La Comédie musicale

[rediscover] 42nd STREET – Lloyd Bacon (1933)

L’aïeul des « comédies de coulisse » possède toujours le même charme guilleret. Il occupe une place à part dans l’histoire du cinéma, pour plusieurs raisons majeures. Son intrigue est devenue un des sujets les plus banals sur le show-biz. La débutante Peggy Sawyer (Ruby Keeler), fraîchement débarquée à New York, décroche un job dans le chœur de la revue musicale Pretty Lady. La capricieuse vedette du spectacle, Dorothy (Bebe Daniels), se blesse la cheville la veille de la première : en bon petit soldat Peggy monte en grade, répète jusqu’à l’épuisement et, avec le soutien de toute la troupe, elle s’en sort courageusement et finit par emballer tout le monde. Après tant d’années, le script offre toujours le même mélange délectable, désarmant de naïveté, de rudesse calculée et de dialogues impertinents.

Les personnages sont autant de futurs archétypes : le metteur en scène stressé et maladif (Warner Baxter et ses coups de gueule d’encouragement) ; le chorégraphe éreinté (George E. Stone) ; les chorus girls effrontées, toujours prêtes à rire (Una Merkel et Ginger Rogers) ; le jeune premier un peu naïf (Dick Powell) ; et le commanditaire lubrique (Guy Kibbee) ayant des vues sur la vedette qui le fait marcher et entretient une liaison clandestine avec un auteur dans la déveine (George Brent). Une équipe haut de gamme. Baxter a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle du Cisco Kid, le fringant bandit-héros de ln Old Arizona. Bebe Daniels a été une star du muet et, qui plus est, elle chante, Brent est lui aussi un jeune premier romantique de premier plan. Plus bas sur l’affiche, on trouve une demi-douzaine de comédiens qui commencent à être connus, comme Ginger Rogers qui fera bientôt équipe avec Fred Astaire. Dick Powell, visage poupin et énergique, doit beaucoup à 42ème rue. Mais la grande découverte, c’est Ruby Keeler, coqueluche de Broadway et Mme AI Jolson à la ville, qui fait ici ses débuts à l’écran. Ce n’est pas une chanteuse exceptionnelle, mais elle est adorable, pleine de vivacité, et elle excelle aux claquettes.

La Warner Brothers est surtout connue à l’époque pour ses film réalistes. Mais afin de stimuler la production musicale du studio, Mervyn LeRoy fit venir AI Dubin et Harry Warren, qui deviendront des piliers de la maison. C’est également LeRoy qui engagea le grand Busby Berkeley, qui avait chorégraphié plusieurs comédies musicales pour Sam Goldwyn, et qui tira ici le maximum des chansons jazzy. C’est lui qui créa le ballet immortel du final, où Ruby danse sur le toit d’un taxi tandis que dénudées forment des dessins géométriques filmés en plongée, en un sensationnel kaléidoscope animé. Quand la Warner comprit de quoi Berkeley était capable, elle l’engagea. Ce sera le point de départ d’une longue série de films dansés-chantés qui illumineront les années 1930 et marqueront à jamais l’histoire de la comédie musicale. [Steven Jay Schneider – 1001 films à voir avant de mourir – Ed. Omnibus (2021)]


Voir la publication et les extraits musicaux.




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