
Après le succès de Father of The Bride (Le Père de la mariée), la plupart des comédiens étant sous contrat, donc disponibles, le studio insiste auprès de Minnelli pour qu’il continue sur sa lancée. Ni lui ni Spencer Tracy ne sont enthousiastes. Pourtant, grâce à ce dernier, quelques scènes assez drôles sauvent Father’s Little Dividend (Allons donc papa) : la course en voiture pour aller à l’hôpital alors que le bébé n’est pas né ; la scène où les parents de Kay se rendent chez le docteur au sujet de l’éducation de leur petit-fils (les mimiques de Spencer Tracy) ou encore celle où le grand-père oublie le bébé dans le jardin public pendant qu’il joue au football avec des gosses.

Le charme et la fragilité de Kay (Elizabeth Taylor) réussissent par deux fois à nous surprendre : lors de sa première crise, avant la naissance, en réaction à la sollicitude trop envahissante des parents, et surtout après la première dispute avec Buckley, son mari (Don Taylor), lorsqu’elle vient se réfugier chez ses parents. La scène où le jeune couple décide de se séparer est filmée avec beaucoup de finesse (Buckley explique à son beau-père comment il faut s’occuper de sa fille, Kay éclate en sanglots pour tomber finalement dans les bras de son mari : il faut voir l’air ému et gêné du grand-père devant cette réconciliation).

La fin est particulièrement bâclée et banale. Minnelli. est sans doute avec I Dood it (Mademoiselle ma femme) et Kismet. l’un des films les moins intéressants de Minnelli. Il semble s’être désintéressé de son travail. Il est d’ailleurs étonnant de constater que ces trois films plutôt décevants arrivent juste avant ou après des films dans lesquels Minnelli s’est investi totalement : I Dood it avant Meet me in Saint-Louis (Le Chant du Missouri) ; Father’s Little dividend (1951) avant An American in Paris et The Bad and the beautiful (Les Ensorcelés, 1952) ; Kismet enfin, entre The Cobweb (La Toile d’araignée, 1955) et Lust for life (La Vie passionnée de Vincent van Gogh, 1956). [Minnelli « De Broadway à Hollywood » – Patrick Brion, Dominique Rabourdin, Thierry de Navacelle – ED. 5 continents Hatier (1985)]

Pendant l’élaboration du ballet final de An American in Paris, Minnelli tourne en vingt-deux jours cette suite au Father of The Bride. « Spencer savait pertinemment qu’aucune suite ne vaut l’original », dit Minnelli.dans son autobiographie. « De plus, il ne désirait absolument pas retrouver le même rôle, voulant développer d’autres facettes de sa personnalité. Mais Kate réussit à le convaincre : après tout, il devait bien ça au studio, et le premier film avait remporté un tel succès ! »

Minnelli réutilise donc les décors, toujours disponibles de Father of The Bride, la même équipe technique et les mêmes acteurs, sous contrat à la MGM. Conçu uniquement pour exploiter le succès de la petite saga familiale des Banks, Father’s Little Dividend n’a pas le charme du précédent et laisse la bride sur le cou à Spencer Tracy qui confère quelque poids à son personnage de grand-père énervé avant la naissance de son petit-fils, puis effrayé par ses responsabilités de grand-père. Quelques séquences, comme la perte du landau dans le parc, ou l’évocation surréaliste de « l’art d’être grand-père » sont amusantes et réussies. La satire de la middle-classe américaine ne manque pas de force. Mais, comme l’a remarqué le critique du Manchester Guardian : « L’enfance et la maternité américaines sont des sujets tellement protégés par les précautions sentimentales, surtout à Hollywood, que même MM. Minnelli et Tracy ne peuvent empêcher cette masse de guimauve traditionnelle d’alourdir leur sens de la comédie. » [Vincente Minnelli – François Guérif – Filmo n°8 (Edilio 1984)]

L’histoire
C’est le printemps. Stanley (Spencer Tracy) et Ellie Banks (Joan Bennett) sont invités à dîner par leur fille et son mari. Kay (Elizabeth Taylor) attend un enfant et Stanley se sent vieux à l’idée d’être grand-père. Ellie, bien au contraire, invite toutes ses amies pour fêter l’évènement, ce qui déprime encore plus Stanley. Les cadeaux s’entassent. Stanley refuse que Kay et Buckley (Don Taylor) viennent habiter chez eux jusqu’à la naissance du bébé. Mais, de toute façon, le jeune couple tient à avoir sa maison. Les deux familles rivalisent : laquelle contribuera le plus largement aux frais d’installation ! Peu de temps avant la naissance, Kay et Buck se disputent et la jeune femme vient se réfugier chez ses parents. Stanley emploie toute son énergie à les réconcilier .. Après la naissance, tout le monde se retrouve à la clinique pour admirer le bébé. Stanley, un peu écœuré, garde ses distances. Quelque temps après, Kay et Buck partent en vacances pour se reposer et confient l’enfant à Stanley et Ellie. Stanley le promène au parc, l’oublie pour aller jouer au football avec des enfants et finit par le retrouver dans un commissariat ! Stanley commence à fondre de tendresse devant la joie manifestée par le bébé, heureux de le revoir. Le bébé est baptisé Stanley et le grand-père, complètement conquis, en éprouvera une très grande joie.

Les extraits

FATHER OF THE BRIDE (Le Père de la mariée) – Vincente Minnelli (1950)
Dès les premières images du film, on est un peu décontenancé, quelque chose de particulier empêche une adhésion totale. On réalise alors qu’il n’y a pas de musique d’accompagnement pendant la première moitié du film, fait plutôt rare dans les comédies. Elle ne fera une première apparition très discrète qu’au cours de la scène de la découverte des cadeaux de mariage. Vincente Minnelli, sans doute en raison de son expérience des comédies musicales, utilise toujours la musique d’accompagnement avec beaucoup de discernement.

VINCENTE MINNELLI
Véritable magicien du cinéma, Vincente Minnelli a porté la comédie musicale à son point de perfection, ce qui ne doit pas faire oublier qu’il est l’auteur de quelques chefs-d’œuvre du mélodrame.
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