En 1981, mourait un vieux cinéaste américain, quasi-centenaire (il avait exactement quatre-vingt-seize ans) et à peu près oublié de tous : Allan Dwan. Sa carrière, une des plus fécondes et une des plus longues de l’histoire du cinéma américain, coïncidait avec l’histoire de Hollywood, et commençait même avant elle.

Dwan était le dernier survivant des illustres pionniers qui ont contribué à la fondation de la Mecque du cinéma. Au départ, rien ne l’y destinait particulièrement. Cet ingénieur électro-mécanicien, né à Toronto en 1885, mais élevé à Chicago où il avait suivi ses parents, à l’âge de sept ans, commença par travailler pour la General Electric, puis d’autres sociétés. Il inventa un type de lampe à vapeur de mercure qui était, selon ses dires « l’ancêtre du néon ». Amené à adapter son invention aux besoins des studios Essanay, il entra ainsi en contact avec le monde du cinéma. Mais bizarrement, il ne l’aborda pas par le biais de la technique, comme il eût été logique ; ce fut en écrivant des scénarios, qu’il fournissait à la demande. Un beau jour, il fut obligé de remplacer au pied levé un metteur en scène ivre mort. Il demanda aux acteurs ce qu’il fallait faire et se lança. C’était l’époque où, selon la savoureuse formule que Kevin Brownlow rapporte dans son livre « Hollywood-Les Pionniers », le metteur en scène était défini comme « le type qui ne sait rien faire d’autre ». Dwan allait se charger de faire mentir la formule et de faire la preuve de son savoir-faire, au terme d’un apprentissage bien rempli.



Une filmographie légendaire
On ne sait pas exactement combien de films a réalisés le cinéaste. Certains lui en ont attribué 1800, chiffre manifestement faux. Pierre Guinle, qui a établi la première filmographie sérieuse de Dwan, en 1966, pour la revue Présence du cinéma, pense qu’il représente le triple de la réalité. L’incertitude concerne, bien sûr, la période de ses débuts. Dwan disait avoir fait quatre cents films de une ou deux bobines. Entre 1911 et 1914, Guinle en a retrouvé deux cent cinquante environ, réalisés ou supervisés par le cinéaste. A partir de 1914, les choses deviennent plus claires, car Allan Dwan passe à la Famous Players d’Adolf Zukor et tourne des films plus importants, généralement de quatre ou cinq bobines, qui ont laissé davantage de traces.



Cette première partie de la carrière de Dwan est aujourd’hui à peu près inconnue, et revêt même, par certains côtés, un aspect légendaire. C’est l’époque de la guerre des brevets qui permettait à certaines sociétés de matériels techniques de se livrer à un véritable « racket » auprès des producteurs et des troupes en tournage. Dwan a raconté à Kevin Brownlow de succulentes anecdotes à ce sujet. Fuyant les racketteurs, il allait tourner de plus en plus loin, aboutissant ainsi à La Mesa, près de San Diego où il réalisa plusieurs dizaines de films. Un racketteur retrouva néanmoins sa trace et débarqua à La Mesa avec des intentions menaçantes. A la suite de démonstrations de tir sur vieilles boîtes de conserve, Dwan se révéla bien meilleur tireur; l’arrivée de trois frères qui faisaient partie de sa troupe, trois cow-boys armés de Winchester, acheva de retourner la situation. Dwan en avait fini avec les racketteurs et put poursuivre ses tournages tranquillement. Même en faisant la part de la légende, l’anecdote est révélatrice des conditions de travail dans le cinéma américain d’avant 1914. Quant aux films eux-mêmes, on n’en sait à peu près rien, sinon qu’ils permirent au cinéaste de se faire la main.



De la Famous Players à la Triangle
La période de la Famous Players est un peu mieux connue. Dwan qui (à part un Richelieu de six bobines en 1913) n’avait encore fait que des courts métrages, passe au long métrage et affirme son originalité. Alors que les autres réalisateurs de la compagnie tournaient de grandes machines théâtrales, Jean Mitry nous apprend que « Dwan fut le premier à mettre en scène des comédies ironiques et sentimentales avec une caméra qui posait devant les choses vues le regard d’un observateur témoin d’une réalité vivante et plus du tout celui d’un spectateur installé dans son fauteuil d’orchestre. » Jean Mitry nous apprend encore qu’en 1915, dans The Commanding Officer, « Allan Dwan généralisa les travellings et mouvements de caméra qui, dans de nombreuses scènes, prirent le pas sur les plans fixes. La méthode ne fut pas suivie et ne réapparut que dix ans plus tard en Europe. Il n’en fut pas moins l’initiateur. »



En 1915, Allan Dwan, dont la réputation grandit, passe à la Triangle, la fameuse compagnie qui regroupe, sous l’égide de deux financiers, les frères Kessel, ceux qu’on peut considérer comme les pères fondateurs du Hollywood historique : Ince, Griffith et Mack Sennett. Dwan passe dans la section de Griffith, qui supervise ses films, et il y fait la connaissance de Walsh, Van Dyke, etc. Il y rencontre surtout celui qui deviendra un nouveau grand du cinéma américain, et qu’il dirigera dans une dizaine de films : Douglas Fairbanks. Leur premier film, Le Métis (The Half-breed, 1916), sur un scénario d’Anita Loos, eut un immense succès et fut suivi de toute une série dont l’aboutissement et le point culminant fut le gigantesque Robin des bois (Robin Hood) en 1922, en onze bobines. Les décors du film étaient encore plus colossaux que ceux d’Intolérance de Griffith, au point que Fairbanks commença par refuser de se mesurer à eux, ayant peur de passer inaperçu au milieu de ces masses architecturales. Dwan dut sauter lui-même dans le vide, pour lui montrer le parti qu’on pouvait en tirer et Douglas n’hésita plus. Le film. (où Wallace Beery faisait un mémorable Richard Cœur de Lion) eut un immense succès et reste un des grands titres de gloire de Dwan comme de Fairbanks.



Toutefois, Bertrand Tavernier a raison de considérer comme encore supérieur Le Masque de fer (The Iron Mask) qui marqua, en 1929, leurs tardives et ultimes retrouvailles. Curieusement ignoré des meilleurs historiens, ce film muet attardé fut victime du parlant qui triomphait au moment de sa sortie. Adapté, comme Robin des bois, par Fairbanks lui-même et Lotta Wood, de plusieurs romans de Dumas et diverses autres sources historiques, le film est un chef-d’œuvre d’entrain, de mouvement… et de mise en scène, où éclate à chaque plan la maîtrise de Dwan. C’est aussi un chef-d’œuvre d’exactitude historique ; pour cela, Fairbanks avait fait venir à Hollywood le vieux peintre français, Maurice Leloir, fondateur du musée du Costume de Paris. Celui-ci réalisa pour le film des costumes sensationnels qui défiaient les habituelles moqueries de la critique sur les imprécisions historiques du cinéma américain. Leloir a d’ailleurs écrit un livre sur son expérience, qui demeure un intéressant témoignage d’époque (« Cinq mois à Hollywood avec Douglas Fairbanks »). Aux côtés de Douglas en d’Artagnan, on retrouvait les principaux acteurs de la version des Trois Mousquetaires de Fred Niblo (1921) : Marguerite de La Motte en Mme Bonacieux, Le Français de Hollywood Léon Bary en Athos, Nigel de Brulier en Richelieu, etc. Ce film, qui fut sonorisé bien plus tard pour une version tronquée, marque la fin de la production muette d’Allan Dwan. Celle-ci comprend bien d’autres œuvres, dont notamment une série de sept productions pour Gloria Swanson à son apogée, de Zaza (1923) à Vedette (Stage Struck, 1925) en passant par Tricheuse (Manhandled) et Larmes de reine (Her Love Story) , tous deux de 1924, ainsi que des drames, des comédies, des films d’aventures, dont nous sommes loin de tout connaître. Outre Gloria Swanson, Bebe Daniels, Lionel Barrymore, Rod La Rocque, Renée Adorée, Marion Davies, William Powell, Florence Vidor et toutes les plus grandes vedettes de l’époque ont tourné sous la direction de Dwan.



Ses débuts « parlants »
Longtemps, la réputation du cinéaste a reposé, ou à peu près, sur la période muette de son œuvre. Toutefois, nous savons aujourd’hui que la période parlante la vaut largement, voire qu’elle lui est supérieure. Mais il faut, pour cela, en prendre une vue d’ensemble, ce que bien peu d’historiens ont fait. Certains l’ont tenté, comme Jacques Lourcelles qui n’hésite pas à écrire que les trente-cinq premières années de la carrière de Dwan ne font que préparer les dix dernières, faisant, pour lui comme pour d’autres, « place nette dans leur esprit et dans leur œuvre pour ce qui sera plus tard leur vrai génie », Même si l’on n’adopte pas entièrement ce point de vue extrême, force est de reconnaître qu’il contient une bonne part de vérité. Et pourtant, le parlant, pour Dwan, n’a pas tellement bien commencé. Les premières œuvres, assez disparates, n’offrent rien de très saillant, hormis une dernière comédie pour Gloria Swanson, Quelle veuve ! (What a Widow, 1930), produite par Joe Kennedy, père du futur Président, pour la RKO. Cette période un peu hésitante prend fin en 1932, sur un film qui a d’ardents défenseurs (au premier rang desquels Pierre Rissient) et dont le sujet fait penser à celui de La Petite Lise (1930) de Grémillon : While Paris Sleeps, avec Victor McLaglen dans le rôle principal.



En 1933, se situe un intermède britannique ; Allan Dwan tourne à Londres, comme plusieurs autres cinéastes américains, venus travailler pour les filiales anglaises des sociétés américaines qui avaient trouvé ce moyen pour utiliser les capitaux gelés par suite des mesures protectionnistes prises par les autorités anglaises. Dwan y fit trois films, Her First Affair (1932) avec Ida Lupino à ses débuts (elle avait quatorze ans), suivi de deux autres dont il n’y a rien à dire. Comme il le déclara lui-même : « Travailler là-bas m’a tellement plu que j’y suis resté deux ans. » En 1935, retour à Hollywood ; Dwan signe un contrat avec la Fox, pour qui il réalisera dix-huit films en six ans. Peu de films de prestige au cours de cette période qui n’est pas une de ses meilleures.



En 1937-1938, Dwan réalisera deux films pour l’enfant prodige de la maison, Shirley Temple, qui était alors la coqueluche du public américain : Heidi (1937) et Mam’zelle Vedette (Rebecca of Sunnybrook Farm, 1938). Sans doute pour le dédommager, Darryl F. Zanuck lui confia ensuite une grande superproduction comme il les aimait : Suez (1938). Le scénario de Philip Dunne prenait de grandes libertés avec l’histoire, et cette reconstitution romancée de la construction du canal de Suez fut très mal accueillie par la critique française d’alors. Il faut dire que si Loretta Young en Eugénie de Montijo était bien séduisante, Tyrone Power incarnait un Ferdinand de Lesseps assez insolite et peu ressemblant (mais moins que Victor Varconi en Victor Hugo !). Quant à Annabella (qui épousa Tyrone Power la même année) la troisième vedette du film, elle était charmante, comme d’habitude, dans l’inévitable intrigue sentimentale. Malgré tout l’attirail de conventions hollywoodiennes, pour lequel on est aujourd’hui plus indulgent, Suez est un grand film de Dwan, et comme il le dit lui-même, un de ceux « dont les effets spéciaux avaient été les mieux réussis, notamment pour la séquence de la destruction du canal de Suez lors d’une violente tempête ». (On était alors en pleine vogue, déjà, des « films-catastrophes ».)



Dwan qui, en 1938, avait aussi dirigé l’autre Française de Hollywood, Simone Simon, dans Josette et compagnie (Josette), se consacra. en 1939 aux Ritz Brothers. Ces rivaux, aujourd’hui bien oubliés, des frères Marx, n’étaient pas sans talent et ils connaissaient alors une très grande vogue. Parmi les quelques films où ils parurent et qu’il serait sans doute amusant de redécouvrir aujourd’hui, les deux que signa Dwan figurent sans peine parmi les meilleurs : Les Trois Louf’quetaires (The Three Musketeers, 1939), parodie loufoque du roman de Dumas et Le Gorille (The Gorilla, 1939), autre parodie, du film d’épouvante cette fois. Après Frontier Marshal (1939) qui évoquait Wyatt Earp (incarné par Randolph Scott) et l’épisode d’O.K. Corral, l’œuvre de Dwan entre dans une période d’obscurité, surtout pour le public français : une vingtaine de films, presque tous inconnus dans notre pays, et parmi lesquels il semble y avoir une bonne part de déchet.



« Le vrai visage de la guerre »
Dwan émerge triomphalement de ce purgatoire de dix ans en 1950, avec un superbe film de guerre, un des plus beaux que Hollywood ait produits au cours de la période : Iwo Jima (Sands of Iwo Jima). Il était très fier de ce film, qui était un de ses préférés, et déclarait à son propos : « J’ai voulu montrer les vrais sentiments des Marines pendant la guerre du Pacifique. Les gens des US Marine Corps eux-mêmes nous ont aidés à tourner de grandes scènes de combat très bien réglées, avec toutes sortes d’armes et d’explosifs. Eux, qui n’ont pourtant pas la louange facile, ont beaucoup aimé le film. Ils l’ont montré pendant longtemps à leurs recrues pour leur expliquer l’importance de l’entraînement et le vrai visage de la guerre. » John Wayne, au sommet de sa carrière, était la vedette du film, magnifique dans un personnage taillé sur mesure de sergent entraîneur impitoyable, dont les méthodes feront merveille lors de la prise d’Iwo Jima, et à qui ses hommes rendront alors justice. Le film était une production de la Republic, la plus grande des petites compagnies, chez qui Dwan travailla entre 1946 et 1953. Il y fit quatorze films, souvent interprétés par Vera Ralston, comme La Belle du Montana (Belle Le Grand, 1950) ; celle-ci était la femme d’Herbert J. Yates, patron de la compagnie, mais selon l’heureux euphémisme de Dwan, « n’était pas la plus grande actrice du monde ». Il ajoutait qu’elle était très gentille et excellente patineuse : « On aurait dû lui mettre des patins aux pieds dans chacun de ses films ! »



A part Iwo Jima, Dwan fit plusieurs autres bons films pour Republic, comme Angel in Exile (1948) ou Surrender (1950). Il fit aussi deux autres films de guerre, Tonnerre sur le Pacifique (Thunder Across the Pacific) sur l’aviation militaire dans la guerre du Pacifique et Flight Nurse (1953) sur les infirmières de la guerre de Corée, mais sans retrouver la réussite d’Iwo Jima.



Des budgets de quatre sous pour des chefs-d’œuvre
En 1954, Dwan quitte la Republic et sa patineuse-vedette. Dorénavant, il travaille pour un producteur indépendant, Benedict Bogeaus, pour qui il va réaliser une série de films merveilleusement inspirés, terminant en apothéose sa longue et fertile carrière. Renouant avec son passé le plus ancien, il retrouve pour cette ultime floraison le style de la Triangle et les leçons de Griffith. Pourtant, les conditions de travail ne sont pas faciles ; Bogeaus est le contraire d’un nabab, mais il fait partie des producteurs qui, à défaut d’argent, ont de l’ingéniosité. N’ayant pas les moyens de faire construire des décors, il trouve plus simple de louer, généralement pour une bouchée de pain, ceux que les grandes compagnies viennent d’utiliser pour leurs productions. L’ingéniosité de Dwan fait merveille, et il parvient même à donner une impression d’opulence, avec des budgets de quatre sous et en tirant parti du moindre bout de ficelle. Comme l’écrit Jacques Lourcelles, qui a le mieux parlé de Dwan : « Il existe peut-être des films aussi beaux que ceux de Dwan ; je ne crois pas qu’il y en ait de plus beaux. Et aucun film, sans doute, n’est supérieur à Angel in Exile, Silver Lode, Passion, Cattle Queen of Montana, Escape ta Burma, Pearl of the South Pacific, Tennessee’s Partner, Slightly Scarlet, The River’s Edge, The Restless Breed, The Most Dangerous Man Alive. »



Et il est vrai qu’entre 1954 et 1958, Dwan va réaliser une douzaine d’œuvres qui, aujourd’hui, sont sans doute ses meilleurs titres à la reconnaissance des cinéphiles. La première de la série est l’une des meilleures, sinon la meilleure : Quatre Étranges Cavaliers (Silver Lode, 1954), western en forme de parabole politique qui a pu, non sans vraisemblance, être sollicité dans un sens anti-maccartiste. Mais deux autres westerns, au moins, sont égaux en valeur à celui-là, s’ils ne le surpassent pas. Ce sont La Reine de la prairie (Cattle Queen of Montana, 1954) et surtout Le mariage est pour demain, parfois appelé aussi Le Bagarreur du Tennessee (Tennessee’s Partner, 1955). Il est amusant de noter, dans l’un comme dans l’autre, la présence, en vedette, de Ronald Reagan. Le futur Président s’y révèle bien meilleur comédien qu’on ne le dit généralement, comme on avait déjà pu s’en assurer dans Crimes sans châtiment (Kings Row, 1942), le chef-d’œuvre méconnu de Sam Wood. Allan Dwan lui-même reconnaissant ces trois westerns pour les meilleurs films qu’il avait faits chez Benedict Bogeaus, avec Escape to Burma, et The River’s Edge. Le premier, dont le titre français est Les Rubis du prince birman (1955), combinait les prestiges de l’exotisme avec ceux du film policier, et il bénéficiait d’une remarquable interprétation de Robert Ryan et de Barbara Stanwyck. Quand au second (1957), inexplicablement demeuré inédit en France, c’était un admirable film d’aventures, tourné au Mexique, et empreint d’un profond romantisme, comme la plupart des films de Dwan, au cours de sa période finale. Il était également remarquablement joué par Ray Milland, Debra Paget et Anthony Quinn. Au choix personnel de Dwan, on ne manquera pas d’ajouter Deux Rouquines dans la bagarre (Slightly Scarlet, 1956), savoureuse adaptation du roman de James M. Cain, intitulé en français « Le Bluffeur », dans laquelle Rhonda Fleming et Arlene Dahl rivalisaient de charme et de photogénie. Dans un genre différent, on serait tenté d’y ajouter un film moins connu, qui, avec beaucoup de truculence, se rattachait à un des genres de prédilection de Dwan, qu’on n’a pas toujours assez souligné, le film de guerre. Il s’agit de Bataillon dans la nuit (Hold Back the Night, 1956), situé dans le cadre de la guerre de Corée, comme déjà Flight Nurse. Dwan y retrouvait un de ses acteurs préférés, John Payne dont il déplorait qu’un accident l’ait privé de la carrière que, selon lui, il méritait. Ce film par exception, n’était du reste pas réalisé pour la Republic, mais pour AIlied Artists. Il faut souligner ce que la production de Dwan pour la Republic doit à la remarquable équipe qui l’entourait dans chaque film, à commencer par le directeur de la photo John Alton, et le fameux décorateur Van Nest Polglase, ainsi que le compositeur Louis Forbes. C’est grâce à leur collaboration que Dwan put imprimer son style personnel à toute sa production de cette période.



Sous le signe de Rousseau et de Griffith
De quoi ce composait ce style ? Cela est difficile à définir, dans la mesure où un tel style, comme l’a bien mis en valeur Jacques Lourcelles, est un style classique, par excellence. Ce dernier y voyait deux composantes fondamentales : le réalisme et le sentiment tragique de la vie, ce dernier trait n’ayant rien à voir avec un quelconque pessimisme doctrinal, mais en étant en quelque sorte le contraire, car, comme le souligne le critique, « le mal y tient peu de place », D’où une comparaison avec Rousseau, qui sur le plan moral se justifie mais n’épuise pas le point de vue artistique. La référence au cinéma de la Triangle et de Griffith reste la plus exacte et la plus éclairante… Mais la vérité, c’est que les films d’Allan Dwan ne ressemblent à ceux de personne d’autre et c’est même la raison principale pour laquelle leur auteur est bien un grand cinéaste, même si on l’oublie encore trop souvent. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1983)]






SLIGHTLY SCARLET (Deux rouquines dans la bagarre) – Allan Dwan (1956)
Dernier des sept films en couleurs photographiés par AIton et réalisés par Dwan pour le producteur Benedict Bogeaus, ce drame psychologique et policier est une fulgurante et lyrique composition qui permet au génial chef opérateur de Silver Lode et de Tennessee’s Partner de créer, grâce aux couleurs, un univers baroque fascinant. À ce titre, Slightly Searlet est certainement, avec Party Girl et Leave Her to Heaven, le plus beau des « films noirs » en couleurs.
- [la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – LE CHARME VÉNENÉUX D’AUTANT-LARA (7/10)
- L’ESSOR DE LA COMÉDIE À L’ITALIENNE
- RIO BRAVO – Howard Hawks (1959)
- [la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – L’HOMME AU PIÉDESTAL (6/10)
- [la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – CALVACADES ET PÉTARADES (5/10)
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Catégories :Les Réalisateurs
