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5 FINGERS (L’Affaire Cicéron) – Joseph L. Mankiewicz (1952)

Diello, un serviteur jadis congédié qui lui propose une association, la comtesse Staviska réplique par une gifle. « Parce que vous m’avez parlé en domestique. Comme un être qui se croirait inférieur et qui essaierait d’acheter ce qu’il penserait ne pas mériter. » Scène qui donne le ton des rapports passionnants entre James Mason et Danielle Darrieux (splendides l’un et l’autre). Dialogues étincelants et mise en scène d’une élégance ironique, qui fait de cette Turquie neutre un immense jeu de dupes, que le héros croit, en vain, pouvoir dominer.

HENRI DECOIN : LA VIE À DEUX

Au départ, « La Vérité sur Bébé Donge » n’eut pas la critique qu’on pouvait en attendre, et le succès en dépit des têtes d’affiche fut seulement honorable. Présenter Gabin en vaincu, Darrieux en victime justicière, c’était, peut-être, aller trop carrément à l’encontre des idées établies chez le spectateur.

HENRI DECOIN : UN FIS D’AMÉRIQUE

Henri Decoin promenait un regard vif et intéressé sur les méthodes de travail américaines. Déjà, au temps de la U.F.A. et des studios de Neubabelsberg, il était séduit par cette organisation bien huilée du travail d’équipe qui aboutit à la perfection technique. Il s’ingénie à saisir également le tour de main, les secrets de fabrication, qui, assimilés, digérés, donnent aux films cette sensation euphorique de mécanique admirablement réglée, de fini, de poli. On pourra constater, dès son retour en France, qu’il saura appliquer intelligemment à la production française, le fruit de ses observations.

LA RONDE – Max Ophüls (1950)

L’interminable travelling qui ouvre le film permet au narrateur de traverser une scène de théâtre, un studio de cinéma, de s’habiller en costume 1900, de faire s’animer un manège sur lequel apparaît la fille des rues. Celle-ci rencontre un soldat, qui courtise une femme de chambre, et la ronde va tourner ainsi jusqu’à ce qu’un comte très snob retrouve la fille des rues… Les mouvements de caméra étincelants, l’ironie et le brio de la mise en scène dissimulent mal la gravité de la pièce de Schnitzler. Tous les héros semblent, dans leur course frénétique vers le plaisir, lutter contre le temps. Jean-Louis Barrault surjoue, et on eût préféré Marlene Dietrich, initialement prévue, à Isa Miranda. Mais tout le reste est sublime. Notamment le moment où Daniel Gélin et Danielle Darrieux discutent de l’impuissance masculine à propos de De l’amour, de Stendhal… [Pierre Murat – Télérama]

LA VERITÉ SUR BÉBÉ DONGE – Henri Decoin (1952)

Cette fin d’année 1951 va s’achever avec le tournage du film-somme de Decoin, La Vérité sur Bébé Donge. Il y retrouve Danielle Darrieux, Simenon. Et il y rencontre, pour la première fois, Jean Gabin. Cela aurait pu être une honnête adaptation de Simenon, comme Decoin en a déjà concocté plusieurs, ou un film de monstres sacrés, comme il y en avait tant. Ce sera autre chose. Et l’on aurait garde d’oublier, dans l’hommage, dans l’éblouissement, Maurice Aubergé, scénariste-adaptateur exemplaire.

VAGUE CRIMINELLE SUR LE CINÉMA FRANÇAIS

Doublement influencé par la vogue des films noirs américains et par les tragédies urbaines de Marcel Carné, le cinéma français va connaitre, au cours des années 50, un véritable déferlement criminel dans ses salles obscures…
Au-delà des motivations commerciales évidentes – il s’agissait en effet de répondre à la demande du public français fasciné par les films noirs américains -, la production intensive de films policiers au cours des années 50 ne fait que s’inscrire dans une longue tradition littéraire et cinématographique nationale.

MARIE-OCTOBRE – Julien Duvivier (1959)

Un grand film de la fin des « années 50 », signé Julien Duvivier et Henri Jeanson. Un véritable suspens, magistralement interprété par une pléiade de comédiens prestigieux. En 1944, ils formaient un réseau de Résistance. L’un deux a trahi. Des années plus tard « Marie-Octobre », seule femme du groupe, les réunit pour découvrir qui a trahi… Et, à la fin de l’enquête, le traître devra mourir !

LE DÉSORDRE ET LA NUIT – Gilles Grangier (1958)

Sorti en mai 1958, ce film de Gilles Grangier met en scène un inspecteur de police qui, pour avoir du flair, n’en est pas moins très éloigné de la rigueur d’un Maigret. L’occasion pour Gabin d’une composition inédite, face à deux actrices d’exception. Tout est osé pour l’époque dans ce polar dur et tendre qui s’ouvre sur le visage en sueur d’un batteur de jazz noir dont le solo enflamme un cabaret du 8e arrondissement.

ABUS DE CONFIANCE – Henri Decoin (1937)

Abus de confiance est un beau mélodrame. Selon la règle, il oscille entre le sordide et l’opulence, s’ouvre sur l’image d’un cimetière, trouve sa conclusion dans un prétoire. La vertu de Danielle Darrieux, orpheline de bonne éducation, éprouvée par la pauvreté, subit les pires assauts, et, si la jeune fille écoute les funestes conseils d’une amie, c’est à la fois par lassitude, par imprudence, et par goût secret du romanesque. Or, du moment où elle accepte l’idée d’un abus de confiance, où, tendant une correspondance jaunie, elle se présente comme l’enfant de l’amour d’un romancier célèbre, tout autour d’elle devient clair et fleuri.

RETOUR A L’AUBE – Henri Decoin (1938)

Un soir de mai 1938, une foule immense accueille à la gare Saint-Lazare Danielle Darrieux (et, accessoirement, son mari) de retour d’Hollywood. Ils commencent rapidement le tournage de ce qui va devenir le plus beau film de cette période, Retour à l’aube. Adapté d’une nouvelle de Vicky Baum, le film est tourné en partie en Hongrie. Le thème évoque les courts romans de Stefan Zweig par sa simplicité : Anita Ammer, femme du chef de gare d’une petite ville de province, doit se rendre à Budapest pour toucher un héritage. Elle y passera une nuit qui changera sa vie pour toujours.

PREMIER RENDEZ-VOUS – Henri Decoin (1941)

Micheline (Danielle Darrieux) rencontre l’homme avec lequel elle correspond depuis l’orphelinat, et dont elle est tombée amoureuse. Voyant sa déception, celui-ci, un vieux professeur (Fernand Ledoux) prétend être venu en lieu et place de son neveu (Louis Jourdan). Mis dans la confidence, d’abord réticent, celui-ci finira par épouser Micheline. D’une certaine manière, le scénario résume la forme. Premier Rendez-vous sera un film d’apparences.