Histoire du cinéma

MARCEL AYMÉ, ENTRE SATIRE ET POÉSIE

Auteur d’un nombre considérable de romans, Marcel Aymé a également écrit pour l’écran, tout en cédant les droits de ses œuvres pour de multiples adaptations. Au point de devenir une figure incontournable du paysage cinématographique français.

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Dernier-né d’une famille de six enfants, Marcel Aymé voit le jour en 1902 dans l’Yonne. Mais à la mort de sa mère, deux ans plus tard, il se voit confié à ses grands-parents maternels. L’enfant est alors élevé dans un petit village du Jura, dont la population servira plus tard de modèle à bien des romans. Gagnant Paris, Marcel Aymé se lance dans des études de médecine, qu’il abandonne pour se consacrer à divers petits boulots, dont celui de journaliste. Mais il tombe gravement malade, et met à profit sa convalescence pour s’essayer à l’écriture : en résulte Brûlebois, un récit inspiré de ses souvenirs du Jura. Publié en 1926, l’ouvrage attire l’attention, et le jeune auteur va désormais écrire chaque année un nouveau roman. Satire du monde villageois, La Jument verte scandalise en 1933 la presse bienpensante, ce qui assure le succès du livre. Changeant de registre, mais restant dans l’univers campagnard, Marcel Aymé entame l’année suivante les fameux Contes du chat perché, qui paraîtront régulièrement jusqu’en 1946. Après-guerre, l’écrivain se tourne également vers le théâtre, où des pièces comme Clérambard témoignent de la même ironie mordante.  

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Marcel Aymé
Profession scénariste

En 1934, le réalisateur Pierre Chenal demande à Marcel Aymé de l’aider à adapter pour l’écran son propre roman, La Rue sans nom. Pour l’écrivain, c’est la découverte d’une nouvelle forme d’expression. Chenal lui offre alors d’adapter deux autres romanciers : Dostoïevski dans Crime et châtiment, et Jack London dans Les Mutinés de l’Elseneur. Marcel Aymé coécrit également, d’après une pièce d’Erich Ebermayer, le scénario du Domino vert, film dans lequel joue la toute jeune Danielle Darrieux. Le cinéaste Louis Daquin lui confie ensuite l’écriture de trois films, dont Le Voyageur de la Toussaint, l’un des films marquants des années de guerre, inspiré de Simenon. Mais à partir de 1943, Marcel Aymé prend ses distances avec le cinéma. Il n’y reviendra qu’en 1954, pour concocter avec Pierre Véry et le réalisateur Jean-Paul Le Chanois le scénario de Papa, Maman, la bonne et moi, comédie à laquelle ils donneront une suite deux ans plus tard. Puis l’écrivain fait une nouvelle pause de dix ans, avant de signer les dialogues d’un film du débutant Jean-Pierre Mocky, La Bourse et la vie.  

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Marcel Aymé
Jument verte et chat perché

Mais si Marcel Aymé s’est moins intéressé au cinéma au lendemain de la guerre, le cinéma s’est en revanche beaucoup intéressé à lui. En 1951, Jean Boyer lance la mode des adaptations de l’écrivain avec Le Passe-muraille, fable fantastique interprétée par Bourvil (huit ans plus tard, le cinéaste Ladislao Vajda en donnera une version allemande). Suivront La belle image, La Table aux crevés (avec Fernandel), La Traversée de Paris ou encore Le Chemin des écoliers, dans lequel se côtoient Bourvil, Françoise Arnoul, Lino Ventura et Alain Delon. Mais le film le plus retentissant de l’époque sera celui que Claude Autant-Lara tire en 1959 de La Jument verte – le comité de censure décidant même de l’interdire aux moins de 18 ans… Un an après la mort de l’écrivain, survenue en 1967, la télévision diffusera un feuilleton inspiré des Contes du chat perché, et des cinéastes aussi divers que Georges Wilson (La Vouivre) ou Claude Berri (Uranus) continueront encore à puiser dans son œuvre si prolifique. 

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