Étiquette : michael curtiz

MICHAEL CURTIZ

Vétéran du septième art, le Hongrois Michael Curtiz abordera avec succès les genres les plus divers au cours de sa prolifique carrière et s’affirmera comme l’un des maîtres du film d’action hollywoodien. « Curtiz se réjouissait à la vue du sang, à tel point qu’il insistait pour que les épées ne soient pas mouchetées ! » Ce jugement d’Errol Flynn est peut-être influencé par l’antipathie réciproque des deux hommes. Toutefois, Olivia de Havilland confirme pour sa part que le cinéaste se montra toujours «despotique et coléreux », D’un tempérament maniaco-dépressif, Curtiz sacrifiait peu en effet aux « contacts humains ». Mais son dynamisme, sa rapidité, son efficacité et son sens de l’économie allaient faire de lui le meilleur artisan de la Warner, pour laquelle il signera 45 films de 1930 à 1939.  

CASABLANCA – Michael Curtiz (1942)

Certains des grands films de l’histoire du cinéma donnent l’impression qu’ils étaient destinés dès le début à être tels quels, qu’ils n’auraient pu être interprétés différemment ou mis en scène par quelqu’un d’autre. Et pourtant, parfois, un film n’aurait en rien dû être tel que nous le connaissons tous. Et c’est bien le cas de Casablanca…

QU’EST-CE QUE LE FILM NOIR ?

Comment un cycle de films américains est-il devenu l’un des mouvements les plus influents de l’histoire du cinéma ? Au cours de sa période classique, qui s’étend de 1941 à 1958, le genre était tourné en dérision par la critique. Lloyd Shearer, par exemple, dans un article pour le supplément dominical du New York Times (« C’est à croire que le Crime paie », du 5 août 1945) se moquait de la mode de films « de criminels », qu’il qualifiait de « meurtriers », « lubriques », remplis de « tripes et de sang »…

HUMPHREY BOGART : INSOLENT ET ROMANTIQUE

Humphrey Bogart naquit à New York le 23 janvier 1899. Son père, le docteur Belmont De Forest Bogart, était un des chirurgiens les plus renommés de la ville. Sa mère, Maud Humphrey, travaillait comme illustratrice pour des magazines. Après avoir fait ses études à la Trinity School, Bogart s’inscrit à la Philipps Academy d’Andover (Massachusetts) et prépare Yale. Expulsé pour mauvaise conduite, il s’engage en 1918 dans la marine, où il sert durant quelques mois. De retour à la vie civile, il entre au service du producteur de théâtre William A. Brady qui l’encourage à tenter une carrière d’acteur. Ses premières apparitions sont peu probantes, mais Bogart persiste et apprend progressivement à maîtriser son jeu. De 1923 à 1929, distribué le plus souvent dans des rôles de jeune premier chic et nonchalant, il travaille notamment sous la direction de John Cromwell (qui, en 1947, le dirigera dans Dead Reckoning – En marge de l’enquête), David Belasco et Guthrie McClintic.

NIGHT AND DAY (Nuit et jour) – Michael Curtiz (1946)

Après Till the clouds roll by (La Pluie qui chante), film consacré à Jerome Kern, et Words and Music (Ma vie est une chanson), évocation du tandem formé par Rodgers et Hart, nous continuons notre exploration d’un genre très en vogue à Hollywood dans les années 40 et 50 : la « vraie fausse » biographie de compositeur. Cette fois, c’est le brillant Cole Porter qui est à l’honneur. En choisissant de donner au film le titre d’une de ses plus célèbres chansons (Night and Day), la Warner mise – avec raison – sur la grande popularité de celui qui a déjà signé à l’époque de nombreux spectacles à succès. Si le public des théâtres new-yorkais ne représente évidemment qu’une infime proportion de la population américaine des années 40, le reste du pays n’en connaît pas moins les mélodies de Cole Porter, devenues pour beaucoup des standards à la radio. Nuit et jour fait donc la part belle à ces « tubes », qu’il s’agisse de Begin The Beguine, Just One Of Those Things ou My Heart Belongs To Daddy. Comme Irving Berlin, Porter s’avère aussi doué pour les paroles que pour la musique et ses compositions à l’humour sophistiqué et aux nombreux sous-entendus lui confèrent une place à part dans le monde de la musique. Une place que les innombrables reprises de ses chansons lui ont permis de conserver jusqu’à nos jours…

MILDRED PIERCE (Le Roman de Mildred Pierce) – Michael Curtiz (1945)

Du roman d’origine (que le titre français évoque à tort), Hollywood ne consentit pas à garder l’amoralité. Egalement auteur du Facteur sonne toujours deux fois, James M. Cain concluait son livre par un inceste symbolique et assumé entre une fille et son beau-père. Le film a beau sauver l’honneur en remplaçant cette dérive par un assassinat, les images continuent d’exhaler un parfum de soufre aussi entêtant qu’involontaire. Il tient aussi à ce que l’on a appris depuis sur la fibre maternelle de Joan Crawford, plutôt rugueuse et cassante dans la vie, aux dires de sa fille Cristina. La star campe une louve en vison que les premiers plans du film laissent errer dans une mare de chagrin. Un coup de feu a été tiré dans sa maison. Appelée au poste pour s’expliquer sur le cadavre trouvé chez elle, Mildred susurre un long flash-back… La voilà bobonne en robe mal coupée, appliquée à préparer une sauce béchamel pendant que son mari reçoit un coup de fil de sa maîtresse. C’en est trop, Mildred le quitte et se démène comme une diablesse pour offrir à ses filles une vie de rêve. Le fruit de ses entrailles est la prunelle de ses yeux. Regardons donc ses yeux : sous le velours charbonneux pointent des flèches acérées… Mise en lumière par les meilleurs techniciens de la Warner, cette ambiguïté glaçante continue de faire le sel de ce film noir en apnée. [Marine Landrot – Télérama]

WHITE CHRISTMAS (Noël blanc) – Michael Curtiz (1954)

L’automne 1954 a sans doute été une période difficile pour les responsables de la comédie musicale à la MGM. Non que leurs productions de l’année, comme Brigadoon ou Seven Brides for Seven Brothers (Les Sept Femmes de Barbe-Rousse), aient été des échecs. Mais tout d’un coup, deux concurrents semblent vouloir saper leur suprématie sur le genre musical. C’est en effet le 11 octobre que la Warner organise l’avant-première New-Yorkaise de A star is born (Une étoile est née), qui marque le grand come-back de Judy Garland (remerciée quelques années plus tôt par… la MGM). Et c’est à peine trois jours plus tard que, dans la même ville, la Paramount offre au public la primeur de White Christmas (Noël blanc), qui associe les talents de Bing Crosby à ceux du compositeur Irving Berlin. Sans compter que ce film de Michael Curtiz s’appuie également sur le charisme du comique Danny Kaye et de la chanteuse à succès Rosemary Clooney, tous deux extrêmement populaires. Gageons que les exécutifs de la MGM ont espéré un temps que ces deux films ne tiendraient pas leurs promesses. On sait qu’il n’en fut rien. Car si le charmant White Christmas  n’a pas atteint le statut de film culte de A star is born , il a tout de même rapporté 12 millions de dollars à sa sortie, avant de devenir un grand classique des rediffusions de fin d’année en Amérique. [Eric Quéméré – Comédies musicales]

THE UNSUSPECTED (Le Crime était presque parfait) – Michael Curtiz (1947)

Ne pas confondre avec le célèbre huis clos d’Alfred Hitchcock, réalisé sept ans plus tard. Ici, le concepteur du « crime presque parfait » n’est pas un ex-champion de tennis, mais un animateur de radio spécialisé dans les récits policiers — le cousin américain de Pierre Bellemare, qui, une fois le micro coupé, se transformerait en génie du mal. Et le scénario, avec la réapparition d’une femme que l’on croyait morte, rappelle plutôt le Laura d’Otto Preminger, en plus poussif. Ce film noir chez les nantis vaut surtout pour la photographie tout en ombres menaçantes de Woody Bredell, le chef opérateur des Tueurs (The Killers de Robert Siodmak), grand classique du film noir.  [Samuel Douhaire – Télérama]

Autour de Pépé le Moko : RÊVES D’EXOTISME

Très tôt, le cinéma a rêvé d’horizons lointains. À la suite des opérateurs Lumière, lancés dès 1897 dans la chasse aux vues « pittoresques », certains réalisateurs partent aux quatre coins du monde pour en rapporter des images jusque-là inconnues. En 1922, Robert Flaherty signe ainsi avec Nanouk l’Esquimau le premier grand documentaire du septième art (il cosignera ensuite avec Murnau le magnifique Tabou). De son côté, Léon Poirier retrace dans La Croisière noire la célèbre expédition Citroën en Afrique. Mais la fiction n’est pas en reste : dès 1921, Jacques Feyder crée l’événement en tournant L’Atlantide non pas en studio, mais dans le Sahara. Le film remporte un énorme succès, et le public va s’avérer désormais friand de contrées mystérieuses – un goût encore accentué par l’Exposition coloniale de Paris en 1931.

Hollywood et le nazisme

Le cinéma américain pouvait difficilement ignorer la réalité du nazisme et du fascisme en Europe, mais les réflexions qu’elle lui inspira ne furent pas toujours à la hauteur de ce qu’on en attendait. Elles allèrent d’une certaine indifférence à la neutralité, avec de rares moments de franche opposition. […]

FEMALE – Michael Curtiz, William A. Wellman, William Dieterle (1933)

La bande-annonce de Female résume parfaitement son propos, si l’on considère que la fin « romantique », expédiée en quelques minutes, est artificiellement plaquée sur le véritable sujet du film : « La plupart des femmes dissimulent leurs désirs… Voici l’histoire d’une femme qui en fait ouvertement étalage ! Female montre comment les femmes modernes font la chasse aux hommes. »