Étiquette : jean tissier

L’ASSASSIN HABITE AU 21 – Henri-Georges Clouzot (1942)

Paris est sous la menace d’un assassin qui laisse une ironique signature : Monsieur Durand. L’inspecteur Wens découvre que le coupable se cache parmi les clients de la pension Mimosas, au 21, avenue Junot… Un plateau de jeu (la pension), quel­ques pions colorés (ses habitants), et la partie de Cluedo peut commencer. Le ­roman s’ingéniait à égarer le lecteur détec­tive, de fausse piste en chausse-trape, jusqu’à la pirouette finale. Si le procédé est classique, façon Agatha Christie, le résul­tat à l’écran l’est beaucoup moins : goguenard, l’auteur croquait quelques belles tranches d’humanité. Pour son ­premier film, Clouzot adapte ce pessimisme ironique à son univers. Au passage, il prend quelques libertés. Occupation oblige, l’assassin, de Londres, déménage à Paris. Les héros du Dernier des six, précédente adaptation d’une œuvre de Steeman, sont chargés de l’enquête : l’inspecteur Wens (Pierre Fresnay, magistral) et son enquiquineuse de petite amie, Mila Malou (pétulante Suzy Delair). Mais surtout, entre humour et cruauté, le jeu policier prend un étrange et dérisoire relief, une véritable profondeur psychologique. Un régal, qui annonce un chef-d’œuvre à venir, Le Corbeau.  [Cécile Mury – Télérama]

LES INCONNUS DANS LA MAISON – Henri Decoin (1942)

Avocat déchu et alcoolique, Hector Loursat vit reclus avec sa fille Nicole et sa servante Fine depuis qu’il a été abandonné par sa femme dix-huit ans plus tôt. Une nuit, une détonation retentit dans la maison et il retrouve un cadavre dans le grenier… Adaptation de Georges Simenon sur un scénario d’Henri-Georges Clouzot, le film fut tourné pendant la guerre pour la Continental, une société de production alors régentée par les Allemands: Henri Decoin batailla sans succès pour que le criminel ne soit pas juif. Raimu y est magistral. «Ce qui est frappant et rare pour l’époque, c’est l’attention constante que le cinéaste porte aux adolescents. Ceux qu’il montre, ici, paraîtront évidemment bien démodés aux jeunes générations. Mais, si le vocabulaire est différent, la solitude est la même» [Pierre Murat, Télérama].