Tous les superlatifs ont été employés pour qualifier le génie de Chaplin et tous étaient justifiés. Les mots manquent pour décrire la profondeur et la beauté de ses films, qui offrent une vision du monde à la fois tendre et cruelle. Mais le secret de l’art de Chaplin réside sans doute dans son extraordinaire simplicité. Son œuvre n’a pas une seule ride.
S’inspirant d’une idée d’Alexander Korda, Chaplin annonce en 1938 qu’il prépare un film sur Hitler. La gravité du sujet n’a d’égale que la boutade dont Chaplin l’accompagne. Il a, dit-il, une raison personnelle d’en vouloir à Hitler : ce dernier lui a pris sa moustache. Fort de cette similitude, Chaplin jouera le rôle du dictateur et d’un barbier juif.
The Great Dictator, To Have and Have Not, Casablanca, To be or not to be : on oublie parfois qu’avant de devenir des monuments de l’histoire du cinéma, ces films furent réalisés pour inciter l’Amérique à combattre de toutes ses forces le péril nazi.
La dépression apporta la misère et le chômage. Pour faire oublier au public américain la triste réalité quotidienne, Hollywood lui proposa du rêve qu’il pouvait acheter pour quelques cents. Au cours des années qui suivirent la crise de 1929, les magnats de Hollywood n’eurent guère à faire d’efforts d’imagination pour dérider un public totalement abattu.
Pendant longtemps, l’histoire du cinéma a sous-estimé l’importance des conséquences du parlant pour les artistes et les techniciens de Hollywood. Beaucoup pensent encore qu’il a suffi des paroles historiques d’Al Jolson : « Attendez un peu, attendez un peu, vous n’avez encore rien entendu ! » pour que l’ère nouvelle commençât.