Le Film Noir

THE UNSUSPECTED (Le Crime était presque parfait) – Michael Curtiz (1947)

Ne pas confondre avec le célèbre huis clos d’Alfred Hitchcock, réalisé sept ans plus tard. Ici, le concepteur du « crime presque parfait » n’est pas un ex-champion de tennis, mais un animateur de radio spécialisé dans les récits policiers — le cousin américain de Pierre Bellemare, qui, une fois le micro coupé, se transformerait en génie du mal. Et le scénario, avec la réapparition d’une femme que l’on croyait morte, rappelle plutôt le Laura d’Otto Preminger, en plus poussif. Ce film noir chez les nantis vaut surtout pour la photographie tout en ombres menaçantes de Woody Bredell, le chef opérateur des Tueurs (The Killers de Robert Siodmak), grand classique du film noir[Samuel Douhaire – Télérama]

crime_etait_presque_parfait_1947_03
THE UNSUSPECTED (Michael Curtiz, 1947)
L’histoire

Une jeune femme est tuée, par son patron, Victor Grandison (Claude Rains) célèbre personnalité de la radio, qui déguise le meurtre en suicide. Il nourrit son goût pour le macabre dans ses émissions radiophoniques, pleines de violence et d’une précision exacerbée dans les détails scabreux. Steven Howard (Ted North) revenant de la guerre, cherche à venger la mort de sa fiancée assassinée par Grandison. Howard a recours à tous les moyens, y compris la simulation, pour obliger Grandison à avouer son crime : il tente de persuader sa nièce, Matilda (Joan Caulfield) qu’il est son mari disparu et qu’il voudrait la guérir de sa dépression nerveuse. Grandison, de peur que la fortune familiale ne lui échappe et pour éviter de se faire démasquer décide de supprimer Howard. Pour cela, il fait pression sur un prisonnier évadé en usant de chantage. Grandison empoisonne Matilda, déguisant une fois de plus le crime en suicide, mais ne réussit pas à la tuer. Howard échappe à la mort et Grandison devra payer pour ses crimes.

crime_etait_presque_parfait_1947_04
THE UNSUSPECTED (Michael Curtiz, 1947)

The Unsuspected est un film noir d’une grande qualité stylistique. Le roman de Charlotte Armstrong sert de support à Michael Curtiz pour faire le portrait d’un meurtrier décadent pris au piège de ses propres machinations. Les lumières expressionnistes et le recours aux ombres menaçantes intègrent nettement le film au genre noir.

crime_etait_presque_parfait_1947_05
THE UNSUSPECTED (Michael Curtiz, 1947)

La mise en scène imaginative et la photographie brillante de Woody Bradell lient le monde de la grande bourgeoisie, où évolue Grandison, à la pègre la plus répugnante. Une séquence du film symbolise exactement la paranoïa et la claustrophobie qui se retrouvent si souvent dans le film noir : Jack Lambert, incarnant le tueur que Grandison a fait chanter, est étendu sur son lit, en train de fumer une cigarette. A la radio, Grandison raconte une de ses histoires criminelles. La seule lumière éclairant la chambre d’hôtel lugubre est une réclame au néon, s’illuminant par intermittence ; le clignotement des lettres visibles à travers la fenêtre répond aux pensées embrouillées de l’assassin : « Tue… Tue… Tue. » [Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]

crime_etait_presque_parfait_1947_02
THE UNSUSPECTED (Michael Curtiz, 1947)

LE FILM NOIR
Comment un cycle de films américains est-il devenu l’un des mouvements les plus influents de l’histoire du cinéma ? Au cours de sa période classique, qui s’étend de 1941 à 1958, le genre était tourné en dérision par la critique. Lloyd Shearer, par exemple, dans un article pour le supplément dominical du New York Times (« C’est à croire que le Crime paie », du 5 août 1945) se moquait de la mode de films « de criminels », qu’il qualifiait de « meurtriers », « lubriques », remplis de « tripes et de sang »…


L’extrait

MICHAEL CURTIZ
Vétéran du septième art, le Hongrois Michael Curtiz abordera avec succès les genres les plus divers au cours de sa prolifique carrière et s’affirmera comme l’un des maîtres du film d’action hollywoodien.


MILDRED PIERCE (Le Roman de Mildred Pierce) – Michael Curtiz (1945)
La triste intrigue de Mildred Pierce rappelle les nombreux films féminins produits pendant les années de guerre par Hollywood pour les mères et les épouses de soldats partis au combat. Joan Crawford, jusque-là quasiment inconnue, se mesure une nouvelle fois à des stars comme Bette Davis ou Olivia de Havilland, cette fois dans un mélodrame classique sur la mauvaise éducation et les hommes qu’il vaudrait mieux ne pas fréquenter. 

NIGHT AND DAY (Nuit et jour) – Michael Curtiz (1946)
Après Till the clouds roll by (La Pluie qui chante), film consacré à Jerome Kern, et Words and Music (Ma vie est une chanson), évocation du tandem formé par Rodgers et Hart, nous continuons notre exploration d’un genre très en vogue à Hollywood dans les années 40 et 50 : la « vraie fausse » biographie de compositeur. Cette fois, c’est le brillant Cole Porter qui est à l’honneur. 

CASABLANCA – Michael Curtiz (1942)
Certains des grands films de l’histoire du cinéma donnent l’impression qu’ils étaient destinés dès le début à être tels quels, qu’ils n’auraient pu être interprétés différemment ou mis en scène par quelqu’un d’autre. Et pourtant, parfois, un film n’aurait en rien dû être tel que nous le connaissons tous. Et c’est bien le cas de Casablanca…

WHITE CHRISTMAS (Noël blanc) – Michael Curtiz (1954)
L’automne 1954 a sans doute été une période difficile pour les responsables de la comédie musicale à la MGM. Non que leurs productions de l’année, comme Brigadoon ou Seven Brides for Seven Brothers (Les Sept Femmes de Barbe-Rousse), aient été des échecs. Mais tout d’un coup, deux concurrents semblent vouloir saper leur suprématie sur le genre musical. 


THE UNSUSPECTED (Michael Curtiz, 1947)


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.