Première des deux comédies musicales interprétées par les talentueux Fred Astaire et Rita Hayworth, cette production de la Columbia mise en outre sur une bande originale signée Cole Porter.

Le sacre de Rita : Désireux d’assurer la célébrité de sa jeune recrue Rita Hayworth, le patron de la Columbia obtient que le magazine Life lui consacre sa couverture pendant le tournage de You’ll never get rich (L’Amour vient en dansant). L’une des photos accompagnant l’article, légendée « La déesse de l’amour » (on y voit la jeune femme en négligé noir), rencontre aussitôt un grand succès chez les amateurs de pin-up ; mais si le cliché contribue indéniablement à la popularité de l’actrice, il ne suffit pas à expliquer le fait que celle-ci devienne une star dès la sortie du film. Car plus encore que son sex-appeal, c’est la virtuosité avec laquelle Rita Hayworth exécute les pas les plus sophistiqués qui suscite l’admiration du public de 1941. Dansant depuis l’enfance, la jeune femme évolue avec une grâce étonnante, qui ferait presque oublier sa technique parfaite. On comprend donc que Fred Astaire, pourtant extrêmement difficile, n’ait pas tari d’éloges sur l’héroïne de You’ll never get rich. Et que certains aficionados n’aient pas hésité à décerner à Rita Hayworth le titre envié de « meilleure partenaire d’Astaire », reléguant du même coup Ginger Rogers à la seconde place…

L’histoire : Un producteur de spectacles, Martin Cortland (Robert Benchley), est très sensible au charme de ses danseuses. Pour conquérir l’une d’entre elles, Sheila Winthrop (Rita Hayworth), il décide de lui offrir un bracelet gravé à son nom. Mais la femme du producteur découvre le bracelet et le menace de divorce. Martin demande alors à son chorégraphe Robert Curtis (Fred Astaire) de déclarer que le bracelet lui appartient et qu’il est amoureux de Sheila. Robert veut offrir le bracelet à Sheila mais les choses se compliquent quand il découvre que la belle est fiancée avec un officier de l’armée…

Quand Fred Astaire entame en juillet 1941 le tournage de You’ll never get rich, cela fait déjà deux ans qu’il a mis fin à sa collaboration avec Ginger Rogers, achevée sur l’échec au box-office de The Story of Vernon and Irene Castle (La Grande farandole). Les deux films qu’il a tournés ensuite s’étant révélés eux aussi décevants sur le plan commercial (Broadway Melody of 1940, avec Eleanor Powell, et Swing Romance, avec Paulette Goddard), l’acteur espère bien que ce nouveau projet va lui permettre de renouer enfin avec le succès. Travaillant pour la première fois avec la Columbia, il se voit proposer pour partenaire Rita Hayworth, jeune espoir du studio qui s’est fait remarquer dans des rôles de plus en plus importants, mais qui n’a encore jamais partagé la vedette d’un film avec une star comme Fred Astaire. La jeune actrice est d’ailleurs très nerveuse à l’idée de devoir danser avec un artiste aussi exigeant – et de se voir immanquablement comparée à Ginger Rogers quand sortira le film.

Haut de gamme : Afin d’augmenter encore le prestige du projet, la Columbia décide d’y associer les noms du compositeur Cole Porter et de l’humoriste Robert Benchley, tous deux très populaires à l’époque. Éditorialiste connu pour son esprit incisif et acteur à ses heures, Benchley se voit chargé d’apporter sur le plateau un contrepoint comique à la romance des deux héros, tout comme l’étonnant Cliff Nazzaro, connu du public pour sa maîtrise du « double talk » – une sorte de langage absurde alors à la mode dans les spectacles de music-hall. C’est le réalisateur Sidney Lanfield, qui a signé auparavant à la Fox de nombreuses comédies musicales d’Alice Faye et de Sonja Henie, qui met en scène cette histoire qui débute dans un théâtre de Broadway et se termine dans un camp militaire (le titre : You’ll Never Get Rich, est extrait d’une vieille chanson de soldats). Le scénario n’est en fait qu’un prétexte pour enchaîner les séquences musicales, chorégraphiées officiellement par Robert Alton. Mais celui-ci ne règle en réalité que les numéros d’ensemble, car Fred Astaire se charge comme toujours de ses propres « routines », comme les appellent les Américains.

Une nouvelle Ginger ? Contrairement à ce que craignait Rita Hayworth, Fred Astaire se montre agréablement surpris par ses talents de danseuse – il dira même plus tard que, de toutes ses partenaires, Rita était celle qui mémorisait le plus vite les chorégraphies. Le tandem passe tout de même sept semaines à répéter les numéros du film, en particulier ceux de « So Near and Yet So Far », avec ses rythmes latins inhabituels pour Astaire, et de « The Wedding Cake Walk », qui donne lieu à un étonnant final (c’est la chanteuse Martha Tilton, ancienne vocaliste de l’orchestre de Benny Goodman, qui interprète le morceau – lequel se termine par un clin d’œil à « Night and Day », composé pour Astaire dans The Gay Divorcee…). Mais de toutes les chansons écrites pour le filin par Cole Porter, c’est finalement « Since I Kissed My Baby Goodbye », interprétée par le groupe noir The Four Tones, qui se verra honorée par une nomination à l’Oscar. Très bien accueilli lors de sa sortie le 25 septembre 1941 (deux mois avant Pearl Harbor et l’entrée en guerre des États-Unis), You’ll never get rich relance la carrière de Fred Astaire, et fait de Rita Hayworth, la nouvelle star de la Columbia. Rien d’étonnant, donc, à les voir tous deux réunis l’année suivante dans You Were Never Lovelier (Ô toi ma charmante)…

Programme musical (sélection)
Fiche technique du film


FRED ASTAIRE
La longue carrière de Fred Astaire est désormais entrée dans la légende ; son exceptionnel génie de danseur ne l’a toutefois pas empêché d’être aussi un excellent acteur.

RITA HAYWORTH
Rita Hayworth fut une actrice magnifique, une vamp éblouissante, une pin-up d’anthologie, et pourtant la postérité ne lui rend pas justice. Mais ce personnage de sex-symbol castrateur, façonné par Harry Cohn, le patron de la Columbia, était à cent lieues de la véritable Rita…

LE MYTHE GINGER ET FRED
Dans les années 1930, la RKO révolutionne la comédie musicale grâce à deux artistes qui, de Carioca (Flying Down to Rio) à La Grande Farandole (The Story of Vernon and Irene Castle), vont s’imposer comme les maîtres du genre.
Catégories :La Comédie musicale
Bonjour,
Le titre de ce film me plaît beaucoup. De plus, je suis fan des comédies musicales, mais je n’en ai jamais vu en noir et blanc. J’ai aussi hâte d’en savoir plus sur le réalisateur Sidney Lanfield.
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