Tout le monde connaît les récits d’une enfance si malheureuse que la star en portera les stigmates jusqu’à sa mort. Ballottée d’un foyer à l’autre sans jamais connaître la sécurité, Marilyn a grandi tant bien que mal, mais toujours sans amour.

Le 1er juin 1926 à 9h30, une petite Norma Jean vient au monde au General Hospital de Los Angeles. L’acte de naissance, qui fait d’elle la fille de « Gladys Monroe et d’Edward Mortenson », place d’emblée la vie de la future Marilyn sous le signe de la confusion. En effet, si Monroe est bien le nom de jeune fille de sa mère, le nom de ce père officiel est en réalité Mortensen. Mais surtout, ce que Gladys omet de préciser, c’est qu’elle avait depuis longtemps quitté son second mari lorsqu’elle s’est trouvée enceinte. Le modeste employé d’origine norvégienne n’est donc pas le père de Marilyn, qui ne connaîtra jamais le nom de son véritable géniteur.

Première blessure
Gladys ne se sent guère à l’aise dans la peau d’une mère. Tout comme elle a abandonné les deux enfants nés de son premier mariage, elle va confier au bout de deux semaines le bébé à une famille d’accueil. Une fois devenue star, Marilyn, encouragée par les publicitaires des studios, racontera des tas d’histoires plus déchirantes les unes que les autres sur ses premières années, entre maltraitances et misère noire. À en croire certains biographes scrupuleux, tels Donald Spoto, les époux Bolender n’ont pourtant rien de bourreaux d’enfant. Certes, leur rigorisme protestant ne rend pas la vie chez eux des plus insouciantes : ils tiennent notamment le cinéma pour un péché ! Mais ce dont la petite Norma Jean souffre le plus, c’est de l’absence de sa mère, qui ne lui rend que de rares visites.

Maman
Alors que sa fille vient d’avoir sept ans, Gladys décide un beau jour de la reprendre avec elle. Elle achète alors une maison à proximité d’Hollywood, où elle travaille comme monteuse de négatifs dans un studio, et en loue une partie à une joyeuse famille d’Anglais venus percer dans le cinéma. Grace McKee, collègue et meilleure amie de Gladys, y apporte souvent aussi sa bonne humeur. C’est dire que l’atmosphère change brutalement pour la petite fille, plus habituée aux sermons du temple qu’aux derniers cancans du show business… Tout en priant beaucoup pour le salut de ce nouvel entourage si « dévoyé », Norma Jean commence à cette époque à passer des heures au cinéma, où sa mère la sait en sécurité tandis qu’elle travaille.

Les rêves de grace
Mais cette période d’insouciance sera de courte durée : très dépressive suite au suicide de son grand-père, Gladys finit par être internée en 1934. Norma Jean, alors âgée de huit ans, est confiée à Grace, qui lui promet de l’adopter. En attendant que la procédure le permette, la fillette Continue à vivre avec la famille anglaise, puis est placée dans une nouvelle famille d’accueil. Dès cette époque, Grace reporte sur l’enfant ses propres rêves de gloire, lui serinant qu’elle sera la « nouvelle Jean Harlow« . Mais alors qu’elle vient enfin de recueillir Norma Jean chez elle, Ervin, un aspirant comédien dont elle s’est entichée, la persuade de la confier à un orphelinat…

Années noires
En septembre 1935, Norma Jean entre donc au Los Angeles Orphans Home Society. Dans cette grande maison coloniale, la vie va s’écouler sans heurts, mais la fillette n’en souffre pas moins d’avoir été une nouvelle fois abandonnée, même si Grace tâche de l’emmener au cinéma le samedi. Quant à sa mère, Norma Jean n’a presque plus de contact avec elle : elle se console en montant le soir sur le toit de l’orphelinat, d’où l’on voit les studios de la RKO où avait travaillé Gladys. Entre ses larmes, elle y prend la décision de faire partie à son tour de ce monde. Pour ses onze ans, Grace lui fait la surprise de l’installer enfin dans l’appartement qu’elle occupe avec Ervin. Mais un soir, ce dernier tente d’abuser de la fillette. Norma Jean refait ses bagages, et échoue alors chez de vagues cousins. C’est l’époque où elle affirme ne vouloir jamais se marier, et raconte à l’école que ses parents sont morts dans un accident. L’un des fils de la maison tentera lui aussi de la violer…

L’adorable tante Ana
Norrna Jean est ensuite accueillie par Ana Lower, une tante de Grace qui sera finalement sa « mère » la plus aimante. Cette femme divorcée et sans enfant a déjà 58 ans lorsqu’elle prend la petite fille chez elle. Membre de l’église scientiste, elle se consacre pleinement à sa foi, tout en restant à l’écoute de sa protégée. Marilyn gardera des deux années passées chez elle un souvenir ému : « C’est la première personne au monde que j’ai vraiment aimé. Elle m’adorait, c’était un être merveilleux. Elle ne me fit jamais le moindre mal, pas la moindre blessure ». Cette époque est encore embellie par l’arrivée de l’adolescence. Celle que ses camarades de classe surnommaient « haricot vert », du fait de sa maigreur, voit soudain son corps s’arrondir. Et sa popularité augmenter d’autant : désormais, les garçons du collège invitent souvent Norma Jean à boire un soda après les cours.

Nouveaux départs
Malheureusement, Tante Ana connaît bientôt des problèmes de santé, et Norma Jean va devoir s’installer chez Grace McKee – mais, une fois encore, pour une courte période. En 1942, Grace s’apprête en effet à quitter Los Angeles avec Ervin, et n’envisage pas d’emmener l’adolescente. Afin de caser sa pupille, elle s’arrange alors pour lui faire épouser Jim Dougherty, le fils des voisins, dont elle paraît fort amoureuse. Pour Norma Jean, qui n’a alors que 16 ans, l’idée du mariage est certes effrayante, mais constitue en même temps le seul moyen d’éviter l’orphelinat. Elle accepte donc d’épouser Jim. Peut-être espère-t-elle aussi mettre enfin un terme, avec cette union trop précoce, à la longue errance qui lui aura tenu lieu d’enfance…


MARILYN MONROE
Mélange explosif de candeur et de sensualité débordante, Marilyn Monroe est une actrice proche du génie. Sous le maquillage et les atours, elle restait une « petite fille ». Elle ne ressemblait à personne…
Un si lourd passé
Très jeune, la petite Norma Jean s’est plu à assombrir encore une histoire familiale qui n’avait pourtant rien d’idyllique. Préférant raconter que sa mère était morte plutôt que de dire qu’elle vivait en asile psychiatrique, elle s’attire ainsi la compassion de certaines institutrices. En revanche, lorsqu’elle se prétend la fille de Clark Gable, on ne se prive pas de se moquer d’elle… Devenue starlette, Marilyn n’hésite pas davantage à noircir exagérément le tableau. Comme si l’authentique calvaire d’une enfance sans amour et sans attaches ne suffisait pas, le service de presse de la 20th Century Fox et certains journalistes, tels Sidney Skolsky, poussent la jeune femme à relater à longueur d’interviews des anecdotes dignes du plus terrible mélodrame. Non seulement Marilyn a connu la faim, les coups et les corvées, mais elle a aussi manqué de mourir étouffée par une personne de son entourage, dont l’identité varie selon les versions… De telles exagérations montrent à quel point Marilyn restera meurtrie par ses années d’enfance. Cherchant désespérément dans la psychanalyse un remède à une telle souffrance, elle tournera progressivement le dos aux figures de son passé, notamment sa mère. Mais sans se désintéresser pour autant du sort des enfants malheureux : elle soutient notamment en 1957 la campagne « Donnons du lait à chaque enfant ». Et à sa mort, un quart de sa fortune sera légué à la clinique pour enfants créée par Anna Freud à Londres, qui fonde alors le « Monroe Young Family Center »…

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Catégories :Les Actrices et Acteurs
très bel hommage à la sublime Marilyn Monroe. Je lui consacre également un blog à son honneur. Merci pour ces superbes photos.
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C’était une femme tellement touchante ❤
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