Histoire du cinéma

VICTOR HUGO À L’ÉCRAN

Continuant au fil du temps à exercer la même emprise sur le public, l’œuvre romanesque de Victor Hugo a donné lieu à d’innombrables adaptations cinématographiques, qui ont fait des personnages de Quasimodo et de Jean Valjean des mythes du XXe siècle.

Notre-Dame de Paris – Jean Delannoy (1956)

De son vivant, l’auteur des Misérables était déjà l’un des romanciers les plus fameux de son siècle. Mais si à l’heure de sa mort, en 1885, Victor Hugo a bien conscience que son nom restera gravé au panthéon des écrivains, il ne se doute pas qu’il va devenir en outre un monument du « cinématographe », cette invention qui ne va pas tarder à naître. Car son œuvre va partager avec celle de Shakespeare le privilège d’être régulièrement pillée par les cinéastes du monde entier… Honneur aux femmes : c’est la Française Alice Guy qui, la première, s’inspire en 1905 d’un roman d’Hugo pour en tirer un court métrage intitulé Esméralda. Il s’agit bien sûr d’une adaptation du grand classique Notre Dame de Paris, et à sa suite, de nombreux réalisateurs vont livrer leur propre vision du roman. Pour ne citer que les plus marquantes, Wallace Worsley signe en 1923 The Hunchback of Notre Dame, film hollywoodien dans lequel Lon Chaney interprète un mémorable Quasimodo. L’interprétation de cette star de l’épouvante restera longtemps une référence, jusqu’à ce que son confrère Charles Laughton ne livre à son tour une prestation extraordinaire dans une version parlante de 1939. Et c’est encore un acteur américain, Anthony Quinn, qui campe en 1956 un émouvant Quasimodo face à la flamboyante Gina Lollobrigida. Mais il s’agit cette fois d’un film français, réalisé par Jean Delannoy et écrit par Jacques Prévert. Une version restée inégalée – du moins si l’on considère que, par les libertés prises vis-à-vis du roman original, le dessin animé Le Bossu de Notre Dame et la parodie concoctée par Patrick Timsit dans Quasimodo d’El Paris se placent d’emblée « hors concours »…

Mais Notre Dame de Paris a beau avoir été transposé à l’écran de nombreuses fois, son succès n’est rien en regard de celui remporté auprès des producteurs par l’autre grand roman d’Hugo : Les Misérables. Au point qu’il est quasiment impossible de recenser tous les courts métrages, longs métrages, feuilletons et téléfilms inspirés de cette œuvre tout au long du XX siècle… Les Misérables a beau être emblématique du patrimoine français, c’est le cinéaste américain Stuart Blackton qui, en 1909, ose le premier s’attaquer à une telle institution. Il sera imité en 1913 par Albert Capellani, qui fait de la vedette Henry Krauss le premier Valjean français, et offre le rôle d’Éponine à Mistinguett. Suivront, toujours dans l’hexagone, les versions d’Henri Fescourt (1925), Raymond Bernard (1934), Jean-Paul Le Chanois (1958), Robert Hossein (1982) et Claude Lelouch (1995). Hollywood ne se laissera évidemment pas distancer, avec des adaptations signées par Richard Boleslawski (1935), Lewis Milestone (1952) et le danois Bille August (1998). Et le roman donnera également lieu à des versions mexicaine, soviétique (Gavroche y devient Gavrosh), égyptienne, brésilienne, coréenne et japonaise… Mais si Les Misérables et Notre Dame de Paris se voient tant plébiscités par les scénaristes, d’autres œuvres d’Hugo se verront tout de même portées à l’écran, telles Hernani, Marie Tudor, Les travailleurs de la mer (transposé par Raoul Walsh sous le titre La Belle espionne) ou Ruy Blas, adapté en 1948 par Cocteau et interprété par Danielle Darrieux et Jean Marais. Tous ces films offrant à un public toujours plus large l’occasion de découvrir l’imaginaire du grand écrivain…

Chaque époque a vu ses grands comédiens se confronter aux personnages d’Hugo. Esméralda aura ainsi les traits de Maureen O’Hara et de Gina Lollobrigida. Le grand Charles Laughton sera d’abord Quasimodo, avant de se transformer en Javert. Quant à Jena Valjean, la liste des interprètes laisse songeur : Harry Baur, Frederic March, Gino Cervi (le Peppone de Don Camillo), Jean Gabin, Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Liam Neeson et Gérard Depardieu auront tous le privilège de l’incarner. Et de trouver face à eux des Javert aussi talentueux que Charles Vanel, Michel Bouquet ou Bernard Blier. [Collection Gabin – Remorques – Eric Quéméré (n°41-42 – 2007)]


LES MISÉRABLES – Jean-Paul Le Channois (1958)
En 1957, Jean-Paul Le Chanois se voit confier les rênes de sa première superproduction. Une aubaine qu’il doit en partie à Jean Gabin, avec qui il a collaboré quelques mois plus tôt, et qui va lui permettre de signer l’une des plus grandes adaptations du célèbre roman. L’adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo donne lieu à un tournage fleuve, au cours duquel Gabin a le plaisir de côtoyer des acteurs de la trempe de Bourvil, Danièle Delorme et Bernard Blier. Genèse d’un succès…



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