Les Actrices et Acteurs

ROBERT DALBAN, L’ÉTERNEL COMPARSE

Ami de Jean Gabin, Robert Dalban a mis son talent au service de seconds rôles souvent mémorables. Une figure familière du cinéma français, qui compte à son actif plus de deux cents films.

Gaston Barré naît en juillet 1903 à Celles-sur-Belles, petit village des Deux-Sèvres : ce n’est que plus tard qu’il deviendra Robert Dalban. Dès l’âge de seize ans, le jeune Poitevin fait ses débuts sur les planches de Montparnasse. Sa gouaille en fait bientôt une figure du music-hall, mais il tâte également du théâtre « sérieux » en jouant avec la grande Sarah Bernhardt. Comme nombre d’acteurs de l’époque, Robert Dalban ne tarde pas à passer de la scène à l’écran : après une brève apparition en 1934 dans L’Or de la rue (où il côtoie la jeune première Danielle Darrieux), il tient trois ans plus tard son premier vrai rôle face à la caméra pour Passeurs d’hommes, film de guerre réalisé par René Jayet. L’acteur épouse en 1940 Madeleine Robinson – le couple aura un fils, mais divorce en 1946. L’année précédente, Dalban a été choisi par Christian-Jacque pour tenir le rôle d’Oskar dans Boule de Suif, adaptation de Maupassant portée par Micheline Presle. Mais c’est surtout le rôle de « Paulo le truand », tenu dans Quai des Orfèvres, qui attire l’attention sur l’acteur, le chef-d’ œuvre d’Henri-Georges Clouzot se voyant très remarqué dès sa sortie en 1947.

1949 s’avère ensuite une année importante dans la carrière et dans la vie personnelle de Robert Dalban: engagé pour le film franco-italien Au-delà des grilles, il tourne non seulement sous la direction de René Clément, mais il joue pour la première fois face à Jean Gabin, qui sera l’un de ses plus grands amis. Au point que Gabin fera souvent en sorte que Dalban fasse partie du générique de ses films : les compères se retrouveront pour neuf autres tournages, dont le dernier sera, en 1968, Le Pacha (film où le commissaire joué par Gabin cherche à venger la mort de son ami). Mais si Dalban apparaît ainsi dans des films comme Gas-Oil ou Des gens sans importance, il participe également à d’autres projets importants des années 1950, tels Les Diaboliques de Clouzot, ou Les salauds vont en enfer de Robert Hossein – qui marque le début d’une autre grande amitié. Mais c’est dans Marie-Octobre, film choral et suspense psychologique de Julien Duvivier, que Robert Dalban trouve son rôle le plus marquant de la décennie, aux côtés de Danielle Darrieux, Bernard Blier, Serge Reggiani et Lino Ventura.

Après cette prestation dramatique, Dalban va peu à peu se spécialiser dans les seconds rôles comiques. Amorcé avec Les Vieux de la vieille, le virage se précise avec Les Tontons flingueurs : l’acteur y tient le rôle du majordome Jean, resté dans les annales pour son retentissant « Yes Sir ! », Le réalisateur Georges Lautner fera à nouveau appel à lui pour les non moins mythiques Barbouzes et Ne nous fâchons pas. Dès lors, Dalban participe de près ou de loin à la plupart des films « grand public » français : on le voit dans la série des Fantômas, puis dans Le Grand restaurant, Le Cerveau, ou encore Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !, de son complice Michel Audiard. Il enchaîne ensuite plusieurs comédies de Pierre Richard (dont Le Grand blond avec une chaussure noire), avant de tourner à deux reprises avec Francis Veber pour La Chèvre et Les Compères. Une collaboration qui se serait poursuivie, si l’acteur n’avait succombé à une crise cardiaque en 1987. [Collection Gabin – Chiens perdus sans collier – Eric Quéméré  (n°21 – 2006)]


QUAI DES ORFÈVRES – Henri-Georges Clouzot (1947)
« Rien n’est sale quand on s’aime », fera dire Clouzot à l’un de ses personnages dans Manon. Dans Quai des orfèvres, déjà, tout poisse, s’encrasse, sauf l’amour, qu’il soit filial, conjugal ou… lesbien. En effet, il n’y a pas que Brignon, le vieux cochon, qui est assassiné dans ce chef-d’œuvre. 

CHIENS PERDUS SANS COLLIER – Jean Delannoy (1955)
Chiens perdus sans collier fait partie d’une catégorie un peu à part dans la filmographie de Gabin, mais néanmoins importante : celle puisant dans un certain réalisme social. L’expression est à prendre au sens large, Gabin n’ayant pas réellement participé à des films « militants ».

MARIE-OCTOBRE – Julien Duvivier (1959)
Un grand film de la fin des années 1950, signé Julien Duvivier et Henri Jeanson. Un véritable suspens, magistralement interprété par une pléiade de comédiens prestigieux. En 1944, ils formaient un réseau de Résistance. L’un deux a trahi. Des années plus tard « Marie-Octobre », seule femme du groupe, les réunit pour découvrir qui a trahi… Et, à la fin de l’enquête, le traître devra mourir !



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1 réponse »

  1. En 1944 Julien Duvivier tourne le film l’imposteur, navet tourné aux USA, tellement décrié par mr Gabin lui même qu’il refusa de doubler son rôle en Français et c’est à….. Robert Dalban que revint le privilège de doubler mr Gabin en Francais

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