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KATHARINE HEPBURN

Katharine Hepburn a incarné, mieux qu’aucune autre star de Hollywood, le dynamisme, le courage et l’idéalisme. A travers des rôles très divers, elle a représenté, pour plusieurs générations de femmes, l’idéal de l’indépendance. Et elle le fit toujours avec fierté, conscience et rigueur.

GEORGE CUKOR ou comment le désir vient aux femmes

Qu’elle soit diablesse, lady, girl, affiche, âgée, aux camélias, en collant rose ou à deux visages, la femme occupe dans l’univers réaliste mais luxueux de George Cukor le devant de la scène. La femme en enfer, la dame damnée : Tarnished Lady (1931), ainsi s’intitule le premier film de George Cukor… Toute l’œuvre de Cukor est ainsi bâtie qu’elle n’est ni drame ni divertissement, et qu’elle refuse les limites d’un choix définitif. Pile, face, Cukor a filmé sur la tranche, dorée au soleil d’Hollywood.

L’ESPRIT DU NEW DEAL

Au début du New Deal. Hollywood réagit à la période noire de la crise économique par des films ou le réalisme. les sentiments forts et l’esprit d’aventure composaient une sorte d’« optimisme de la volonté ». L’arrivée du parlant, qui coïncida aux Etats-Unis avec la Dépression, favorisa la popularité de vedettes incarnant des personnages « quotidiens » avec lesquels les spectateurs pouvaient s’identifier. Très différents des inaccessibles stars du muet, les jeunes vendeuses et les vaillants garçons de province qui peuplaient désormais les écrans vivaient la crise, montrant parfois comment résoudre les problèmes de l’heure.

MY FAIR LADY – George Cukor (1964)

Mille costumes, dix-sept habilleuses, vingt-six maquilleuses, trente-cinq coiffeurs, des étoffes et des plumes venues de tous les pays, des fourrures rares, des bijoux en cascade… : My Fair Lady reste le plus altier et luxueux de tous les défilés de haute couture. Son créateur a un nom : Cecil Beaton, déjà directeur artistique du spectacle à Broadway qui avait lancé Julie Andrews. Pour le film, Jack Warner préféra Audrey Hepburn, doublée, pour le chant, par Marni Nixon.

DE STANISLAVSKY À L’ACTORS’ STUDIO

Influencés par les méthodes nouvelles mises au point en Union soviétique par Stanislavski, les acteurs américains adoptèrent un style de jeu capable d’exprimer plus directement l’essence de l’expérience humaine. Avec l’avènement du parlant, le cinéma allait plus que jamais puiser aux sources du théâtre : en masse, comédiens, écrivains et metteurs en scène à succès de Broadway gagnèrent Hollywood. Cela n’alla pas sans difficulté pour nombre d’entre eux car les techniques théâtrales n’étaient pas toujours compatibles avec les exigences cinématographiques. C’est ainsi que des professionnels aguerris de la scène durent opérer parfois des conversions radicales, tel James Cagney qui, de danseur et chanteur de Broadway, allait devenir un des « durs » de Hollywood…

GASLIGHT (Hantise) – George Cukor (1944)

Avec Gaslight (Hantise), George Cukor délaissait la comédie pour s’essayer au film noir, genre forcément tentant pour un cinéaste passionné par le mensonge et la double identité. Pourtant, ce thriller victorien où un mari tente de rendre sa femme folle vaut surtout comme un superbe exercice de style où le son et la photo, l’atmosphère donc, comptent plus que l’histoire, prévisible. Dans le clair-obscur superbe, très Jekyll et Hyde, du grand chef opérateur Joseph Ruttenberg, Charles Boyer, doucereux salaud hitchcockien, donne toutes les raisons à Ingrid Bergman de laisser irradier sa force fragile de parfaite victime hitchcockienne. Bel oiseau confiant qui passe de la docilité à l’effroi, c’est en elle et en son interprétation constamment surprenante que réside le mince suspense. Ce film lui vaudra d’ailleurs son premier oscar. Cukor a surtout réussi un film sur la cruauté domestique et l’illusion conjugale avec – on ne se refait pas – une vieille commère de quartier comme leitmotiv de comédie. [Télérama – Guillemette Odicino]

LES ANNÉES 1940 OU L’ÂGE D’OR DE LA COMÉDIE AMÉRICAINE

Sophistiquée ou burlesque, pétillante ou loufoque, la comédie hollywoodienne brille de tous ses feux durant les années de guerre. Avec quelques-unes des œuvres les plus désopilantes du cinéma américain. Préfigurant cette apogée de la comédie américaine, les années 1930 s’étaient achevées sur une expérience passablement insolite, mais qui avait eu l’heur de plaire au public. « La Garbo rit enfin ! », tel était le principal argument publicitaire de Ninotchka (1939). Sous la direction du génial Ernst Lubitsch, la grande star perdait son auréole de mystère et de drame en succombant aux charmes conjugués du champagne, de Melvyn Douglas et de Paris… Un mythe était mort. Après quoi, plus rien n’était sacré.

BORN YESTERDAY (Comment l’esprit vient aux femmes) – George Cukor (1950)

Belle, blonde et sotte, Billie est la petite amie d’un homme d’affaire puissant mais véreux. Celui-ci profite de l’ignorance de sa compagne pour la compromettre dans des affaires louches, jusqu’à ce qu’elle découvre la vérité grâce à un journaliste engagé pour lui apporter un semblant d’éducation. Judy Holliday remporta l’oscar de la meilleur actrice en 1950 pour sa très drôle et brillante prestation dans le rôle de Billie, qu’elle interpréta aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Tout d’abord pièce à succès de Broadway écrite par Garson Kaninn cette amusante comédie de mœurs a conquis Hollywood après avoir été adaptée au grand écran par George Cukor. 

LES GIRLS – George Cukor (1957)

Procès retentissant : lady Sybil Wren, ancienne girl de la troupe du célèbre danseur Barry Nichols, est poursuivie pour diffamation par une autre ex-girl, Angèle Ducros, à cause de son livre de souvenirs sur l’époque où, avec Joy, une troisième girl, elles étaient les vedettes du spectacle de Nichols à Paris. Les Girls peut se vanter d’avoir le scénario le plus sophistiqué de l’histoire de la comédie musicale : un Rashomon dans le milieu stylisé (comme les aime Cukor) du music-hall parisien des années 1950. Délicieusement immoral, il passe en revue trois petites arrivistes amoureuses de leur chorégraphe (forcément, c’est Gene Kelly), qui cherchent à épouser des hommes riches. Comme toujours chez Cukor, il n’y a qu’un pas (ici, un pas chassé) entre comédie et drame, entre illusion et réalité. « Où est la vérité ? », demande un panneau brandi devant le tribunal. Dans la synthèse de tous les mensonges de ces dames… Avec son casting brillant (mention spéciale à Kay Kendall en girl alcoolique), ses chansons de Cole Porter et sa chorégraphie de Jack Cole, Les Girls brille des derniers feux de la comédie musicale de l’âge d’or et offre à Gene Kelly son dernier grand rôle hollywoodien. Il chorégraphia lui-même un ballet hommage à The Wild One (L’Equipée sauvage), avec Marlon Brando, d’une beauté à tomber. [Guillemette Odicino – Télérama]

PARIS VU PAR HOLLYWOOD

Dans le cinéma hollywoodien, Paris est, de loin, la ville étrangère la plus représentée. On peut estimer à près de huit cents le nombre de films américains tournés à Paris, ou qui y sont situés par la reconstitution en décors. Plusieurs films par an assurément, parfois jusqu’à dix ou quinze dans la saison. En 1930 par exemple, un journaliste de Ciné-Magazine s’étonne en croyant avoir repéré un genre en soi : « Jamais plus qu’aujourd’hui, dans toute l’histoire du film, il n’y a eu en Amérique un tel engouement pour les atmosphères françaises, surtout parisiennes.