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HOLLYWOOD ET LE CINÉMA D’ÉVASION

La dépression apporta la misère et le chômage. Pour faire oublier au public américain la triste réalité quotidienne, Hollywood lui proposa du rêve qu’il pouvait acheter pour quelques cents. Au cours des années qui suivirent la crise de 1929, les magnats de Hollywood n’eurent guère à faire d’efforts d’imagination pour dérider un public totalement abattu.

L’ESPRIT DU NEW DEAL

Au début du New Deal. Hollywood réagit à la période noire de la crise économique par des films ou le réalisme. les sentiments forts et l’esprit d’aventure composaient une sorte d’« optimisme de la volonté ». L’arrivée du parlant, qui coïncida aux Etats-Unis avec la Dépression, favorisa la popularité de vedettes incarnant des personnages « quotidiens » avec lesquels les spectateurs pouvaient s’identifier. Très différents des inaccessibles stars du muet, les jeunes vendeuses et les vaillants garçons de province qui peuplaient désormais les écrans vivaient la crise, montrant parfois comment résoudre les problèmes de l’heure.

IT HAPPENED ONE NIGHT (New York-Miami) – Frank Capra (1934)

Pour Capra, It Happened one night (New York-Miami) fut le film de la consécration. Rien au départ ne laissa pourtant jamais présager que ce « film d’autocar » (sous-genre peu réputé, car MGM et Universal venaient d’en sortir chacune deux sans succès), interprété par un Clark Gable puni par son studio d’origine et une Claudette Colbert non motivée, allait se voir décerner les cinq Oscars les plus prestigieux et faire de son réalisateur une vedette de la mise en scène. [Frank Capra – Michel Cieutat – Ed. Payot & Rivages / Cinéma (1994)]

WILLIAM A. WELLMAN 

Au début des années 30, Wellman consolide sa position à Hollywood, tournant 17 films en trois ans pour la Warner. Ces œuvres dont la plus connue est The Public Enemy (L’Ennemi public, 1931), font encore l’unanimité aujourd’hui par leur étonnant modernisme et leur ton très personnel.

SCARFACE – Howard Hawks (1932)

Généralement considéré comme l’un des meilleurs films de gangsters, Scarface raconte l’histoire passionnante du contrôle brutal de Chicago par le crime organisé à l’époque de la Prohibition. Le lauréat d’un Oscar, Paul Muni, nous offre une performance électrisée dans le rôle de Tony Carmonte, un criminel ambitieux, dont la pulsion impitoyable est de devenir le grand patron du crime dans le ville. Réalisé par le légendaire Howard Hawks, Scarface est un film révolutionnaire, consacrant Paul Muni et George Raft grandes stars hollywoodiennes, tout en influençant l’ensemble des futurs films de gangsters.

RED DUST (La Belle de Saïgon) – Victor Fleming (1932)

Il s’agit d’opposer deux, femmes, donc deux figures du désir : la créature « sale et pourrie », comme Jean Harlow se définit elle-même (en y associant Clark Gable), et la femme d’un autre monde, ou tout simplement la femme du monde, être sophistiqué  et raffiné, mais surtout figure maternelle, vouée à soigner son « faible » mari (probablement impuissant), ou à subir le mélange d’idéalisation et de haine que lui renvoie le « vrai homme » qui la séduit dans la jungle.

SAFE IN HELL (La Fille de l’enfer) – William A. Wellman (1931)

Call-girl à la Nouvelle-Orléans, Gilda (Dorothy Mackaill) pensait avoir touché le fond en offrant ses « services » à des hommes. Mais lorsque le client qui se présente à elle est l’homme responsable de sa disgrâce, Gilda est prise d’une rage meurtrière. Recherchée pour assassinat et en cavale, elle trouve refuge dans les bras d’un marin (Donald Cook) qui va la conduire malgré elle en enfer…

DINNER AT EIGHT (Les Invités de huit heures) – George Cukor (1933)

Premier film produit par David O. Selznick pour la Metro-Goldwyn-Mayer – et son beau-père Louis B. Mayer ! – Dinner at Eight s’inscrit dans la tradition de Grand Hotel en réunissant un de ces « all star cast » dont la firme du lion avait la spécialité. George Cukor, qui n’avait alors que trente-cinq ans, fut chargé de diriger cette exceptionnelle galerie de monstres sacrés et chaque acteur, tout en effectuant un éblouissant numéro, participe à la perfection collective de l’ensemble.

LITTLE CAESAR (Le Petit César) – Mervyn LeRoy (1931)

Adapté d’un best-seller du roman noir écrit par W.R. Burnett, Little Caesar se concentre sur l’étude d’un personnage, Rico, le suivant pas à pas tout au long de sa courte et brutale carrière. Le rôle principal revenait presque de droit à Edward G. Robinson ; pourtant, au départ, Wallis songea à lui confier un personnage secondaire, Otero. Dans ses souvenirs « All my Yesterdays », Robinson raconte qu’il considéra cette décision comme une ruse destinée à assouplir le tempérament de l’acteur débutant. 

A FREE SOUL (Âmes libres) – Clarence Brown (1931) 

La force du film est de faire de l’avocat et du gangster deux personnages en miroir. A Free soul  met ainsi en scène le conflit passionnel et violent entre deux formes (au moins) d’addiction. On trouve plusieurs addictions dans le film (Clarence Brown en propose une vision plus large et métaphorique que ne le fait Three on a match, réalisé par Mervyn LeRoy en 1932, récit de la déchéance d’une mère de famille bourgeoise, dont la vie est anéantie par la drogue) : l’addiction d’ordre incestueux qui pousse un père et une fille l’un vers l’autre ; l’addiction sexuelle et passionnelle d’une jeune fille émancipée de la haute société pour un gangster violent et criminel.

NIGHT NURSE (L’Ange blanc) – William A. Wellman (1931) 

William A. Wellman ne filme pas le personnage archétypal de l’infirmière comme un pur objet de désir et de fantasmes, même si plusieurs scènes, au début du film, assument avec humour la confusion entre la fonction d’infirmière et celle de strip-teaseuse. Les séquences de déshabillage sont menées avec un mélange de naturel décontracté et de vitesse qui définit bien ce que serait « l’éternel féminin » selon Wellman : une femme qui n’a jamais honte d’elle-même (ni de son corps, ni de ses désirs, ni de ses principes), et accomplit sa destinée tambour battant, sans se laisser décourager par les obstacles, les injustices ou les inégalités qui frappent ses origines sociales et son sexe.

JEAN HARLOW

Jean, aidée par sa bonne nature et confiante en son succès retrouvé, tint tête facilement, cette fois, aux menaces des puritains et des ligues féminines. Elle se remaria avec Paul Bern, un homme très différent d’elle, aussi calme et renfermé qu’elle était expansive et débordante de vitalité. Mais le malheur semblait s’attacher aux pas de Jean : deux mois seulement après les noces, Bern se suicida.