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PIÈGES – Robert Siodmak (1939)

La guerre est à la porte : Quand sort Frères corses, Robert Siodmak est plongé dans la réalisation de ce qui sera son plus grand succès public en France, Pièges. Ce film marque les débuts de Maurice Chevalier dans le registre dramatique : de retour dans les studios cinématographiques après deux ans d’absence, « Momo » a décidé d’abandonner son canotier et le vaudeville du Casino de Paris pour un rôle sérieux et exigeant : celui d’un directeur d’une boîte de nuit accusé à tort de meurtre (ce qui lui permet quand même d’interpréter deux chansons célèbres : « Elle pleurait comme une Madeleine » et « Mon amour »).

LES ENFANTS DU PARADIS – Marcel Carné (1945)

Il y a quelque dix ans, Robert Chazal, dans un ouvrage de la collection « Cinéma d’aujourd’hui », chez Seghers, portait ce jugement définitif sur un film maintenant vieux d’une trentaine d’années : « Les Enfants du Paradis, c’est en définitive un film de première grandeur, aux richesses inépuisables, et qui n’a pas fini d’être en avance sur son temps ». Eh bien oui. A l’heure où le modernisme du style cinématographique rend caduques bien des œuvres qui paraissaient marquées du sceau du chef-d’œuvre impérissable, le film de Carné-Prévert a gardé toute sa force et sa beauté. Certes les habitudes de perception des spectateurs ont changé. De même que les approches critiques. Or ce film a merveilleusement résisté à toutes ces mutations, il comble encore les partisans d’une lecture moderne de l’image, comme il comblait les cinéphiles de l’époque. [Raymond Lefèvre – Cinéma 74 (n°184) février 1974]

LA BANDERA – Julien Duvivier (1935)

L’intérêt du film, intelligemment adapté du roman de Pierre Mac Orlan et fidèle aux lois d’un genre, tient à cette entrée de l’acteur au sein d’une mythologie romanesque où la fatalité pèse sur les perdants de l’existence. Si, à la Légion, on apprend le courage, l’amitié, les vertus viriles, pour un être comme Gilieth, il n’y a pas de rachat social possible. Au-delà de l’exotisme, la mise en scène de Julien Duvivier s’exerce avec acuité sur le drame psychologique de Gilieth et son affrontement avec Fernando Lucas. Gabin-Le Vigan, un sacré duel ! [Jacques Siclier – Télérama (février 2012)]

MOLLENARD – Robert Siodmak (1938)

La trame de cette œuvre longtemps considérée comme perdue, revêt une importance non négligeable dans la filmographie de Siodmak. Les dernières images renvoient à un genre de récit bien défini : la déchéance pathétique d’un aventurier, suite de tableaux teintés de romantisme maritime à la Corto Maltese. En vérité, il s’agit d’autre chose. Mollenard se compose de deux parties très différentes, l’une, chinoise, sertie comme une envahissante parenthèse dans l’autre. Cette juxtaposition indispensable au propos nuit cependant à l’unité stylistique du film.