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THE BIG SLEEP – THE MALTESE FALCON : NAISSANCE DU FILM NOIR (par Stéphane Michaka)

Un détective privé qui n’a aucun goût pour les orchidées est introduit dans une serre qui en regorge. Là, un vieux général aux jambes paralysées lui confie une enquête impliquant ses deux filles. Le privé est mis en garde : ces demoiselles en détresse n’ont guère plus de sens moral qu’on en trouve chez un chat. Le détective, un rien cynique, se nomme Philip Marlowe. Vous avez reconnu le début du Grand sommeil (The Big sleep). Même détective, changement de décor: un bureau qui donne sur le Golden Gate Bridge. A travers une vitre en verre dépoli, notre privé aperçoit une silhouette spectrale. Encore une demoiselle en détresse. Elle vient supplier qu’on retrouve sa sœur. Le détective, un rien cynique, se nomme Sam Spade. Vous avez reconnu le début du Faucon maltais.

MONTGOMERY CLIFT

Au cours de sa brève carrière, Montgomery Clift imposa un nouveau style d’interprétation et composa une figure inoubliable d’Américain tourmenté, correspondant parfaitement aux années de doute et d’anxiété que fut le temps de la guerre froide.

THE MISFITS (Les désaxés) – John Huston (1961)

Après son divorce, Roslyn rencontre Gay, un cow-boy désabusé qui lui propose de partir à la campagne. Une fois au vert, ils retrouvent Perce, un champion de rodéo aussi fêlé qu’eux. Roslyn comprend alors avec horreur que les hommes ne sont là que pour tuer des chevaux sauvages… Arthur Miller a composé la partition de cette tragédie pour son épouse, Marilyn Monroe, qu’il s’apprêtait à quitter. Autobiographie se confond ici avec autodafé. Alors que l’écrivain ne frémit plus devant sa femme mythique, il lui offre paradoxalement le plus beau rôle de sa vie.

LE DÉTECTIVE PRIVÉ DANS LE FILM NOIR

Si tout le monde s’accorde à considérer The Maltese Falcon (Le Faucon maltais) comme le point de départ de la période classique du film noir, cela signifie que le privé est depuis le départ la figure emblématique du genre. Qu’on l’appelle privé, limier ou fouineur, le prototype du héros du film noir est issu des polars hard-boiled, de la littérature à deux sous qui remplissait les pages de magazines bon marché comme Dime Detective ou  Black Mask au début de années 1920.

LE FILM [noir] DE HOLD-UP

Criss Cross (Pour toi j’ai tué, 1949) associe un grand nombre des thèmes du film noir : l’obsession ou l’amour « fou » qui provoque la perte des amants fugitifs ; la narration à la première personne entrelacée avec une structure en flash-back ; un cambriolage complexe au cœur de l’intrigue ; une simple trahison. The Killers (Les Tueurs, 1946), autre film de Robert Siodmak, présente une juxtaposition d’éléments similaire sous la forme narrative suivante : un enquêteur cherche à comprendre pourquoi un homme s’est laissé abattre sans opposer la moindre résistance et reconstitue son histoire à partir d’entretiens évoqués dans des flash-back. Tout comme dans Criss Cross, le sort du héros (incarné par Burt Lancaster dans les deux cas) dépend d’une femme fatale et d’une trahison après un casse.

JOHN HUSTON

Cinéaste des destins dérisoires et des illusions perdues, John Huston a pris le contrepied des poncifs hollywoodiens pour délivrer une vision du monde où sa lucidité ironique était équilibrée par un puissant sentiment de fraternité humaine. L’homme était comme ses films : génial et indépendant.

QU’EST-CE QUE LE FILM NOIR ?

Comment un cycle de films américains est-il devenu l’un des mouvements les plus influents de l’histoire du cinéma ? Au cours de sa période classique, qui s’étend de 1941 à 1958, le genre était tourné en dérision par la critique. Lloyd Shearer, par exemple, dans un article pour le supplément dominical du New York Times (« C’est à croire que le Crime paie », du 5 août 1945) se moquait de la mode de films « de criminels », qu’il qualifiait de « meurtriers », « lubriques », remplis de « tripes et de sang »…

HUMPHREY BOGART : INSOLENT ET ROMANTIQUE

Humphrey Bogart naquit à New York le 23 janvier 1899. Son père, le docteur Belmont De Forest Bogart, était un des chirurgiens les plus renommés de la ville. Sa mère, Maud Humphrey, travaillait comme illustratrice pour des magazines. Après avoir fait ses études à la Trinity School, Bogart s’inscrit à la Philipps Academy d’Andover (Massachusetts) et prépare Yale. Expulsé pour mauvaise conduite, il s’engage en 1918 dans la marine, où il sert durant quelques mois. De retour à la vie civile, il entre au service du producteur de théâtre William A. Brady qui l’encourage à tenter une carrière d’acteur. Ses premières apparitions sont peu probantes, mais Bogart persiste et apprend progressivement à maîtriser son jeu. De 1923 à 1929, distribué le plus souvent dans des rôles de jeune premier chic et nonchalant, il travaille notamment sous la direction de John Cromwell (qui, en 1947, le dirigera dans Dead Reckoning – En marge de l’enquête), David Belasco et Guthrie McClintic.

HIGH SIERRA (La Grande évasion) – Raoul Walsh (1941)

La renommée de Raoul Walsh est essentiellement basée sur ses films d’action et d’aventure. Mais They died with their boots On (La Charge fantastique), White heat (L’Enfer est à lui), The Roaring twenties, They Drive By Night (Une Femme dangereuse) et High sierra, présentent aussi des études intéressantes de personnages bien construits qui se battent soit à l’intérieur, soit à l’extérieur du système. Les protagonistes de Walsh sont des lutteurs, prêts à foncer pour vivre une vie libre dont ils maîtriseraient les règles.

THE MALTESE FALCON (Le Faucon maltais) – John Huston (1941)

Une caméra plane au-dessus de San Francisco sur un air de swing endiablé, puis le nom de l’agence des détectives privés, « Sam Spade and Miles Archer », s’affiche en grandes lettres. L’objectif s’attarde sur le héros : quelques secondes suffisent à nous entraîner dans un tourbillon de mensonge, de trahison et de meurtre. Nous y sommes en bonne compagnie puisque le héros est le détective privé le plus célèbre d’Hollywood, Sam Spade, interprété par l’idole du film de gangsters et de détectives Humphrey Bogart.

CHINATOWN – Roman Polanski (1974)

Los Angeles, 1937. Quand le détective privé J.J. Gittes (Jack Nicholson) est engagé pour filer un époux infidèle, il s’attend à un travail de routine. Mais les choses prennent vite une tournure inattendue. L’homme qu’il épie, un haut fonctionnaire de la compagnie des eaux de la ville, est assassiné et lorsque sa veuve séduisante (Faye Dunaway) demande à Gittes d’éclaircir l’affaire, il tombe à l’improviste sur la piste d’une retentissante affaire de spéculations immobilières criminelles. Dès lors, Gittes se retrouve constamment dans des situations toujours plus insolites les unes que les autres. Mais il doit surtout affronter d’inquiétants gangsters qui tentent de l’empêcher de fourrer son nez dans leurs louches machinations, dans lesquelles sont visiblement impliquées des personnalités très influentes de la ville. Quant à sa fascinante commanditaire, elle semble elle aussi en savoir plus qu’elle ne le prétend.