Catégorie : Les Réalisateurs

JACQUES BECKER OU LE GOÛT DE LA VÉRITÉ 

De tous les metteurs en scène français dont la carrière prit son essor pendant l’occupation allemande, Jacques Becker est, avec Robert Bresson et Henri-Georges Clouzot, l’un des plus intéressants et des plus brillants. Pourtant ce cinéaste, tellement représentatif à certains égards de ce que le cinéma français peut donner de meilleur, est devenu réalisateur presque par hasard, et sans vocation véritable au départ. 

JULIEN DUVIVIER OU L’ARTISAN CONSCIENCIEUX

La véritable carrière de Julien Duvivier débute en 1930. Et pourtant, à cette date, il est déjà l’auteur de dix-sept films, réalisés entre 1919 et 1929. Mais rien, dans cette production trop abondante, ne le distingue des nombreux faiseurs, qui, au même moment, travaillaient comme lui, en série. Dans la production muette de cet ancien acteur, passé du théâtre à la réalisation de films, sur le conseil du grand Antoine, on trouve de tout : des adaptations de romans (Les Roquevillard, L’Abbé Constantin), des films édifiants (La Tragédie de Lourdes, La Vie miraculeuse de Thérèse Martin), des films d’aventures (Le Mystère de la tour Eiffel), etc. Rien de tout cela ne sort de l’anonymat et ne suffit à imposer le metteur en scène. Seule, peut-être, une première adaptation de Poil de carotte de Jules Renard autorise quelques espoirs, assez vagues ; encore pouvait-on être tenté, à l’époque, d’en attribuer les mérites à la forte personnalité du coadaptateur, alors en pleine gloire : Jacques Feyder. Il faut se rendre à l’évidence : sans son œuvre parlante, Julien Duvivier n’aurait laissé aucun nom dans l’histoire du cinéma.

FRITZ LANG

L’œuvre de Fritz Lang est celle d’un « moraliste hautain ». Univers très noir, hanté par la culpabilité, peuplé de héros solitaires qui se débattent dans un monde hostile ou indifférent, et dont une mise en scène totalement maîtrisée accentue encore le caractère étouffant.  

OTTO PREMINGER

Viennois exilé, metteur en scène et producteur despotique, Otto Preminger a été, au cours de sa carrière, avant tout un homme de spectacle ; œuvrant dans tous les genres, il les marqua de sa culture et de sa sensibilité européennes. Il est l’une des figures les plus controversées du cinéma américain. Si Laura (1944) est unanimement considéré comme un chef-d’œuvre, certains estiment que sa production, qui s’échelonne sur près de quarante ans n’a été qu’une longue pente déclinante. Preminger n’est d’ailleurs pas le dernier à attiser cette polémique.

WILLIAM A. WELLMAN 

Au début des années 30, Wellman consolide sa position à Hollywood, tournant 17 films en trois ans pour la Warner. Ces œuvres dont la plus connue est The Public Enemy (L’Ennemi public, 1931), font encore l’unanimité aujourd’hui par leur étonnant modernisme et leur ton très personnel.

BILLY WILDER

Les héros de Billy Wilder doivent choisir entre l’argent et le bonheur, et le signe de maturité du héros ou de l’héroïne (et de l’estime du metteur en scène) apparaît précisément quand ils préfèrent les sentiments aux biens matériels. Dans les films de ce genre, on peut inclure Double indemnity, un classique film noir  adapté par Raymond Chandler, Ace in the Hole (Le Gouffre aux chimères / The Big carnival, 1951), Stalag 17, The Apartment (La Garçonnière), Kiss me, stupid (Embrasse-moi, idiot, 1964) et The Fortune Cookie (La Grande Combine, 1966).

LE MÔME CARNÉ

Lorsque Carné et Gabin décident de retravailler ensemble quelques mois plus tard, l’acteur suggère d’adapter Martin Roumagnac, un roman dont il vient d’acheter les droits. Mais, s’inclinant devant le refus de Prévert et Carné, il se lance avec eux dans le projet du Jour se lève. Pour la seconde fois, l’accord sur le plateau entre le comédien et le cinéaste est parfait. Malheureusement, la guerre va mettre provisoirement un terme à leur collaboration, et leurs retrouvailles en 1946 donneront lieu à une regrettable incompréhension. Gabin commence en effet par proposer à nouveau le projet de Martin Roumagnac à Carné et Prévert, lesquels n’ont pas changé d’avis dans l’intervalle.

MARCEL CARNÉ 

Marcel Carné illustre parfaitement cette école – ou cette tendance – dite du « réalisme poétique », qui marqua si profondément le cinéma français de la fin des années 30. Une tendance dont on retrouve l’influence dans les domaines les plus divers de la vie artistique, et qui donnera aux œuvres de cette période troublée de l’avant-guerre une atmosphère tout à fait caractéristique. Pour sa part cependant, Carné préférait parler de « fantastique social », reprenant ainsi une expression de Pierre Mac Orlan.