Le Film français

THÉRÈSE RAQUIN – Marcel Carné (1953)

Après avoir réalisé La Marie du port et Juliette ou la clé du songe, Marcel Carné envisage Une Reine Margot, avec Robert Dorfmann à la production. Le metteur en scène se rend à la Bibliothèque nationale pour étudier la vie de Catherine de Médicis qu’incarnerait Anna Magnani : « Carné voulait, dans ce film, faire des recherches particulières d’atmosphère poétique, les décors et les costumes étant traités dans des styles très contrastés. Il dut ainsi, une fois de plus, remettre dans les tiroirs un film qui aurait peut-être compté dans sa carrière. » Mais les frères Hakim, voyant l’accueil réservé à Juliette ou la clé des songes, proposent de leur côté d’adapter l’un des romans de Zola. « On m’avait demandé, dit Carné, un film pas trop cher. Pour compenser l’absence de moyens spectaculaires, il fallait une histoire violente avec des personnages violents. Thérèse Raquin, que le producteur me proposait, correspondait à cette définition. Le souvenir du film de Feyder me faisait hésiter. Mais, finalement, je me suis décidé. »

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

Comme pour La Marie du port, le film est donc né d’une volonté d’économie. Les droits du roman, bien qu’achetés autrefois par Marie Bell, ne posent aucun problème d’adaptation. Charles Spaak, qui signe les dialogues, se rend alors avec le réalisateur aux Gets. C’est Roland Lesaffre qui les reçoit, accompagné d’une petite chienne que Carné baptise Nanouk « en souvenir du film admirable de Flaherty ». Ce même Lesaffre qui deviendra sous la plume du scénariste le marin, le scénariste ayant été très impressionné par les souvenirs de guerre du jeune acteur. Mais avant de venir dans les Alpes, il ne sait rien de tout cela car, le réalisateur l’avouera, « ce témoin, j’en avais d’abord parlé au producteur Hakim, sans rien en dire à Spaak qui avait déjà préparé une adaptation. J’ai attendu que nous soyons à la montagne, Spaak et moi, pour découvrir mes batteries. Mais ça s’est très bien passé. » Il lui donnera l’une des plus belles répliques du film: « J’ai jamais été verni… les coups de pied au cul, c’est mon enfance, les coups de fusil, c’est ma jeunesse… ». Un Spaak qui laissera aussi dans la bouche de Camille « bon commerçant lyonnais » cette haine de l’étranger: « On vous accepte chez nous, on vous nourrit et vous en profitez pour faire vos saletés».

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

Reste tout de même à trouver une idée originale pour ne pas répéter le film du maître. Alors Carné transpose Thérèse Raquin à l’époque moderne, dans les années cinquante. C’est le premier rôle marquant où Simone Signoret abandonne son personnage de putain magnifique. Avec son gilet gris, sa robe noire, ses cheveux tirés très sobrement en arrière, son visage très pâle et le feu contenu de son regard, la « Thérèse Raquin » de Simone Signoret est fascinante. Un volcan sous la glace.

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

Thérèse sert d’infirmière à un mari hargneux, Camille (Jacques Duby), lui-même esclave consentant de sa vieille mère (Sylvie), un monstre femelle qui poursuit sa bru d’une haine inextinguible qui fermente dans le huis clos de la petite-bourgeoisie provinciale. Hantée par sa passion pour Laurent (Raf Vallone), elle refuse pourtant de s’enfuir avec lui. Laurent devient alors un familier de la petite société qui se réunit autour de Camille et de sa mère pour jouer aux « chevaux » dans un salon sinistre dont on perçoit presque les odeurs de naphtaline et d’encaustique. Mais Camille emmène Thérèse à Paris, pour la mettre sous bonne garde. Apprenant leur départ, Laurent se faufile dans le train. Thérèse, croyant son mari endormi dans le compartiment, sort pour le rejoindre. Camille la suit et, après une violente dispute avec Laurent, il est précipité par la portière ouverte. Personne n’a vu Laurent monter dans le train. A la police, Thérèse affirme avoir dormi pendant tout le voyage, elle n’a pas vu son mari sortir. Elle retourne chez elle, et affronte tranquillement le regard haineux de sa belle-mère, qui a tout compris mais ne peut plus parler. Foudroyée par une attaque, elle est paraplégique. La comédienne Sylvie est inoubliable dans ces moments, avec son regard de sorcière vaincue, éternellement fixe, où se reflètent les flammes de la cheminée et toute la haine enfin justifiée mais impuissante d’une harpie de province qui a perdu son fils, son unique raison de vivre, et qui voit triompher sa rivale. Le crime serait parfait s’il n’y avait eu un témoin dans le compartiment. C’est Roland Lesaffre, baroudeur de charme et maître chanteur d’occasion, le personnage inventé par Carné pour remplacer le fantôme imaginé par Zola. Laurent et Thérèse cèdent à ses exigences et lui donnent de l’argent. Ils sont libres de s’enfuir. Mais le maître chanteur se fait écraser par un camion fou qui déboule dans la rue. Il ne rentrera pas à son hôtel à temps pour empêcher la femme de chambre de poster sa lettre de dénonciation. [Marcel Carné « Le môme du cinéma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)]

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

La préparation puis le tournage du film ne dépassent pas dix-huit mois et, malgré quelques difficultés en particulier liées aux relations entre le metteur en scène et ses deux principaux acteurs, le résultat dépasse l’attente de la production. Les arguments publicitaires, portés par la double présence de Simone Signoret et de Raf Vallone, sont mis en avant auprès des exploitants de salles : Le public aimera Thérèse Raquin. Avec Thérèse Raquin, nous vous présentons non seulement un des films les plus prestigieux de ces dernières années mais aussi un de ceux qui réaliseront les recettes les plus considérables. Un seul des arguments de Thérèse Raquin ferait la carrière d’une autre production. Thérèse Raquin est l’œuvre la plus marquante de Carné qui, lui-même, est l’homme qui étonna le monde entier dès son premier film et a continué depuis. Thérèse Raquin est adaptée d’un roman de Zola dont Spaak et Carné ont conservé l’essence de violence, de passion charnelle et d’impitoyable dureté. Thérèse Raquin réunit en un couple admirable et angoissant l’actrice la plus sensuelle de France et l’acteur le plus viril d’Italie : Simone Signoret et Raf Vallone. Ce sont, a-t-on dit deux forces de la nature qui font éclater les cadres de la mesquinerie. Thérèse Raquin pose cette question qui reste attractive pour les êtres les plus différents : le crime parfait est-il possible ? Thérèse Raquin, drame de la passion, de la jalousie et de la haine, renferme cependant des moments jamais atteints dans le film d’action : la marche hallucinante du train dans la nuit ; un meurtre commis à 140 km/heure ; un camion de dix tonnes projeté dans une boutique. Thérèse Raquin, c’est, disait Zola, l’histoire d’un homme puissant et d’une femme inassouvie. Carné s’est souvenu de cette définition et cela donne à son film un dynamisme sauvage et démoniaque comme si Zola répétait encore « voir en eux la bête ». Thérèse Raquin, représentant la France à Venise au Festival 1953, y remporta le Lion d’Argent, la plus haute récompense accordée cette année-là. Tous ces arguments doivent être utilisés pour présenter au public l’œuvre la plus chaude, la plus brûlante du metteur en scène des plus grands chefs-d’œuvre de l’écran, celui dont Raf Vallone a dit : « J’ai appris avec lui en trois mois plus qu’avec toute ma vie en dix ans ». Thérèse Raquin est forcément une œuvre exceptionnelle, puisqu’elle réussit ce miracle: avoir l’approbation de la critique, l’admiration des confrères et l’enthousiasme des spectateurs. »

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

À propos de cette présentation à la Mostra, Carné tournera longtemps en dérision « un bien réjouissant spectacle : celui de vénérables dames appartenant à la haute aristocratie vénitienne, vêtues avec une somptuosité très recherchée, couvertes de bijoux et fardées à l’extrême, qui tirent soudain de leur sac un joli petit sifflet d’or ou d’argent, le portent à leurs lèvres et soufflent de toutes leurs forces (…) afin de marquer leur désapprobation (…) une tradition solidement établie [et] une manière à elles de tuer le temps, en attendant que le temps les tue. » Les applaudissements, il est vrai, avaient été plus nombreux mais le réalisateur, qui partage la récompense avec La Strada de Fellini, doit une nouvelle fois supporter des sifflets doublés d’injures.

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

Le film permet en tout cas au cinéaste de réaliser une œuvre puissante et qui a gardé sa force dramatique, malgré quelques longueurs. Ce n’était pourtant pas une œuvre facile car si le fameux témoin du crime, ce maître chanteur inventé de toutes pièces renforçait l’action, il avait cependant l’inconvénient de faire basculer l’intrigue en cours de film. Le premier drame était la mort du mari. Le second le chantage du témoin et ses conséquences. Simone Signoret offre au personnage l’image d’une Parque qui pourrait aussi bien couper le fil de sa propre vie que celui de la vie des autres.

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

Pour la plupart des journalistes, le film est a classer parmi les chefs-d’œuvre de Carné. « Le meilleur du Festival de Venise 1953. Un ouvrage de classe, un film qui aura un succès justifié dans le monde entier » (Steve Passeur, L’Aurore). « Merveilleusement mis en scène, Thérèse Raquin est merveilleusement joué… » (Max Favalelli, Paris-Presse). « La marque indéniable d’un maître » (Louis Chauvet, Le Figaro). « Le film de Marcel Carné est de la classe de ses plus grandes œuvres : du Quai des brumes au Jour se lève » (France Roche, France-Soir). « Un coup de maître ! Un film poignant et remarquablement raconté et joué» (Jean Néry, Franc-Tireur), « Un succès sans ombre pour le cinéma français » (J. de Baroncelli, Le Monde). « Un beau film classique, typiquement français et d’une admirable pureté de lignes dans la simplicité et dans la mesure» (Jacqueline Fabre, Libération). « Remarquable ! Ce film a fait triompher le cinéma français à Venise » (Le Film français), « Une œuvre forte, d’une puissance dramatique soutenue et implacable » (La Cinématographie française).

THÉRÈSE RAQUIN (Marcel Carné, 1953)

Aujourd’hui, « à voir et à revoir Thérèse Raquin on admire encore la maîtrise technique, la « finition » du travail, la direction d’acteurs mais on regrette justement ce « fantastique » sans lequel les films de Marcel Carné ne sont pas tout à fait les siens » (Robert Chazal). La critique releva aussi la question de l’infidélité à Zola mais s’accordait, en général, à justifier les libertés prises avec l’œuvre originelle, allant même, dans une surenchère d’éloges dont Carné avait sans doute perdu l’habitude tant on s’était montré sévère envers ses films récents, jusqu’à juger le film supérieur à un roman dont il n’avait pas hérité les vices naturalistes. Jean de Baroncelli reprocha cette proximité avec le roman et en voulut à Carné et Spaak « de ne pas avoir tranché davantage encore dans le vif… de ne pas avoir substitué, dès le début du film, leur mécanisme tragique à celui de Zola ». Tandis que Georges Charensol rendait un hommage sans réticence à un admirable technicien, que Jean Dutourd affirmait sans ambages que Zola ne désavouerait certainement pas cette adaptation, qu’André Bazin considérait comme un grand film, une œuvre dont la beauté simple et pourtant savante, directe et cependant sans concessions s’impose par-dessus toutes les critiques de détail ou que Jean Néry soulignait « sa vigueur, son humanité et son exceptionnelle maîtrise », seul Yves Gibeau dans Arts trouva Thérèse Raquin « indigne de Marcel Carné et cette « presse » enthousiaste qu’on lui a consacrée…».

En tout cas, pour un film de commande, il marque un tournant dans la carrière de Carné qui abandonne ce réalisme poétique ou plutôt ce fantastique social dans lequel il fut inégalable pour faire du naturalisme. Il y avait sans doute, dans La Marie du port, l’amorce de ce virage. Pourtant, la mer, l’atmosphère du port, et aussi la façon de montrer les pêcheurs, certains personnages, étaient encore bien dans la ligne Carné. Dans Thérèse Raquin où, quoi qu’on en dise, Carné a suivi Zola (et ce n’était pas Spaak qui pouvait l’aider à s’en évader), la peinture du milieu assez sinistre de ces petits bourgeois est pleine d’embûches. Or l’univers de Thérèse Raquin commande plutôt le mépris, ce qui n’est pas l’affaire de Carné. Le film connaît ensuite un succès inespéré, récompensé à de nombreuses reprises, non seulement avec un prix en Amérique, un autre au Japon  mais aussi par différents festivals à travers le monde. [Marcel Carné « Le môme du cinéma français » – David Chanteranne – Ed. Soteca (2012)]

L’histoire et les extraits

C’est dans une rue étroite et sombre de Lyon que Mme Raquin vend du drap depuis quarante ans. Veuve, la vieille Mme Raquin n’a qu’une passion : son fils Camille, de santé très fragile et qu’elle a, depuis sa naissance, disputé sans cesse à la mort. Si elle a, jadis, recueilli chez elle une nièce orpheline, Thérèse, ce fut pour donner une compagne à Camille ; et depuis trois ans, elle a réalisé son rêve : Thérèse est devenue la femme de Camille. Ainsi, il y a désormais dans la maison une employée pour aider Mme Raquin à tenir sa boutique et une infirmière pour veiller sur la santé de Camille. Thérèse, qui est jeune et belle, a été la victime de cette combinaison, mais elle a accepté son destin sans protester. Elle est toujours comme absente et perdue dans un rêve…

A la suite d’un incident de travail, Camille, qui occupe un vague emploi de contrôleur dans une gare de marchandises, s’est lié avec un Italien, camionneur de son métier, qui est beau, généreux, séduisant. Bizarrement, Camille s’est attaché à ce garçon superbe qui a toutes les vertus qui lui manquent, et l’a convié à participer aux petites réunions du jeudi soir : autour d’un tapis vert, Mme Raquin, son fils et deux amis : M. Grivet, fonctionnaire aux chemins de fer, M. Michaud, comptable retraité, jouent passionnément aux petits chevaux, à coups de dés, et se disputent tout le long de la soirée. Thérèse a horreur de ce jeu et de ces querelles ; Laurent n’a feint de s’y intéresser que pour approcher Thérèse. Tout de suite, ils se sont aimés. Et tout de suite Laurent a proposé à Thérèse de l’arracher à ce milieu sinistre. – Prenons la fuite ensemble… Sans explications… sans discussions…

Mais Thérèse n’a pas osé. La passion l’a sortie de son rêve et ramenée sur la terre, mais trop d’années de soumissions la retiennent encore, par pitié, à la vieille dame qui l’a recueillie, au pâle époux qu’elle a accepté. Pourtant, elle est devenue la maîtresse de Laurent et elle n’appartient plus qu’au feu qui la dévore. Les amants ont du mal à se rejoindre ; ils doivent prendre des risques incroyables pour se retrouver, et ce climat de mensonges leur pèse horriblement. Ils décident alors de faire à Camille l’aveu de leur amour et lui demandent de rendre à Thérèse sa liberté. Insensible à cette preuve de loyauté, Camille essaie vivement de reconquérir sa femme par des menaces, par un chantage au suicide, et finalement par un plan diabolique qu’il a conçu avec sa mère : enfermer Thérèse chez une vieille tante qui habite les environs de Paris. Thérèse se laisse prendre à ce piège et consent à accorder à Camille ces trois jours de voyage à Paris qu’il lui demande pour essayer de la distraire et de la reconquérir. Mais ce projet a paru suspect à Laurent. À l’insu de Thérèse, il monte dans ce train qui emmène le couple.

Le voyage s’effectue de nuit, et dans le compartiment, Camille s’est endormi. Brusquement, Thérèse voit paraître Laurent derrière la vitre du couloir. Il lui fait signe de venir le rejoindre, et elle lui obéit. Laurent, encore une fois, supplie Thérèse de quitter son mari ; qu’ils descendent tous les deux à la prochaine station et disparaissent ensemble, ou l’aventure finira mal. Thérèse y consent, mais Camille s’est réveillé, il sort du compartiment pour savoir ce que Thérèse est devenue. Il surprend les amants, s’emporte, s’obstine à faire valoir que les lois sont pour lui, refuse encore une fois toute séparation. Laurent, exaspéré, le frappe, ouvre la portière et jette sur la voie l’infortuné Camille…

Suicide, crime ou accident ? Une enquête est ouverte par la police. Thérèse, obstinément, déclare qu’elle ne sait rien de ce qui s’est passé dans ce train où tout le monde dormait, où personne n’a rien remarqué de suspect. Et les policiers ne savent dans quel sens diriger leurs recherches, car Thérèse et Laurent ont décidé de ne plus se voir pour ne prêter à aucun soupçon… La police ne trouvera rien, mais Thérèse, déchirée par les remords, a pris Laurent en haine. Entre elle et lui, il y a le cadavre de Camille : vivant, il n’était rien, et mort, il les sépare. Tout ce que souhaite Thérèse, c’est que Laurent ne soit pas arrêté et qu’il disparaisse pour toujours…

Et c’est cela sans doute qui serait arrivé si le meurtre n’avait eu un témoin : un marin qui faisait semblant de ronfler sur une banquette, et qui a deviné l’assassinat à la lecture des journaux. Libéré d’un engagement militaire qui l’a conduit jusqu’en Asie et à ses champs de bataille, le témoin rêve d’une vie tranquille et d’un paisible commerce de vélos d’occasion. Pour s’installer, il lui faudrait de l’argent et c’est à Thérèse qu’il vient réclamer le capital dont il besoin. Ainsi, quand le juge d’instruction allait clore l’enquête, quand Thérèse et Laurent allaient se séparer, un danger surgit qui rapproche les deux amants. Ils n’ont pas d’argent et vont être dénoncés ! Le chantage dont ils sont l’objet est plus ignoble que le crime qu’ils ont commis et les délivre de leurs remords. Perdus, ils se reprennent à s’aimer… Mais où trouver la somme que ce témoin leur réclame ? La police a conclu à la mort accidentelle de Camille, tombé du train par une portière restée ouverte. La Compagnie de chemin de fer, pour éviter un procès désagréable, offre une transaction et le paiement comptant d’une somme importante…

Thérèse et Laurent convoquent le témoin pour la lui remettre. Sont-ils sauvés ? Non, celui-ci flaire un piège dans le rendez-vous qui lui a été donné. À une petite bonne un peu simple d’esprit, il a remis une lettre, adressée au juge d’instruction qu’il faudra mettre à la poste s’il n’est pas revenu du rendez-vous à six heures du soir… Laurent et Thérèse remettent au témoin l’argent qu’ils ont touché, mais en sortant de la boutique, le maître chanteur se fait écraser par un camion. Les billets qu’il vient de toucher baignent dans le sang, et le témoin murmure, agonisant dans les bras de Laurent qui s’est porté à son secours : – La lettre… la lettre… À 17 heures, exactement, la petite bonne met à la poste la lettre qui révélera au juge d’instruction le crime de Thérèse et de Laurent.


MARCEL CARNÉ 
Marcel Carné illustre parfaitement cette école – ou cette tendance – dite du « réalisme poétique », qui marqua si profondément le cinéma français de la fin des années 30. Une tendance dont on retrouve l’influence dans les domaines les plus divers de la vie artistique, et qui donnera aux œuvres de cette période troublée de l’avant-guerre une atmosphère tout à fait caractéristique. Pour sa part cependant, Carné préférait parler de « fantastique social », reprenant ainsi une expression de Pierre Mac Orlan.

1 réponse »

  1. Ayant récemment évoqué l’adaptation du roman de Zola par le Coréen Park Chan-wook, je suis d’autant plus curieux de découvrir cette adaptation de Carné qui semble remarquable, mais aussi celle de Feyder qui faisait jusqu’ici référence. L’ouvrage cite sur le cinéaste semble être lui-aussi une mine.
    Merci pour cet article.

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