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MADAME BOVARY – Vincente Minnelli (1949)

Fasciné par Flaubert, Vincente Minnelli ne pouvait qu’être touché par Emma, personnage illogique et complexe, tiraillé entre un monde imaginaire et une réalité médiocre. Le film s’attache aux miroirs et à leurs reflets, qui témoignent de la lente dégradation du rêve : miroir terne dans une ferme, miroirs luxueux qui voient le triomphe d’Emma au bal (sur une valse de Miklós Rózsa). Et, à la fin, miroir brisé dans la chambre d’hôtel du médiocre adultère. Les mouvements d’appareil sophistiqués, dignes de Max Ophuls, accompagnent l’accession illusoire d’Emma à un autre monde.

THE WIZARD OF OZ (Le Magicien d’Oz) – Victor Fleming (1939)

Célèbre pour ses chansons, The Wizard of Oz (Le Magicien d’Oz) le fut aussi en son temps pour son budget inhabituel et son tournage mouvementé. Alors que les réalisateurs se succèdent aux commandes de cette superproduction de la M.G.M., les prises de vues sont en effet retardées par des accidents : après l’intoxication à l’aluminium de l’Homme de fer, c’est la sorcière qui prend feu, puis sa doublure. Et même le chien « jouant » Toto sera blessé à la patte… Mais au-delà de l’anecdote, c’est bien sûr le film lui-même qui fascine le public – en particulier les Américains – depuis plus de soixante-dix ans. Son esthétique y est pour beaucoup : explorant les possibilités du Technicolor naissant, le chef opérateur Harold Rosson et le directeur artistique Cedric Gibbons ont créé un univers aux tons saturés et aux formes étonnantes, qui font du film un feu d’artifice visuel.

WORDS AND MUSIC (Ma vie est une chanson) – Norman Taurog (1948)

En 1918, à l’université de Columbia, Richard Rodgers et Lorenz Hart, deux étudiants rêveurs, enthousiastes et passionnés de musique font connaissance. Ils s’associent pour écrire des spectacles musicaux joués par les étudiants, Rodgers écrivant les notes et Hart les paroles des chansons. Leurs productions font tant parler d’elles que, l’année suivante, ils parviennent à placer l’une de leurs chansons, Any Old Place With You, dans un spectacle de Broadway. Le morceau obtient un gros succès commercial à la suite duquel, pendant deux décennies, les deux hommes vont régner sur Broadway et écrire des dizaines de classiques de la musique populaire américaine… Film de prestige réunissant des plus grandes vedettes de la MGM, cette biographie musicale retrace de manière fort libre le compagnonnage de Richard Rodgers et Lorenz Hart.

THE HARVEY GIRLS (Les Demoiselles Harvey) – George Sidney (1946)

Lors de son voyage vers Sandrock, où elle doit épouser un beau jeune homme contacté par petite annonce, Susan Bradley sympathise avec un groupe de femmes qui se rendent elles aussi dans cette bourgade afin d’y travailler dans le nouveau restaurant Harvey. Mais arrivée à destination, Susan découvre que le « beau jeune homme » ne correspond pas du tout aux descriptions de ses lettres… Pur produit de la Freed Unit, le film de George Sidney offre à Judy Garland l’un de ses rôles les plus populaires. ainsi qu’un Oscar de la meilleure chanson. Genèse d’un western musical.

LES MUSICALS DE LA MGM

L’âge d’or de la comédie musicale hollywoodienne, celle qui réussit l’accord parfait entre action, musique et danse, est à jamais lié à un sigle : MGM et à un nom : Arthur Freed, le grand promoteur du genre. « Nous comptons plus d’étoiles que le ciel», telle était l’orgueilleuse devise de la MGM, et si l’on considère le nombre de vedettes – de Greta Garbo à Mickey Rooney – que la firme avait sous contrat à la fin des années 30, on peut dire qu’elle était à peine exagérée. Pourtant, la MGM ne sut pas toujours tirer le meilleur parti de son exceptionnelle « écurie ».

JUDY GARLAND

Judy Garland à l’instar d’un James Dean ou d’une Marilyn Monroe, est entrée trop tôt dans la légende du cinéma. Personnalité fragile et dépressive, elle n a pas pu surmonter les profondes crises qui entraînèrent sa fin prématurée. Par sa carrière exceptionnelle commencée dès sa plus tendre enfance aussi bien que par sa mort précoce, à quarante-sept ans à peine, Judy Garland est devenue un mythe du monde du spectacle. Perfectionniste et tourmentée, elle fut la victime de son propre succès, payant de sa santé et, pour finir, de sa vie l’adulation qu’elle suscita. Sans la moindre pitié. elle fut, toute sa vie durant, jetée en pâture au public avide de tout savoir sur elle.

MEET ME IN ST. LOUIS (Le Chant du Missouri) – Vincente Minnelli (1944)

En 1903, lu ville de Saint-Louis se prépare avec effervescence à l’Exposition Universelle qui doit célébrer le centenaire de la vente de la Louisiane aux États-Unis. La famille Smith attend elle aussi ce grand événement, même si certains de ses membres se passionnent pour d’autres questions. La jeune Esther s’inquiète notamment du fait que le prétendant de sa sœur aînée ne semble pas vouloir se déclarer… Premier des cinq films tournés par Vincente Minnelli avec Judy Garland, cette comédie musicale de 1944 est un hymne à l’amour et aux joies de la famille. Genèse d’un immense succès.

ZIEGFELD FOLLIES – Vincente Minnelli (1945)

Dans un paradis de coton et de marbre, Florenz Ziegfeld se remémore ses souvenirs terrestres. Il fut un très célèbre directeur de revue à Broadway. Un à un, ses numéros défilent dans sa mémoire. Ne vous laissez pas effrayer par les automates mal dégrossis qui ouvrent le film. Dans un Broadway cartonné façon école maternelle, Vincente Minnelli commence par évoquer la pré-histoire de la comédie musicale, avec toute sa mièvrerie archaïque. Au fil du temps, il nous laisse contempler l’éclosion de ce genre féerique, pour accéder à l’apothéose, avec des numéros étincelants, peut-être parmi les plus beaux que Hollywood nous ait offerts. A la manière d’un reportage foutraque et raffiné, il laisse les étoiles du genre (Fred Astaire, Judy Garland…) jouer leur propre rôle, et se gausse des futures hagiographies documentaires que la télévision leur consacrera. Une fantaisie brillante et prémonitoire qui nécessiterait peut-être un petit remontage : l’humour de certains sketchs non musicaux a mal vieilli, mais la folie brûlante des autres compense largement ces faiblesses. Allez, s’il fallait n’en garder que deux, ce serait sans aucun doute la lévitation éthylique de Cyd Charisse, blottie dans un nuage de bulles de champagne, et le frissonnant Love, que Lena Horne psalmodie comme une formule hypnotique… [Télérama – Marine Landrot]

ROYAL WEDDING (Mariage royal) – Stanley Donen (1951)

Tourné pendant l’été 1950, le second film de Stanley Donen est avant tout un écrin pour le talent extraordinaire de Fred Astaire, parfaitement secondé ici par la charmante Jane Powell.
Amoureux sur scène, Tom et Ellen Bowen sont frère et soeur à la ville. Leur nouveau spectacle de Broadway remporte un tel succès qu’on leur propose bientôt de le présenter à Londres. Tous deux sont évidemment emballés à cette idée, même si cela implique pour Ellen de laisser à New York ses chevaliers servants. Les artistes s’embarquent donc pour l’Angleterre, où se prépare fébrilement le mariage de la jeune princesse Elizabeth…

BRIGADOON – Vincente Minnelli (1954)

En 1954, Gene Kelly retrouve le réalisateur d’Un Américain à Paris pour une fable musicale pleine de bruyères et de cornemuses. 
On a parfois dit que Brigadoon était la plus européenne des comédies musicales américaines. Inspirée d’un conte allemand et transposée en Écosse, son intrigue joue sur la nostalgie de la Vieille Europe, cette terre qu’ont quittée tant d’immigrants devenus citoyens des États-Unis.

AN AMERICAN IN PARIS – Vincente Minnelli (1951)

Couvert d’oscars et de récompenses de toutes sortes, généralement porté aux nues, considéré souvent comme le plus grand « musical » de l’histoire du cinéma, Un Américain à Paris est le film qui a le plus contribué à la célébrité de Vincente Minnelli. Quand on parle de lui aux profanes, on peut se contenter de dire : c’est l’auteur de Un Américain à Paris. That’s Entertainment, laborieux film de montage, se termine, en apothéose, par son célébrissime ballet final. Un livre entier (The Magic Factory : How MGM Made An American in Paris), a été consacré au tournage. Tous les collaborateurs du film en parlent avec des sanglots dans la voix. Et pourtant, nous restons sur une étrange impression de réserve, car il s’agit d’un des films les plus inégaux de son auteur. Si le ballet final, maintes fois célébré, n’a rien perdu de son éclat, il  faut pourtant nuancer sur le reste et si, finalement, Un Américain à Paris était un des films les moins personnels de Minnelli ? Si sa réputation était, en partie du moins, usurpée ?

THE BARKLEYS OF BROADWAY (Entrons dans la danse) – Charles Walters (1949)

Epoux à la ville, Josh et Dinah Barkley forment également un duo de music-hall très populaire. Mais lors d’une réception, le couple rencontre le metteur en scène français Jacques Barredout, qui se met en tête de faire de Dinah une héroïne de tragédie. Celle-ci quitte alors le spectacle qu’elle joue avec son mari pour se lancer dans cette nouvelle carrière. Mais Dinah va bientôt s’apercevoir que le théâtre « noble » n’est pas une mince affaire… Confirmant sa suprématie dans le genre musical, la MGM orchestre en 1949 le retour à l’écran des légendaires Fred Astaire et Ginger Rogers, qui menaient depuis dix ans une carrière solo.