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LES HÉROS DU FILM NOIR

Surgissant de l’ombre épaisse du film noir, toute une génération d’acteurs américains allait s’affirmer, à partir des années 1940, grâce à la vogue du genre. Le héros du film noir se trouve toujours où il sait qu’il ne devrait pas être. Qu’attend-il dans l’ombre des rues, sur les trottoirs luisant de pluie ? Sa prochaine victime ? A-t-il fixé rendez-vous avec sa propre mort ? S’il n’est pas le jouet de quelque femme fatale ou d’un passé qui l’obsède alors peut-être est-il le tueur qui donnera sans sourciller.

KISS OF DEATH (Le Carrefour de la mort) – Henry Hathaway (1947)

Kiss of Death était un hybride inhabituel, pris dans les limbes entre la photo stylisée et flamboyante de Norbert Brodine et l’approche presque documentaire du réalisateur Henry Hathaway, déjà utilisée pour The House on 92nd Street. Mature joue Nick Bianco, un lourdaud qui essaye de rentrer dans le droit chemin et se retrouve mouchard. Bianco dénonce Udo pour un casse que les forces de l’ordre n’arrivent pas à résoudre, mais l’affaire est mal présentée devant le juge et le cinglé est remis en liberté. Nick envoie sa famille au vert, sachant qu’il va devoir affronter un Udo vengeur.

PICKUP ON SOUTH STREET (Le Port de la drogue) – Samuel Fuller (1953)

La réputation de Samuel Fuller en matière de durs à cuire et de brutes est incontestablement méritée, dans le western, le film de guerre ou le film noir. Il est pourtant tout aussi indubitable que ses personnages les plus violents – Zack, le grisonnant sergent d’infanterie de The Steel Helmet (J’ai vu l’enfer de Corée, 1951), Fixed Bayonets ! (Rock de Baïonnette au canon, 1951), dont le nom en dit déjà beaucoup, ou Kelly, l’ex-tapineuse endurcie de The Naked Kiss (Police spéciale, 1964) – ont une facette bien plus douce héritée d’une enfance douloureuse. Un des personnages les plus obstinément vindicatifs de Fuller, le Tolly Devlin (campé par Cliff Robertson) de Underworld U.S.A. (Les Bas-fonds new-yorkais, 1961), est un orphelin farouchement décidé à venger l’assassinat de son père. Même le cynique détrousseur Skip McCoy (Richard Widmark) de Pickup on South Street laisse apparaître des failles. Comme Tolly et d’autres héros masculins de Fuller, McCoy tombe amoureux d’une fille qui « s’en est pris plein la figure ».

NIGHT AND THE CITY (Les Forbans de la nuit) – Jules Dassin (1950)

Harry Fabian (Richard Widmark, magistral) appartient à ce petit peuple d’escrocs dérisoires qui se débattent dans l’univers du film noir. Toujours en quête d’un ailleurs radieux et confus, de la combine parfaite pour y parvenir. Des projets, Harry, rabatteur dans un night-club londonien, en change comme d’œillet à sa boutonnière, et fait le désespoir de son amante, Mary, à laquelle Gene Tierney prête sa grâce aérienne. Cette fois, l’éternel perdant tente de « voler » le business des spectacles de lutte à la pègre locale. Très mauvaise idée, mais formidable sujet de cinéma, qui donne lieu à des scènes de combat d’une âpre beauté, enchevêtrement de corps dans un clair-obscur presque abstrait. De la pénombre des arrière-salles aux ténèbres huileuses des pavés de la ville, c’est un film sans lumière. Un décor qui semble se fermer lentement, comme un piège étouffant. Une faune souterraine, entraîneuses, trafiquants et mendiants, hante ce dédale nocturne de plus en plus hostile. Jules Dassin, avec cette tragédie des bas-fonds, parle aussi d’exil et de traque : victime du maccarthysme, contraint de quitter les Etats-Unis, le cinéaste tourne pour la première fois en Europe. La fuite éperdue de Harry, trahi, harcelé, pourchassé dans toute la ville, évoque la chasse aux sorcières qui sévissait alors à Hollywood. [Cécile Mury – Télérama]

Richard Widmark

Aussi à l’aise dans les ruelles nocturnes du polar que dans les vastes plaines du western, l’acteur a connu une carrière hollywoodienne aussi fulgurante que prolifique. Portrait d’un comédien à l’indépendance farouche. Né dans une petite ville du Minnesota, Richard Widmark fait partie de ces acteurs ayant découvert […]

DON’T BOTHER TO KNOCK (Troublez-moi ce soir) – Roy Baker (1952)

« Vous n’avez encore jamais rencontré ce genre de fille» scandait en juillet 1952 la campagne de presse de Don’t bother to knock (Troublez-moi ce soir) à propos du rôle inquiétant tenu par Marilyn dans le film. Avec le recul, on serait tenté d’ajouter que l’on n’a pas non plus rencontré depuis lors « ce genre de fille » dans la filmographie de la star. Car le personnage de Nell Forbes, baby-sitter occasionnelle affligée de graves troubles mentaux, s’avère aux antipodes du registre outrageusement glamour qui sera par la suite celui de Marilyn.