PIÈGES – Robert Siodmak (1939)

La guerre est à la porte : Quand sort Frères corses, Robert Siodmak est plongé dans la réalisation de ce qui sera son plus grand succès public en France, Pièges. Ce film marque les débuts de Maurice Chevalier dans le registre dramatique : de retour dans les studios cinématographiques après deux ans d’absence, « Momo » a décidé d’abandonner son canotier et le vaudeville du Casino de Paris pour un rôle sérieux et exigeant : celui d’un directeur d’une boîte de nuit accusé à tort de meurtre (ce qui lui permet quand même d’interpréter deux chansons célèbres : « Elle pleurait comme une Madeleine » et « Mon amour »).

HOLLYWOOD ET LE CINÉMA D’ÉVASION

La dépression apporta la misère et le chômage. Pour faire oublier au public américain la triste réalité quotidienne, Hollywood lui proposa du rêve qu’il pouvait acheter pour quelques cents. Au cours des années qui suivirent la crise de 1929, les magnats de Hollywood n’eurent guère à faire d’efforts d’imagination pour dérider un public totalement abattu.

LE DÉTECTIVE PRIVÉ DANS LE FILM NOIR

Si tout le monde s’accorde à considérer The Maltese Falcon (Le Faucon maltais) comme le point de départ de la période classique du film noir, cela signifie que le privé est depuis le départ la figure emblématique du genre. Qu’on l’appelle privé, limier ou fouineur, le prototype du héros du film noir est issu des polars hard-boiled, de la littérature à deux sous qui remplissait les pages de magazines bon marché comme Dime Detective ou  Black Mask au début de années 1920.

CAROLE LOMBARD, LA FÉE FOUDROYÉE

Elle était merveilleuse, mais si l’on se souvient d’elle, c’est moins pour sa beauté que pour son intelligence. Reine de la « screwball comedy », elle a prouvé, au cours de sa brève mais fulgurante carrière, qu’elle était une très grande comédienne. Entre 1929 et 1942, année où elle trouva la mort dans un tragique accident d’avion, elle joua dans environ 40 films, très différents entre eux quant au genre et à la qualité. Dans le firmament hollywoodien, elle s’affirma comme la reine de la « screwball comedy », c’est-à-dire des comédies américaines brillantes et un peu folles, qui s’oppose à la comédie sophistiquée par son ton joyeux et humoristique.

I CONFESS (La Loi du silence) – Alfred Hitchcock (1953)

Alors qu’il est suspecté du meurtre de Vilette, le père Logan n’aurait qu’à parler pour se laver de tout soupçon et éviter la vindicte populaire. Mais un prêtre ne rompt pas le secret de la confession… En tournant I Confess (La Loi du silence), Hitchcock réalisait un projet qui lui tenait à cœur depuis des années. S’inspirant d’une pièce de Paul Anthelme, il transposa le thème qui lui était cher du transfert de culpabilité dans l’univers catholique de la ville de Québec. Le réalisateur tourna presque tout le film en extérieur, mêlant habilement un environnement réaliste et une image fortement teintée d’expressionnisme.

ANDRÉ CAYATTE : L’AVOCAT DU CINÉMA

Les films d’André Cayatte ont symbolisé tout ce que détestaient les jeunes cinéastes de la nouvelle vague et tout ce contre quoi avait lutté l’équipe des Cahiers du Cinéma pendant des années. Avec André Cayatte, en effet, l’art du cinéma se ramène à une simple mise en images d’un scénario et ne se distingue pas, en substance, du théâtre. Il laissera le souvenir d’un homme sincère qui, pour avoir voulu être un auteur, n’en aura pas moins représenté, aux yeux de la jeune génération, la pire manière d’envisager la création au cinéma.

ON THE AVENUE – Roy Del Ruth (1937)

Riposte de la Fox aux comédies musicales à succès de la RKO et de la Warner, cette fantaisie de 1937 bénéficie d’une bande originale signée par l’un des meilleurs compositeurs de Broadway. Si On the Avenue ne présentait qu’un intérêt, ce serait assurément la brillante partition écrite spécialement pour le film par Irving Berlin. Mais la musique est loin d’être le seul atout de cette production de la Fox, qui s’inscrit dans la tradition du « backstage musical » – ces histoires situées dans les coulisses d’un spectacle. Avec son humour qui lorgne parfois vers la comédie loufoque, alors en vogue à Hollywood

KISS OF DEATH (Le Carrefour de la mort) – Henry Hathaway (1947)

Kiss of Death était un hybride inhabituel, pris dans les limbes entre la photo stylisée et flamboyante de Norbert Brodine et l’approche presque documentaire du réalisateur Henry Hathaway, déjà utilisée pour The House on 92nd Street. Mature joue Nick Bianco, un lourdaud qui essaye de rentrer dans le droit chemin et se retrouve mouchard. Bianco dénonce Udo pour un casse que les forces de l’ordre n’arrivent pas à résoudre, mais l’affaire est mal présentée devant le juge et le cinglé est remis en liberté. Nick envoie sa famille au vert, sachant qu’il va devoir affronter un Udo vengeur.

FRANK CAPRA

Frank Capra fut le cinéaste de l’ère rooseveltienne. Ses films utopiques et optimistes participèrent à l’effort de l’Amérique pour sortir » de la crise. « Je voulais chanter le chant des ouvriers opprimés, des exploités, des affligés, des pauvres. Je voulais être aux côtés des éternels rêveurs et partager les outrages de tous ceux qui étaient méprisés pour des raisons de race et d’argent. Surtout, je voulais combattre pour leurs causes sur les écrans du monde entier. » En écrivant ces lignes en 1971, Frank Capra ne voulait pas seulement reprendre les commentaires flatteurs que les critiques avaient réservés à ses films. Alors que d’autres réalisateurs œuvraient sur des sujets légers et brillants, Capra fut l’auteur d’œuvres basées sur une réalité vécue ou espérée par le public. Ce furent les films de l’idéalisme rooseveltien.

PANE, AMORE E FANTASIA (Pain, Amour et Fantaisie) – Luigi Comencini (1953)

Lorenzo Codelli, publié dans la revue Positif en février 1974, il a déclaré : « Je voulais une comédie villageoise qui soit parfaite comme du Beaumarchais, une comédie « de caractères » assez élégante, et sans vulgarité, avec un fond social assez précis. Le maréchal des logis, qui est le personnage central, s’occupe de tout sauf des problèmes réels du village, il ne pense qu’à manger et à se trouver une femme. C’était à demi-sérieux, avec beaucoup de pointes comiques, mais avec un fond assez amer. »

L’ESPRIT DU NEW DEAL

Au début du New Deal. Hollywood réagit à la période noire de la crise économique par des films ou le réalisme. les sentiments forts et l’esprit d’aventure composaient une sorte d’« optimisme de la volonté ». L’arrivée du parlant, qui coïncida aux Etats-Unis avec la Dépression, favorisa la popularité de vedettes incarnant des personnages « quotidiens » avec lesquels les spectateurs pouvaient s’identifier. Très différents des inaccessibles stars du muet, les jeunes vendeuses et les vaillants garçons de province qui peuplaient désormais les écrans vivaient la crise, montrant parfois comment résoudre les problèmes de l’heure.

FRANÇOIS TRUFFAUT

Deux passions ont possédé François Truffaut : le cinéma et la vie. Deux passions qui ont nourri une œuvre tout en allégresse, mais aussi en gravité. Réalisateur très personnel, Truffaut a réussi le prodige rare de rassembler les suffrages des esthètes les plus exigeants et ceux du grand public. La dette du cinéma français à son égard est immense

LE BOOM DE LA SCIENCE-FICTION DANS LES ANNÉES 1950

Au cours des années 1950, la guerre froide favorisa, aux États-Unis, l’essor de la science-fiction cinématographique. L’invasion des extra-terrestres sur les écrans répondait, en quelque sorte, à l’obsession du péril rouge. r Wars. On peut s’interroger sur les raisons de leur succès – car ces films « marchaient » fort bien – tant leur naïveté, que ce soit sur le plan technique ou dramatique, est désarmante. Peut-être est-ce précisément cette naïveté même qui fait le charme, à des décennies de distance, de cette première vague de schlock (onomatopée évoquant le son produit par des objets métalliques jetés dans une poubelle).