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PICKUP ON SOUTH STREET (Le Port de la drogue) – Samuel Fuller (1953)

La réputation de Samuel Fuller en matière de durs à cuire et de brutes est incontestablement méritée, dans le western, le film de guerre ou le film noir. Il est pourtant tout aussi indubitable que ses personnages les plus violents – Zack, le grisonnant sergent d’infanterie de The Steel Helmet (J’ai vu l’enfer de Corée, 1951), Fixed Bayonets ! (Rock de Baïonnette au canon, 1951), dont le nom en dit déjà beaucoup, ou Kelly, l’ex-tapineuse endurcie de The Naked Kiss (Police spéciale, 1964) – ont une facette bien plus douce héritée d’une enfance douloureuse. Un des personnages les plus obstinément vindicatifs de Fuller, le Tolly Devlin (campé par Cliff Robertson) de Underworld U.S.A. (Les Bas-fonds new-yorkais, 1961), est un orphelin farouchement décidé à venger l’assassinat de son père. Même le cynique détrousseur Skip McCoy (Richard Widmark) de Pickup on South Street laisse apparaître des failles. Comme Tolly et d’autres héros masculins de Fuller, McCoy tombe amoureux d’une fille qui « s’en est pris plein la figure ».

LE FILM POLICIER AMÉRICAIN DES ANNÉES 1950

Héritiers des films de gangsters des années 30 et des films noirs des années 40, les thrillers des années 50 sont marqués par un réalisme impitoyable, notamment dans l’expression de la violence. A l’aube des années 50, le cinéma policier américain porte en lui un double héritage. La construction dramatique des films de gangsters des années 30, fondée sur le principe classique qui veut qu’au bouleversement d’un certain ordre des choses succède l’instauration d’un ordre plus juste et plus solide, reste la référence de nombreux scénaristes. Mais ces films, qui retraçaient selon ce schéma l’ascension et la chute d’un malfaiteur, continuent d’exercer leur influence dans leur manière de décrire l’univers criminel des grandes villes américaines, ainsi que dans leur façon de faire culminer l’action dans certains types de séquences : poursuites de voitures, fusillades.