Les Actrices et Acteurs

CLARA BOW : « IT GIRL »

Exubérante et sans complexes, Clara Bow fut l’idole du public des années 1920. Mais sa réputation de « sex symbol » fut pour elle un fardeau lourd à porter.

Si Clara Bow était morte à l’apogée de sa popularité, nul doute qu’elle serait aujourd’hui aussi connue et adulée que Jean Harlow ou Marilyn Monroe, fauchées toutes deux en pleine gloire. Le seul énoncé de son nom ferait surgir l’image d’une belle jeune femme aux cheveux ébouriffés, flamboyante de vie et de jeunesse. En fait, pour ceux qui se souviennent d’elle, elle n’est plus – mais ce n’est déjà pas si mal – que la pétillante flirteuse des années 1920 désignée sous le surnom de « It Girl ».

Qu’est-ce que le « It  » ?

Inventé par Elinor Glyn, auteur de romans d’amour, le « It », tel que l’a défini ensuite Sigmund Romberg dans une chanson à succès est « une forme de sex-appeal infaillible ». Alors qu’on lui demandait qui, à son avis, possédait « ce truc unique », Elinor Glyn répondit : « Rex le cheval magique, le portier de mon hôtel et… Clara Bow ». Adolph Zukor de son côté définissait le It « à la fois comme une espèce de magnétisme de la personnalité, de naturel dans les manières et d’absence de contrainte. En bref quelqu’un qui avait du It était un peu enfant de la nature, insoucieuse de l’opinion d’autrui ». Elinor Glyn écrivait d’ailleurs un scénario pour Clara sur la question : It ! (Le Coup de foudre, 1927) où l’actrice incarnait une vendeuse très sexy qui finit par épouser son patron.

Clara Bow débuta dans Beyond the Rainbow (1922) de W. Christy Cabanne, par une scène d’amour avec Billie Dove. Ayant vu sa photo dans Motion Picture, le réalisateur Elmer Clifton, alors à la recherche d’une jeune fille pleine de tempérament, la convoqua pour lui confier un rôle important dans Down to the Sea in Ships (Le Harpon, 1922). Le soir même de son engagement, sa mère fit, paraît-il, irruption dans sa chambre avec un couteau pour tenter de la tuer. A l’époque où elle participait au tournage des The Enemies of Women (Ennemis de la femme, 1923), dans lequel on la voyait danser à corps perdu, le soir, il lui fallait s’occuper de sa mère malade : « Je me souviens que je pensais alors que les moments de bonheur ne dureraient pas longtemps, que quelque chose de terrible surviendrait toujours et que peut-être la meilleure chose à faire était de profiter pleinement de l’instant présent. » La mère de Clara mourut peu après dans un asile et l’actrice affirma plus tard que cet événement marqua la fin de sa jeunesse. Elle avait alors seize ans.

La soif de vivre

Après ses premières et épisodiques apparitions sur les écrans, où elle fut remarquée par les critiques et le public, Clara Bow passait avec succès, grâce à son agent new-yorkais, Maxime AIton, un bout d’essai à la Preferred Picture devant B.P. Schulberg. Clara signa un contrat de trois mois à 50 dollars par semaine avec la Preferred et partit à la conquête de Hollywood. A la même époque, elle se fiança avec Gilbert Roland, acteur mexicain alors débutant qu’elle avait connu sur le plateau de The Plastic Age (1925). Mais les deux comédiens se séparèrent au bout de dix-huit mois. La carrière de Clara progressait à grands pas. Son amour de la vie, sa grande sensibilité, son goût de l’aventure lui valaient sympathie et popularité.

Lorsque Schulberg entra à la Paramount emmenant avec lui Clara, Jesse L. Lasky dut débourser 25 000 dollars pour reprendre le contrat de l’actrice. Personne ne soupçonnait encore quel allait être l’avenir de Clara Bow. Pour son premier film à la Paramount, Dancing Mothers (La Soif de vivre, 1926), elle reprenait son rôle attitré de jeune délurée. Peu après, le succès considérable du Mantrap (Le Démon du flirt, 1926), qu’elle tourna sous la direction de Victor, Fleming, contraignit le studio à lui conférer le statut de star à part entière. Fleming, grand directeur d’actrices, avait su tirer le meilleur d’elle-même. De fait, elle était d’une ravissante drôlerie dans le rôle d’une manucure flirtant avec un simple bûcheron qu’elle abandonne pour un avocat avant de revenir à son morose époux. Pendant quelque temps, Clara et Fleming, homme d’âge mûr, formèrent un couple en vue de Hollywood.

Une mauvaise réputation

Elle eut ensuite une liaison avec Gary Cooper, qu’elle connut sur le plateau des Children of Divorce (Enfants du divorce), et qui joua avec elle dans It ! et dans Wings (Les Ailes), trois films sortis en 1927. Leur idylle fit sensation, mais ne résista pas à la jalousie de Cooper et à la répugnance de Clara pour le mariage. Toutes sortes de rumeurs, plus ou moins inventées, couraient sur l’actrice, ce qui en faisait l’idole du public toujours friand d’anecdotes. Etiquetée « sex symbol », depuisIt ! , elle ne se voyait confier que des rôles du même type. La Paramount n’était en effet pas décidée à renoncer à exploiter cette véritable mine d’or. Les scénaristes devaient donc se creuser la tête pour renouveler le stock de situations susceptibles de montrer Clara Bow en tenue légère.

Plus elle jouait les coquettes, plus sa popularité grandissait. Ses revenus, en revanche, ne suivaient pas la même progression : en 1929 Clara ne gagnait encore que 2 800 dollars par semaine, alors que bien des comédiennes moins connues atteignaient souvent 10 000 dollars. Ses débuts parlants eurent lieu avec The Wild Party (1929). La perspective du sonore l’effrayait tant qu’en prononçant sa première réplique, « Salut à tous ! », elle mit une telle énergie qu’elle fit sauter les plombs dans la cabine de son. Son expérience du parlant devait être de courte durée. Sa vie privée orageuse, les scandales, les pressions du studio avaient déjà commencé à compromettre son équilibre. L’accusation d’adultère lancée contre elle par la femme d’un médecin texan, le bruit fait autour de ses dettes de jeu, de ses liaisons en chaîne avec d’autres acteurs, ternirent son image. La goutte qui fit déborder le vase, ce fut un procès intenté contre sa secrétaire, Daisy De Voe, qui pendant longtemps avait volé de l’argent à Clara. Reconnue coupable, l’ex-secrétaire vendit à un hebdomadaire à grand tirage, The Coast Reporter, des révélations sur la vie privée de l’actrice, selon lesquelles elle aurait commis des actes délictueux. Bouleversée par cette affaire, la comédienne fit une dépression nerveuse.

En juin 1931, Schulberg prétendit que le contrat de l’actrice avait été annulé à la demande de celle-ci. Clara affirma plus tard : « Ce qui me peina fut que le studio ne fit que m’accuser et me menacer pendant tout le procès De Voe… je leur ai fait gagner beaucoup d’argent avec des films que de nombreux critiques et moi-même considérions comme humiliants. En échange, je n’eus droit qu’à un salaire, des impresarios incompétents et toutes sortes d’histoires ramassées au fond des poubelles. » En 1932 Clara épousa un acteur de western, Rex Bell, et annonça : « Je peux vivre à l’aise avec ce que gagne Rex… tant qu’on ne me proposera pas de rôle convenant à mon tempérament, je refuserai toutes les offres. Je ne jouerai plus dans des rôles stéréotypés comme ceux que j’ai été obligée d’accepter. Si des producteurs entendent me faire tourner d’autres Coup de foudre et montrer mes dessous, ils peuvent garder leurs contrats. »

Clara revint sur les écrans dans deux films de la Fox. Le premier, Call Rer Savage (Fille de feu, 1932), la montrait aux côtés de Gilbert Roland en sauvageonne texane exploitant les hommes qui tombaient dans ses filets. Le second, Hoopla (1933), où elle était danseuse, fut son dernier film. Peu de temps avant sa mort en 1965 (à l’âge de cinquante-huit ans après de nombreux séjours en maison de santé) Clara Bow à propos du culte des vedettes dans les années 1920 déclarait à un journaliste : « Nous avions de la personnalité. Nous faisions ce qui nous plaisait et menions joyeuse vie. Aujourd’hui les stars sont plus sages et finissent leur carrière en meilleur état. Mais nous, nous nous amusions davantage. »



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