que Carmen Miranda arbore en guise de bibi dans The Gang’ s all Here (Banana Split, 1943). Mais Busby Berkeley se moquait bien du bon… ou du mauvais goût !

THE GANG’S ALL HERE (Banana split) – Busby Berkeley (1943)

On a souvent écrit que l’audace du numéro dans lequel Carmen Miranda chante « The Lady in the Tutti Frutti Hat » a valu à The Gang’s all here (Banana split) d’être interdit en Amérique latine : les bananes géantes tenues à mi-corps par les chorus girls auraient été jugées bien trop suggestives… En réalité il n’en fut rien, mais le numéro n’en reste pas moins l’un des plus fameux créés par l’étonnant Busby Berkeley. En 1943, le cinéaste-chorégraphe a depuis longtemps marqué les esprits par ses bataillons de danseuses formant des kaléidoscopes humains, et par ses mouvements de caméra vertigineux. Mais l’exotisme bon enfant que lui apporte cette fois Carmen Miranda, conjugué à la puissance expressive du Technicolor qu’il utilise pour la première fois, semblent avoir totalement débridé Busby Berkeley, qui atteint dans The Gang’s all here des sommets d’inventivité. On est ici en plein dans ce que les Américains nomment « Extravaganza », ce mélange de grand spectacle et de kitsch absolu. La séquence finale du film, d’une grande originalité pour l’époque, préfigure même certaines expérimentations des années 1960… Doté en outre d’un casting réjouissant, et d’une excellente bande originale signée Warren et Robin, Banana Split fait partie des monuments méconnus du genre musical.

SOMETHING TO SING ABOUT (Hollywood Hollywood) – Victor Schertzinger (1937)

Satire de l’industrie du rêve, ce film de 1937 fait de James Cagney un danseur à succès tenté par une carrière à l’écran. Un rôle qui n’est pas sans rappeler son propre parcours. Le film, qui est une satire sur les faiblesses de l’industrie cinématographique, s’est effondré dans les salles de cinéma, provoquant la fermeture récente du Grand National indépendant (Poverty Row), qui avait considérablement dépassé son budget pour faire le film, en fermant ses portes en 1940. Quand, à 80 ans, on a demandé à James Cagney lequel de ses films – en dehors de Yankee doodle dandy (Le Joyeuse parade) – qu’il aimerait revoir, c’est le film qu’il a choisi.

ON THE TOWN (Un Jour à New York) – Stanley Donen et Gene Kelly (1949)

En 1949, le producteur Arthur Freed décide de donner leur chance à deux chorégraphes, Gene Kelly et Stanley Donen, pour réaliser un film moderne et stylisé. Si le premier est déjà un artiste confirmé, le second n’a pas vingt-cinq ans quand le tournage commence. C’est sûrement sa jeunesse, alliée à la nouveauté du propos, qui permet au tandem de sortir des sentiers battus pour innover. Les chansons se fondent dans une action réaliste, elles expriment les sentiments des personnages, et peuvent aussi les emmener dans des décors imaginaires… Autant d’extravagances pour l’époque, et qui font encore mouche aujourd’hui. Grâce à la musique de Leonard Bernstein et Roger Edens, et aux paroles d’un duo plein d’avenir, Adolph Green et Betty Comden, le film nous emporte d’un bout à l’autre de New York à un rythme endiablé. Du Musée d’Histoire Naturelle, avec son squelette de dinosaure, à l’Empire State Building, de la Statue de la Liberté à Chinatown, le public du monde entier découvre dans le film le vrai visage de Big Apple. Avec, pour guides, trois matelots en permission qui n’ont que 24 heures pour découvrir Manhattan, et l’amour. Laissez-les donc vous embarquer vous aussi pour tout « Un jour à New York ».

LES MUSICALS DE LA MGM

L’âge d’or de la comédie musicale hollywoodienne, celle qui réussit l’accord parfait entre action, musique et danse, est à jamais lié à un sigle : MGM et à un nom : Arthur Freed, le grand promoteur du genre. « Nous comptons plus d’étoiles que le ciel», telle était l’orgueilleuse devise de la MGM, et si l’on considère le nombre de vedettes – de Greta Garbo à Mickey Rooney – que la firme avait sous contrat à la fin des années 30, on peut dire qu’elle était à peine exagérée. Pourtant, la MGM ne sut pas toujours tirer le meilleur parti de son exceptionnelle « écurie ».

JUDY GARLAND

Judy Garland à l’instar d’un James Dean ou d’une Marilyn Monroe, est entrée trop tôt dans la légende du cinéma. Personnalité fragile et dépressive, elle n a pas pu surmonter les profondes crises qui entraînèrent sa fin prématurée. Par sa carrière exceptionnelle commencée dès sa plus tendre enfance aussi bien que par sa mort précoce, à quarante-sept ans à peine, Judy Garland est devenue un mythe du monde du spectacle. Perfectionniste et tourmentée, elle fut la victime de son propre succès, payant de sa santé et, pour finir, de sa vie l’adulation qu’elle suscita. Sans la moindre pitié. elle fut, toute sa vie durant, jetée en pâture au public avide de tout savoir sur elle.