Étiquette : julien duvivier

[la IVe République et ses films] LA QUALITÉ – DRAPEAUX NOIRS (4/10)

Les films d’Yves Allégret illustrent la tradition du réalisme poétique avec des ambiances sombres, des personnages marquants et un attachement au quotidien portuaire. En parallèle, Duvivier maintient une vitalité dans le cinéma noir français, multipliant les succès populaires et maniant savamment les contrastes entre tragédie et légèreté, notamment à travers les séries Don Camillo et des œuvres comme Le Temps des assassins. Si la constance et le réalisme caractérisent ses films, l’originalité semble s’être réfugiée dans La Fête à Henriette.

LE RÉALISME DU CINÉMA FRANÇAIS (1930-1940)

Entre 1927 et 1936, le cinéma français connaît une transformation majeure avec l’avènement du cinéma sonore. ​ Alors que l’avant-garde est déjà dépassée et que certains regrettent la disparition du cinéma muet, de nouveaux cinéastes comme Luis Buñuel, Jean Vigo, Jean Cocteau et Jean Renoir émergent sans préjugés face au parlant. Durant cette période, le cinéma français devient un art populaire, reflétant fidèlement l’élan de la conscience populaire en pleine évolution. ​

JULIEN DUVIVIER : UNE MYTHOLOGIE DE L’ÉCHEC

David Golder révélait pour la première fois, à travers une fiction pourtant étrangère, son pessimisme quant aux rapports des êtres entre eux. Ici, le destin d’un brasseur d’affaires bafoué par sa femme et sa fille pour lesquelles il avait lutté. C’est vers cette noirceur volontiers tragi­que que Duvivier orientera les sujets qu’il adapte souvent assez librement et c’est dans ce ton-là qu’il donnera ses meilleures réalisations.

LES SECONDS RÔLES DU CINÉMA FRANÇAIS DANS LES FILMS DE JULIEN DUVIVIER

Dans la volumineuse filmographie de Julien Duvivier, on évoque principalement les acteurs et actrices de premier plan en oubliant, parfois, les seconds rôles. Or, leur place est essentielle et leur talent a contribué, en donnant la réplique aux plus grandes stars, à la réussite des films du réalisateur. Voici quelques exemples de seconds rôles du cinéma français ayant joué dans les films de Duvivier. La liste n’est pas exhaustive et sera enrichie au fil du temps.  

CHAIR DE POULE – Julien Duvivier (1963)

A la suite d’un cambriolage manqué où le propriétaire est mortellement blessé, Daniel Boisset est condamné à la place de son complice Paul Genest. Il réussit cependant à s’évader avant d’être emprisonné et trouve refuge chez un garagiste, Thomas. Mais la femme de celui-ci découvre le passé de Daniel et va l’obliger à dépouiller son mari qu’elle n’a épousé que pour son argent… Chair de poule est l’un des films les plus méconnus et sous-estimés de Julien Duvivier et pourtant, même s’il n’est clairement pas la plus grande œuvre du réalisateur, il possède de nombreuses caractéristiques louables et constitue un hommage très respectable aux thrillers du film noir américain.

LA POLITIQUE DU CINÉMA FRANÇAIS

A la fin de la guerre, le cinéma français fut profondément réorganisé. Les institutions vichyssoises, dont la principale était, dans ce domaine, le C.O.I.C., étaient condamnées à disparaître. La nécessité d’une réorganisation du cinéma ne fut en elle-même jamais remise en cause, et il ne s’agissait que de procéder à un changement des structures. Encore ce changement ne fut-il pas immédiat et s’opéra-t-il en plusieurs temps.

LE FILM NOIR FRANÇAIS

C’est un réflexe de curiosité qui nous portent vers le film noir français. En effet, quelle forme fut plus occultée en faveur du thriller américain et de sa vogue chez nous ? Quand Bogart-Philip Marlowe appartenait à nos mémoires les plus chauvines, Touchez pas au grisbi de Becker était à une époque invisible. La Nouvelle Vague avait opéré une fracture avec un certain cinéma sclérosé qu’elle allait remplacer. A l’exception de Renoir, elle se voulait sans ascendance nationale. Les noms de Gilles Grangier ou d’Henri Decoin faisaient rire dans les années 1960… mais il fallait-il rejeter leurs policiers denses et robustes des années 1950 ? Dans la mouvance du Grisbi, un genre s’était constitué avec sa durée propre, sa forme très codifiée, toute une mise en scène originale du temps mort.

L’HOMME À L’IMPERMÉABLE – Julien Duvivier (1957)

Sorti avec succès sur les écrans français le 27 février 1957, L’Homme à l’imperméable a été réalisé par Julien Duvivier d’après le roman Tiger by the Tail, écrit par James Hadley Chase en 1954 et publié la même année dans la « Série Noire » sous le titre de Partie fine. Le roman se présente comme un thriller dans lequel l’existence d’un homme ordinaire, Ken Rolland, vire au cauchemar lorsqu’il décide de profiter de l’absence de sa femme pour satisfaire ses pulsions sexuelles en passant la nuit avec une prostituée, et que celle-ci est mystérieusement assassinée par un tiers en sa présence. Il est aussi, très explicitement, une satire grinçante de l’American way of life et de l’aliénation des hommes dans l’univers impersonnel des suburds l’action se déroule en Californie, dans une ville « aussi propre qu’une clinique ».

A PROPOS DE NICE – SOUS LES TOITS DE PARIS – ALLÔ BERLIN, ICI PARIS – PARIS-BÉGUIN

Parce que la mémoire collective est vite saturée, elle ne peut retenir, d’une époque ou d’un style, que cinq ou six noms. C’est un phénomène profondément injuste, puisqu’il privilégie les signatures que le souvenir a retenu dans sa passoire, mais il répond à un penchant naturel de l’esprit. Le but de cette série de publications sur les films français des années 1930 est justement de faire échec à cette mécanique qui tend à privilégier, au delà de toute mesure, des films excellents, mais qui rejette au fond de la nuit des dizaines d’autres films dont rien ne prouve qu’ils ne soient pas d’une émotion, d’une poésie ou d’une surprise comparables.

TROIS HOMMES DU MILIEU (par Philippe Carcassonne)

Dans les années 1950, le film noir français découvre l’envers d’une morale. Si l’on entend par « cinéma noir » non plus la marque d’un genre, mais l’esprit même de la noirceur, ce goût très français – jusqu’à la complaisance – de l’ignominie morale, sociale ou psychologique, c’est presque toute la production d’avant la Nouvelle Vague qu’il conviendrait de dénommer ainsi.