SUSPICION (Soupçons) – Alfred Hitchcock (1941)

Lina McLaidlaw a-t-elle tort de s’éprendre du désinvolte Johnnie Aysgarth ? C’est l’avis de sa famille, qui deviendra petit à petit le sien quand les soupçons prendront la place de l’amour. A l’occasion de son quatrième film réalisé aux Etats-Unis, Hitchcock débuta une fructueuse collaboration avec le grand Cary Grant et retrouva, après Rebecca, la talentueuse Joan Fontaine. Le film qu’ils signèrent ensemble a tout l’air d’une comédie sentimentale – du moins durant les premières minutes… Car Hitchcock nous fait rapidement partager les soupçons qui envahissent Joan Fontaine et nous montre, une fois de plus, quel grand maitre manipulateur il est.

HENRI DECOIN : CÉSAR À L’HEURE ALLEMANDE

Les Inconnus dans la maison obtint un très beau succès. La publicité s’établit sur le nom de Raimu, regagnant les studios parisiens – à contre-cœur, semble-t-il – comme l’a prouvé ensuite le jeu du chat et de la souris qu’il mena avec les agents allemands de la Continental, mais aussi sur les tendances sociales de l’œuvre axées sur les problèmes de la jeunesse. Tout cela était déjà en puissance dans le roman de Simenon, cependant, à la sortie des Inconnus, un journal corporatif insistait dans son compte rendu sur le fait que « pour la première fois, le film soulève au cours d’une scène capitale, le problème de l’éducation morale de la jeunesse et de la responsabilité des parents ainsi que de la trop longue négligence des pouvoirs publics.»

HENRI DECOIN : UN FIS D’AMÉRIQUE

Henri Decoin promenait un regard vif et intéressé sur les méthodes de travail américaines. Déjà, au temps de la U.F.A. et des studios de Neubabelsberg, il était séduit par cette organisation bien huilée du travail d’équipe qui aboutit à la perfection technique. Il s’ingénie à saisir également le tour de main, les secrets de fabrication, qui, assimilés, digérés, donnent aux films cette sensation euphorique de mécanique admirablement réglée, de fini, de poli. On pourra constater, dès son retour en France, qu’il saura appliquer intelligemment à la production française, le fruit de ses observations.

KNOCK ON ANY DOOR (Les Ruelles du malheur) – Nicholas Ray (1949)

L’avocat Andrew Morton choisit de défendre l’affaire de Nick Romano, un jeune homme dérangé des quartiers pauvres sans doute car il s’en sent proche, ayant lui-même vécu là bas. Nick est accusé d’avoir tué un policier et son avocat est persuadé de son innocence. Knock on Any Door est le deuxième film de Nicholas Ray, sorti en 1949, le scénario est adapté du roman de Willard Motley.

WORLD FOR RANSOM (Alerte à Singapour) – Robert Aldrich (1954)

Un ancien GI, travaillant comme détective privé à Singapour est engagé par la femme d’un ami pour enquêter sur son mari. Ce dernier est impliqué avec un groupe de trafiquants dans le kidnapping d’un physicien renommé. Film noir merveilleusement discret qui parodie tous les films d’espionnage et d’aventure à gros budget et rend un meilleur travail pour aller au fond des choses de ce genre.

JAMES DEAN

Trois grands films avaient suffi à faire de James Dean l’interprète inspiré des angoisses et des inquiétudes de la jeunesse américaine. Guidé par un instinct tragique et capricieux, son talent n’a jamais été égalé. Sa mort brutale l’a fait entrer dans la mythologie du septième art.

GENE TIERNEY

Les cinéphiles n’ont pas oublié la créatrice de Laura et de Lucy Muir, « l’étrange fascination se dégageant de son visage, cette allure à la fois meurtrie et mystérieuse, déchirée et distante » ( Bertrand Tavernier). Au Pan­théon du septième art, Gene Tierney a sa place inscrite et personne ne peut pré­tendre la lui disputer.

SLIGHTLY SCARLET (Deux rouquines dans la bagarre) – Allan Dwan (1956)

Dernier des sept films en couleurs photographiés par AIton et réalisés par Dwan pour le producteur Benedict Bogeaus, ce drame psychologique et policier est une fulgurante et lyrique composition qui permet au génial chef opérateur de Silver Lode et de Tennessee’s Partner de créer, grâce aux couleurs, un univers baroque fascinant. À ce titre, Slightly Searlet est certainement, avec Party Girl, Leave Her to Heaven et Niagara, le plus beau des « films noirs » en couleurs.

DU CÔTÉ DE CHEZ ALLAN DWAN

En 1981, mourait un vieux cinéaste américain, quasi-centenaire (il avait exactement quatre-vingt-seize ans) et à peu près oublié de tous : Allan Dwan. Sa carrière, une des plus fécondes et une des plus longues de l’histoire du cinéma américain, coïncidait avec l’histoire de Hollywood, et commençait même avant elle.