LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT – Jacques Tati (1953)
Pour son deuxième long métrage, après Jour de fête, Jacques Tati dépêche un hurluberlu à la plage, où se côtoient sans se mêler les Français des congés payés de l’après-guerre. Mais ce Hulot que tout singularise (vêtements, posture, manières polies) est le seul à réellement désirer cette vacance. Le comique naît de ce que son engouement est en contradiction avec les choses ou les gens qui l’entourent. Ses moments de plaisir heurtent les clients de l’hôtel. Ses grands élans de courtoisie provoquent de petites catastrophes. Tout est question d’équilibre dans cette chronique faussement nonchalante, bercée par une musique liquide et fluette. La posture même d’Hulot, mains posées sur les hanches, comme pour s’empêcher de tomber, est le symbole de cette instabilité. Voici la figure, immédiatement familière et parfaitement stylisée, de l’homme à la place jamais définie, et dont la liberté est à ce prix. Dans le refuge où il escorte une estivante, Hulot est accueilli par les campeurs au son de « Avec nous ! Avec nous ! ». Ce moment de griserie passé, les clients de l’Hôtel de la plage le renvoient finalement à sa nature profonde : le brave et laconique Hulot ne tient pas à faire partie d’un club qui l’accepterait pour membre. À la ville comme à la plage. [François Gorin – Télérama]