PÉPÉ ET L’ANGE BLEU

Par Mon Cinéma à Moi le 26 juin 2022 • ( Poster un commentaire )

Pendant six ans, les amours tumultueuses de Jean Gabin et de Marlene Dietrich, qu’il surnommait « La Grande », vont défrayer la chronique. Des fastes de Beverly Hills à la Libération de Paris, retour sur l’un des couples les plus mythiques du XX^e siècle.

C’est à New York, en 1941, que le héros de Pépé le Moko rencontre l’héroïne de L’Ange bleu. L’événement a pour cadre le cabaret « La Vie Parisienne », où Gabin, exilé depuis peu, est venu soigner son mal du pays. Sans se douter qu’il va tomber amoureux d’une Berlinoise devenue trois ans plus tôt citoyenne américaine ! Mais beaucoup de choses rapprochent en fait les deux acteurs : tous deux font preuve d’une farouche indépendance d’esprit, et portent un regard lucide sur le folklore hollywoodien. Et tous deux ont également refusé de se compromettre avec le cinéma du Reich… Gabin et Marlene ne tardent pas à s’installer à Beverly Hills, dans une villa louée à Greta Garbo. Cette dernière prendra l’habitude d’épier par-dessus la palissade ces voisins aux mœurs si choquantes. En effet, le couple ne prend pas la peine de se cacher, ajoutant encore à la réputation de « femme fatale » de Dietrich. Celle-ci révèle pourtant en privé une tout autre facette, ravie de passer des heures à mitonner de bons petits plats pour « son Jean », si nostalgique de la cuisine française.

Mais Gabin, hyperactif de nature, s’ennuie terriblement à Los Angeles. Alors que Marlene passe ses journées à travailler, il ne retrouve quant à lui le chemin des studios qu’en 1942, pour Moontide (La Péniche de l’amour). En outre, il ne cesse de penser à la guerre qui ravage l’Europe. S’il tourne The Impostor (L’Imposteur), un film de propagande gaulliste, ce n’est pas suffisant à ses yeux. En 1943, Gabin décide donc de rejoindre les Forces Françaises Libres. Marlene ne le retient pas : elle ne tardera d’ailleurs pas à s’engager à son tour. Séparés pendant de longs mois, Gabin et Marlene se retrouvent à Alger, où le « second maître Moncorgé », est un peu gêné d’être vu le soir en compagnie d’une star planétaire… Puis Gabin s’en va combattre en France et en Allemagne, tandis que Marlene gagne l’Italie, où elle échappe de peu à l’armée hitlérienne. Leurs retrouvailles, en mai 1945, sont restées célèbres : devant toute la division Leclerc alignée pour la venue du Général de Gaulle, Marlene surgit soudain et grimpe sur le char de son amant pour l’embrasser. Au grand dam de Gabin, qui aurait préféré plus de discrétion…

À la Libération, le couple s’installe à Paris, dans un vaste appartement de l’avenue Montaigne. Marlene doit se rendre souvent en Amérique, à la fois pour se soigner (elle a souffert sur le front de terribles engelures et d’une infection à la mâchoire) et pour s’occuper de sa fille, alors en pleine crise conjugale. Pendant ce temps, Gabin fait en sorte que Marlène fasse partie du projet des Portes de la nuit : mais celle-ci, mécontente de la tournure que prend le scénario, y renonce. L’acteur espère alors que Martin Roumagnac, film qu’ils tournent ensemble en 1946, va convaincre sa compagne qu’elle peut poursuivre sa carrière en France loin de l’Amérique. Hélas, le film est un terrible échec, et c’est alors Marlene qui essaie de décider Gabin de la suivre à Hollywood, ce qu’il refuse. En 1947, alors qu’il s’apprête à tourner Miroir, l’acteur demande à Marlène de ne pas repartir – ce qu’elle fait malgré tout. La rupture est alors consommée, Gabin décidant de ne plus jamais la revoir. Et ce, malgré les efforts désespérés de l’actrice pour tenter de renouer avec lui dans les années qui suivront…

Marlene Dietrich et Jean Gabin – *Martin Roumagnac* (Georges Lacombe, 1946)

MARTIN ROUMAGNAC – Georges Lacombe (1946)
En 1946, Gabin tourne son premier film en France après cinq années d’absence. Pour ce grand retour, le héros de Quai des brumes a jeté son dévolu sur une histoire des plus romanesques, qu’il tient à interpréter aux côtés de Marlène Dietrich.