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MADAME BOVARY – Vincente Minnelli (1949)

Fasciné par Flaubert, Vincente Minnelli ne pouvait qu’être touché par Emma, personnage illogique et complexe, tiraillé entre un monde imaginaire et une réalité médiocre. Le film s’attache aux miroirs et à leurs reflets, qui témoignent de la lente dégradation du rêve : miroir terne dans une ferme, miroirs luxueux qui voient le triomphe d’Emma au bal (sur une valse de Miklós Rózsa). Et, à la fin, miroir brisé dans la chambre d’hôtel du médiocre adultère. Les mouvements d’appareil sophistiqués, dignes de Max Ophuls, accompagnent l’accession illusoire d’Emma à un autre monde.

CLUNY BROWN (La Folle ingénue) – Ernst Lubitsch (1946)

A la fin de l’année 1945, Lubitsch, qui avait rencontré de graves problèmes de santé, est autorisé par son médecin à reprendre son poste derrière la caméra. Cluny Brown (La Folle ingénue) est adapté d’un roman populaire à succès de Margery Sharp – source qui n’a rien de commun avec les pièces hongroises dont Lubitsch est friand. Ainsi, Heaven can wait (Le Ciel peut attendre, 1946) était trop testamentaire pour être vrai. Après la splendeur de Heaven, et ce qui y passait pour de touchants adieux, le plus modeste Cluny Brown prend une position d’outsider un peu gênante, et a rarement droit de cité parmi les « grands » Lubitsch. Apparemment déplacé, Cluny Brown a quelque chose d’un vilain petit canard qui attache et fascine d’autant plus le spectateur attentif.