S’il n’est pas le réalisateur avec qui Gabin aura le plus tourné, Denys de La Patellière peut se targuer d’avoir dirigé l’acteur dans pas moins de six films, dont la plupart ont connu un grand succès public. Retour sur une relation faite de respect et d’estime réciproques.
Tout au long de sa carrière, Jean Gabin a noué avec certains cinéastes des amitiés donnant lieu à de fructueuses collaborations. La première d’entre elles fut celle du comédien et de Julien Duvivier, dont naîtront des chefs-d’ œuvre tels que La Bandera et Pépé le moko. Après-guerre, Gabin se lance également dans une longue série de films avec Gilles Grangier et Henri Verneuil, mais aussi avec Denys de La Patellière, homme dont le tempérament énergique avait tout pour plaire à l’acteur. Né en 1921 dans une famille de l’aristocratie nantaise, le jeune homme se destine d’abord à une carrière militaire, comme ses trois frères. Ceux-ci mourront au cours de la Seconde Guerre mondiale, et le cadet, pour échapper au travail forcé en Allemagne, rejoindra les Forces Françaises Libres, comme Gabin. Au sortir de la guerre, il se tourne finalement vers l’industrie du cinéma, travaillant d’abord dans un laboratoire, avant de devenir monteur puis assistant-réalisateur. Tout cela le mène à mettre en scène son premier film, Les Aristocrates, dès 1955.


Une équipe qui gagne
Deux ans plus tard, alors que Denys de La Patellière vient de signer Retour de manivelle avec Michèle Morgan et Daniel Gélin, naît l’idée d’un projet avec Gabin : le réalisateur a en effet écrit le scénario de ce polar avec un dénommé Michel Audiard, qui se trouve être depuis plusieurs années déjà le scénariste attitré du comédien. Le trio décide de s’atteler au projet des Grandes familles, film qui fera exploser le box-office de l’année 1958. C’est donc tout naturellement que l’équipe se reforme pour Rue des prairies : Denys de La Patellière vient sans le savoir d’entrer dans « l’écurie Gabin ». Car, si le cinéaste part ensuite tourner sous d’autres cieux son grand classique Un Taxi pour Tobrouk, ainsi que la superproduction internationale La Fabuleuse histoire de Marco Polo, le tandem se reforme une troisième fois en 1965 pour l’étonnant Le Tonnerre de Dieu – un drame psychologique dont la noirceur ne parvient pas à décourager le public, puisque le film s’avèrera le plus grand succès commercial de son réalisateur. En grande partie grâce à la prestation de Gabin, qui y tient un rôle hors-norme, aussi dur qu’émouvant…


LE TONNERRE DE DIEU – Denys de La Patellière (1965)
Tournée en 1965, cette comédie amère marque les retrouvailles de Jean Gabin et du réalisateur Denys de La Patellière. L’occasion pour l’acteur de collaborer également avec deux jeunes vedettes en pleine ascension, Michèle Mercier et Robert Hossein.

Fin d’époque
Dès l’année suivante, Denys de La Patellière retrouve son acteur fétiche pour le diriger dans un registre nettement plus habituel, en adaptant Du rififi à Paname. Puis le duo s’essaie pour la première fois à la comédie pure avec Le Tatoué, farce dans laquelle Gabin affronte Louis de Funès, devenu superstar. Mais c’est avec un polar que se terminera en 1972 l’œuvre commune des deux hommes : tout comme Le Tatoué, Le Tueur sera à nouveau un succès. Faut-il voir dans la fin de cette prolifique collaboration l’une des causes du déclin que connaît ensuite la carrière du réalisateur ? Toujours est-il que Denys de La Patellière signe en 1973 un dernier film, Prêtres interdits, avant de disparaître pour longtemps des écrans de cinéma. Alors que le comédien s’éteint en 1976, le réalisateur se tourne vers la télévision, où il reste actif jusqu’au milieu des années 1990, et vers la littérature… Reste que les six films tournés par Denys de La Patellière avec Gabin figurent aujourd’hui parmi les grands titres d’une filmographie plus qu’honorable.

DU RIFIFI À PANAME – Denys de La Patellière (1966)
Pour leur quatrième collaboration, Jean Gabin et le réalisateur Denys de La Patellière arrêtent le choix sur un roman d’Auguste Le Breton, matériau idéal pour un polar « de prestige ». Cosmopolite et brillant, le résultat fera partie des réussites du tandem.


JEAN GABIN
S’il est un acteur dont le nom est à jamais associé au cinéma de l’entre-deux-guerres, aux chefs-d’œuvre du réalisme poétique, c’est bien Jean Gabin. Après la guerre, il connait tout d’abord une période creuse en termes de succès, puis, à partir de 1954, il devient un « pacha » incarnant la plupart du temps des rôles de truands ou de policiers, toujours avec la même droiture jusqu’à la fin des années 1970.
- I DIED A THOUSAND TIMES (La Peur au ventre) – Stuart Heisler (1955)
- BARBARA STANWYCK
- ALL ABOUT EVE (Ève) – Joseph L. Mankiewicz (1950)
- [AUTOUR DE « L’IMPOSTEUR »] HOLLYWOOD S’EN VA-T-EN GUERRE
- JEAN GABIN : LE MAL DU PAYS
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