Les Actrices et Acteurs

JEAN GABIN : MONSIEUR LE CHANOIS

Parmi les collaborateurs privilégiés de la seconde carrière de Jean Gabin figure Jean-Paul Le Chanois, dont le parcours oscille entre projets commerciaux et œuvres plus personnelles. Comme en témoignent les quatre films tournés par le réalisateur et le comédien.

A première vue, Jean Gabin et Jean-Paul Le Chanois ne sont pas vraiment faits pour se rencontrer en cette fin des années 1950. Le réalisateur qui vient de connaître son plus grand succès avec la comédie gentillette Papa, Maman, la bonne et moi est-il susceptible d’avoir des affinités avec le héros de Razzia sur la chnouf et de Gas-oil ? Mais à y regarder de plus près, le parcours des deux hommes a tout de même de quoi les rapprocher. Jean-Paul Le Chanois a en effet été avant-guerre l’assistant de Julien Duvivier et de Jean Renoir, les deux cinéastes dont Gabin était le plus proche à l’époque. Et il a fait ses premières armes de réalisateur en participant au film collectif La vie est à nous, aux côtés du même Renoir. Puis, la guerre venue, Le Chanois rejoindra la Résistance, tout comme Gabin s’engagera en 1943 dans les Forces Françaises Libres. Nul doute que ces amitiés communes et l’expérience du combat compteront dans le lien que le comédien et le réalisateur vont entretenir à partir de 1957. Année où Jean-Paul Le Chanois propose à Gabin de participer à un projet relativement atypique…

Le Cas du Dr Laurent est en effet un plaidoyer pour la méthode d’accouchement sans douleur, encore révolutionnaire à l’époque. Le personnage principal est un praticien qui se heurte à l’incompréhension et au rejet d’une communauté villageoise, et le film est une manière pour Le Chanois de renouer avec le cinéma social de ses débuts. Mais si l’on comprend que pour le cinéaste, la présence de Gabin dans le rôle du Docteur Laurent donnerait au film une indéniable caution, il est en revanche plus étonnant que l’acteur se montre intéressé par un tel projet. Il s’agit incontestablement pour lui d’une prise de risque, dont il pourrait très bien se passer, maintenant que des films comme Touchez pas au grisbi et French Cancan ont relancé sa carrière avec éclat. Mais en proposant un tel rôle à celui qui vient de voir naître avec bonheur ses trois enfants, Le Chanois a en fait touché un point sensible. Gabin tournera effectivement Le Cas du Dr Laurent, et le film, malgré la réaction hostile de l’Église, recevra un bon accueil public. C’est donc tout naturellement que les deux hommes se retrouvent quelques mois plus tard pour l’épopée des Misérables.

Malgré le triomphe obtenu par Les Misérables au printemps 1958, Gabin et Le Chanois ne vont pas immédiatement retravailler ensemble. Si chacun apprécie et respecte le talent de l’autre, ils n’en ont pas moins tous deux un caractère bien trempé, ce qui occasionne parfois sur le plateau de violents affrontements. En ce sens, la relation de Gabin avec Jean-Paul Le Chanois est différente de celle, plus amicale, qu’il entretient avec Gilles Grangier, son réalisateur fétiche de l’époque. Ce qui n’empêchera pas le tandem des Misérables de se reformer à deux reprises. En 1964, Le Chanois dirige une troisième fois Gabin dans Monsieur, aimable comédie qui vaut à l’acteur de se frotter aux nouveaux venus Philippe Noiret et Mireille Darc. Deux ans plus tard, cinéaste et comédien se retrouvent pour Le Jardinier d’Argenteuil, un film à suspense traité sur le mode humoristique, qui achève leur aventure commune. Jean-Paul Le Chanois pouvant ainsi s’enorgueillir d’avoir, comme Jean Renoir et Marcel Carné, signé quatre films avec le mythique Gabin


JEAN GABIN
S’il est un acteur dont le nom est à jamais associé au cinéma de l’entre-deux-guerres, aux chefs-d’œuvre du réalisme poétique, c’est bien Jean Gabin. Après la guerre, il connait tout d’abord une période creuse en termes de succès, puis, à partir de 1954, il devient un « pacha » incarnant la plupart du temps des rôles de truands ou de policiers, toujours avec la même droiture jusqu’à la fin des années 1970.


LE CAS DU DOCTEUR LAURENT – Jean-Paul Le Chanois (1957)
Gabin en défenseur de l’accouchement sans douleur ? Dans la société française des années 1950, le pari de Jean-Paul le Chanois semble audacieux. Mais la qualité de la mise en scène, ajoutée à la stature de l’acteur, permettront au film de s’imposer avec évidence.

LES MISÉRABLES – Jean-Paul Le Channois (1958)
En 1957, Jean-Paul Le Chanois se voit confier les rênes de sa première superproduction. Une aubaine qu’il doit en partie à Jean Gabin, avec qui il a collaboré quelques mois plus tôt, et qui va lui permettre de signer l’une des plus grandes adaptations du célèbre roman. L’adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo donne lieu à un tournage fleuve, au cours duquel Gabin a le plaisir de côtoyer des acteurs de la trempe de Bourvil, Danièle Delorme et Bernard Blier. Genèse d’un succès…



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