LES RÉALISATEURS

ALFRED HITCHCOCK
Alfred Hitchcock fut l’un des seuls cinéastes dont le physique et le nom étaient aimés du grand public. Chacun connaissant sa silhouette ronde au visage de ras bébé. Son sens de la publicité, ses apparitions télévisées, sa présence dans les bandes annonces de ses œuvres, ses passages dans ses propres films, tout cela avait contribué à le rendre célèbre. Il était aussi populaire que les plus grosses vedettes du cinéma international.

FRITZ LANG
L’œuvre de Fritz Lang est celle d’un « moraliste hautain ». Univers très noir, hanté par la culpabilité, peuplé de héros solitaires qui se débattent dans un monde hostile ou indifférent, et dont une mise en scène totalement maîtrisée accentue encore le caractère étouffant.  

HENRI-GEORGES CLOUZOT
Une personnalité mystérieuse et très controversée, une œuvre dont la noirceur et la cruauté ont rarement eu d’équivalent à l’écran : le moins que l’on puisse dire est que Clouzot ne laisse personne indifférent. Même ceux qui ne l’aiment pas reconnaissent en lui l’un des plus grands cinéastes du monde.

JOSEPH L. MANKIEWICZ
En 20 films, et autant de chefs-d’œuvre, Joseph L. Mankiewicz s’est installé au panthéon des plus grands réalisateurs hollywoodiens. Après avoir été dialoguiste et producteur, il met en scène ses propres scénarios, écrits d’une plume vive et acérée. Il fait tourner les plus grands, décortique les rapports humains et moque avec finesse les différences sociales.

MARCEL CARNÉ
C’est avec le concours du poète Jacques Prévert que Marcel Carné allait s’affirmer comme le chef de file du réalisme poétique à la française. Une collaboration exemplaire, qui nous vaudra des chefs-d’œuvre marqués d’un pessimisme amer.  

ERNST LUBITSCH : CRÉATEUR DE STYLE
Ernst Lubitsch est l’un des grands stylistes du cinéma américain. Sa renommée internationale, il la doit à ce que l’on a depuis baptisée la « Lubitsch’s touch », un style brillant où se mêlent l’allusion subtile, l’élégance et le brio des dialogues et de la mise en scène, la satire ironique. et légère des faiblesses de la société, plus spécialement dans les rapports entre hommes et femmes.

ROBERT SIODMAK
Au cours de sa carrière hollywoodienne, Robert Siodmak dirigea une série d’excellents « thrillers » dans lesquels la tradition expressionniste de sa patrie d’origine se fondait parfaitement avec le style du film noir américain.

JULIEN DUVIVIER
La véritable carrière de Julien Duvivier débute en 1930. Et pourtant, à cette date, il est déjà l’auteur de dix-sept films, réalisés entre 1919 et 1929. Mais rien, dans cette production trop abondante, ne le distingue des nombreux faiseurs, qui, au même moment, travaillaient comme lui, en série.

DOUGLAS SIRK 
Maître du mélodrame américain, Douglas Sirk a laissé une œuvre marquée par un style baroque d’une très grande originalité. Mais sa première période allemande, peu connue, mérite d’être redécouverte. Achevée en 1959, la carrière américaine de Douglas Sirk n’avait guère attiré l’attention des critiques anglo-saxons, qui avaient pris l’habitude, contrairement à leurs collègues français, de considérer ses films avec le plus complet dédain. Leur revirement n’en fut que plus spectaculaire.

BLAKE EDWARDS
Blake Edwards a connu la célébrité en créant, avec Peter Sellers, l’inénarrable inspecteur Clouseau. Mais ce maître de la comédie américaine moderne a également exprimé une sensibilité tragique.

GEORGE CUKOR ou comment le désir vient aux femmes
Qu’elle soit diablesse, lady, girl, affiche, âgée, aux camélias, en collant rose ou à deux visages, la femme occupe dans l’univers réaliste mais luxueux de George Cukor le devant de la scène. La femme en enfer, la dame damnée : Tarnished Lady (1931), ainsi s’intitule le premier film de George Cukor… Toute l’œuvre de Cukor est ainsi bâtie qu’elle n’est ni drame ni divertissement, et qu’elle refuse les limites d’un choix définitif. Pile, face, Cukor a filmé sur la tranche, dorée au soleil d’Hollywood.

JEAN RENOIR : UNE VIE AU SERVICE DU CINÉMA
Considéré par beaucoup comme « le plus grand et le plus français des cinéastes français », Jean Renoir aura marqué son temps avec des films où une féroce critique de la société s’alliait à un sens très vif du spectacle.

HENRI DECOIN
Représentant de cette « qualité française » tant décriée par les jeunes réalisateurs de la Nouvelle Vague, le cinéaste de Premier rendez-vousLes Inconnus dans la maisonRazzia sur la chnouf et La Vérité sur Bébé Donge a régné pendant trente ans sur le cinéma hexagonal. Avec un enthousiasme jamais démenti…

FRIEDRICH WILHELM MURNAU
Chantre inspiré des forces des ténèbres et de la triomphante beauté de la nature, Murnau a signé avec ses symphonies funèbres marquées au sceau d’une inéluctable fatalité quelques-unes des plus hautes œuvres de toute l’histoire du cinéma.

JEAN GRÉMILLON : L’amour du vrai
Le succès de Remorques, en 1941, devait constituer pour Jean Grémillon une revanche sur quinze ans de déboires.  Curieusement, c’est au cœur d’une des périodes les plus noires de notre histoire, que ce « cinéaste maudit » va pouvoir le mieux s’exprimer, et dans l’œuvre de ce metteur en scène de gauche, s’il en fut, la période « vichyssoise » apparaît comme une trop brève saison privilégiée.

JACQUES BECKER OU LE GOÛT DE LA VÉRITÉ 
De tous les metteurs en scène français dont la carrière prit son essor pendant l’occupation allemande, Jacques Becker est, avec Robert Bresson et Henri-Georges Clouzot, l’un des plus intéressants et des plus brillants. Pourtant ce cinéaste, tellement représentatif à certains égards de ce que le cinéma français peut donner de meilleur, est devenu réalisateur presque par hasard, et sans vocation véritable au départ. 

VINCENTE MINNELLI
Véritable magicien du cinéma, Vincente Minnelli a porté la comédie musicale à son point de perfection, ce qui ne doit pas faire oublier qu’il est l’auteur de quelques chefs-d’œuvre du mélodrame.

JACQUES TATI
Doté d’un physique et d’un talent de mime exceptionnels, Tati s’est imposé comme un des plus grands comiques de l’histoire du cinéma. Il a su rendre, grâce à un don d’observation remarquable, la poésie mélancolique des personnages timides agressés par le monde moderne.

BILLY WILDER
Après une brillante carrière de scénariste, Billy Wilder, sans nul doute le meilleur disciple de Lubitsch, affronta la mise en scène avec une maîtrise éblouissante. On lui doit, en effet, quelques-uns des films qui marqué plusieurs décennies. 

JEAN VIGO, LE JEUNE REBELLE
L’œuvre de Jean Vigo se réduit à quatre films ; elle est pourtant d’une telle nouveauté, face à la production du cinéma français des années 30, qu’elle fait de son auteur un maître, mais aussi un précurseur.

OTTO PREMINGER
Viennois exilé, metteur en scène et producteur despotique, Otto Preminger a été, au cours de sa carrière, avant tout un homme de spectacle ; œuvrant dans tous les genres, il les marqua de sa culture et de sa sensibilité européennes. Il est l’une des figures les plus controversées du cinéma américain.

WILLIAM A. WELLMAN 
Au début des années 1930, Wellman consolide sa position à Hollywood, tournant 17 films en trois ans pour la Warner. Ces œuvres dont la plus connue est The Public Enemy (L’Ennemi public, 1931), font encore l’unanimité aujourd’hui par leur étonnant modernisme et leur ton très personnel.


RENÉ CLAIR : le poète de Paris
René Clair a donné au cinéma quelques chefs-d’œuvre inoubliables, réussissant ainsi à décrire, à travers ses narrations visuelles, l’esprit de toute une époque. Quand René Clair réalisa en 1930 Sous les toits de Paris, son premier film parlant, il jouissait déjà d’une notoriété internationale grâce à ses films muets Entr’acte (1924) et Un Chapeau de paille d’Italie (1927).

PRESTON STURGES : LE RIRE ET LA DÉRISION
Aussi brillant metteur en scène que scénariste, Preston Sturges va renouveler la comédie américaine. Son humour s’exercera souvent aux dépens de l’« american way of life ».

NICHOLAS RAY
En apportant, dans le système hollywoodien, une vision romantique et désespérée de l’Amérique, Nicholas Ray s’est imposé comme l’un des auteurs les plus originaux de la génération d’après-guerre. Obsédé par la crise de la civilisation américaine et fasciné par la jeunesse, ce cinéaste romantique et écorché a laissé une œuvre qui, rétrospectivement, paraît singulièrement prémonitoire. Méconnu dans son propre pays, il est resté un mythe exemplaire pour bon nombre de cinéastes européens;

MARCEL PAGNOL : DU THÉÂTRE AU CINÉMA
Si le cinéma était resté muet, on peut penser que Marcel Pagnol ne serait jamais devenu cinéaste, tant son œuvre est d’abord une œuvre parlée, où le dialogue joue un rôle prépondérant. Et pourtant, nous savons aussi qu’elle constitue bien autre chose que le « théâtre filmé » à quoi on a voulu longtemps la réduire avec dédain, et qu’elle représente de l’authentique cinéma.

ORSON WELLES
C’est grâce à quelques hommes comme Orson Welles que le cinématographe est resté un art, à une époque où il menaçait de n’être plus qu’une industrie. Souvent incomprise, parfois mutilée, son œuvre demeure aujourd’hui un exemple esthétique et moral pour les créateurs dignes de ce nom.

MICHAEL CURTIZ
Vétéran du septième art, le Hongrois Michael Curtiz abordera avec succès les genres les plus divers au cours de sa prolifique carrière et s’affirmera comme l’un des maîtres du film d’action hollywoodien.

ANDRÉ CAYATTE : L’AVOCAT DU CINÉMA
Les films d’André Cayatte ont symbolisé tout ce que détestaient les jeunes cinéastes de la nouvelle vague et tout ce contre quoi avait lutté l’équipe des Cahiers du Cinéma pendant des années. Avec André Cayatte, en effet, l’art du cinéma se ramène à une simple mise en images d’un scénario et ne se distingue pas, en substance, du théâtre.

FRANK CAPRA
Frank Capra fut le cinéaste de l’ère rooseveltienne. Ses films utopiques et optimistes participèrent à l’effort de l’Amérique pour sortir » de la crise. Alors que d’autres réalisateurs œuvraient sur des sujets légers et brillants, Capra fut l’auteur d’œuvres basées sur une réalité vécue ou espérée par le public. Ce furent les films de l’idéalisme rooseveltien.

FRANÇOIS TRUFFAUT
Deux passions ont possédé François Truffaut : le cinéma et la vie. Deux passions qui ont nourri une œuvre tout en allégresse, mais aussi en gravité. Réalisateur très personnel, Truffaut a réussi le prodige rare de rassembler les suffrages des esthètes les plus exigeants et ceux du grand public. La dette du cinéma français à son égard est immense.

JOHN HUSTON
Cinéaste des destins dérisoires et des illusions perdues, John Huston a pris le contrepied des poncifs hollywoodiens pour délivrer une vision du monde où sa lucidité ironique était équilibrée par un puissant sentiment de fraternité humaine. L’homme était comme ses films : génial et indépendant.

BUSBY BERKELEY : DES LÉGIONS DE DANSEUSES
Produits d’une imagination débridée, les extravagantes et colossales mises en scène dansées de Busby Berkeley font à jamais partie du grand rêve hollywoodien des années 1930. Seuls quelques esprits chagrins crièrent au mauvais goût devant les ballets de Berkeley.

MAX OPHÜLS
Cinéaste cosmopolite, Max Ophüls a laissé une œuvre d’une originalité incomparable. De Liebelei à Lola Montès, son style baroque a incarné une vision du monde caractérisée par un sentiment tragique allié à une tendresse infinie.

SACHA GUITRY « MOI ET LE CINÉMA »
Cinéaste presque involontaire à ses débuts, Sacha Guitry a très vite pris conscience des ressources du nouvel art et ce n’est pas le moindre des paradoxes que cet homme de théâtre soit devenu un des grands réalisateurs français.

ABEL GANCE : L’HOMME DE LA RENAISSANCE
Le 7 avril 1927 est une date historique pour le cinéma français : celle de la présentation à l’Opéra du Napoléon d’Abel Gance, peut-être le plus grand film tourné dans notre pays. Après la réalisation de ce chef-d’ œuvre incontestable, le nom de Gance est à son zénith.

RAOUL WALSH
Hollywood n’est pas peu fier de ses trois borgnes. A l’instar de Fritz Lang et de John Ford, Raoul Walsh arbora le bandeau noir des pirates et, comme eux, se signala par un regard d’une rare acuité. « Maître des éléments, cinéaste de la foudre et des forces telluriques », c’est en ces termes que le cinéaste français Pierre Rissient rend hommage à Raoul Walsh dans Cinq et la peau (1982). On ne pouvait mieux définir, en effet, la personnalité et le style cinématographique d’un homme dont l’œuvre et la vie ont été portées par le goût de l’aventure et par une énergie sans équivalent à Hollywood.