Miss Froy a disparu ! Complot politique, tour de passe-passe ou exercice de prestidigitation ? Personne ne semble vouloir répondre à cette question, dont dépend pourtant l’avenir du monde… Réalisé entièrement en studio, The Lady Vanishes (Une Femme disparaît) constitue une véritable prouesse technique, soutenue par un scénario résolument comique et menée à un rythme frénétique par le réalisateur. Hitchcock signait là un film-manifeste, qui se présente comme la synthèse et l’aboutissement de toutes ses dernières grandes productions britanniques, concluant sa carrière anglaise.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Depuis The Lodger, le premier « vrai Hitchcock » et, plus encore, depuis qu’il travaillait pour la Gaumont-British, Hitchcock s’était imposé comme un magicien du cinéma, un réalisateur plein de talents qui savait plaire au plus grand nombre. Depuis 1937, il était décidé à quitter l’étroit pays qui était le sien pour un horizon cinématographiquement plus vaste : les États-Unis. Le cinéaste s’apprêtait à signer une ultime œuvre britannique (qui s’avérera en fait être l’avant-dernière) sous la forme d’un bouquet final venant conclure la période comme un feu d’artifice, ainsi que l’ont souligné Eric Rohmer et Claude Chabrol : « Hitchcock voulut terminer en beauté, faire quelque chose qui fût à la fois l’aboutissement de quatre années de recherches, un tableau récapitulatif, et un point final. »

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Diplomatie du cinéma
Le contexte n’était pourtant pas aisé. Du fait de la situation catastrophique où se trouvaient les studios, Jeune et Innocent n’était toujours pas sorti et Hitchcock étudiait son départ pour les États-Unis. Le réalisateur s’enquit de ce qui pouvait bien traîner dans les tiroirs de la Gaumont British. Un scénario cousu d’or attendait : un roman d’Ethel Lina White, « The Wheel Spins » (paru en France sous le titre « On ne meurt vraiment qu’une fois »), qui avait été adapté en scénario par Sydney Gilliat et Frank Launder. Un metteur en scène américain travaillant en Grande-Bretagne, Roy William Neill, avait été chargé de le porter à l’écran, mais le projet n’avait pas abouti : alors qu’il était parti en Yougoslavie pour filmer quelques extérieurs, l’assistant de Neill avait eu la maladresse de laisser traîner le scénario.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Résultat : les autorités locales l’avaient trouvé et, jugeant que l’image de leur pays y était maltraitée, avaient mis un point final au tournage en reconduisant l’équipe à la frontière ! L’expérience en était restée là, mais la preuve était faite que le sujet était diplomatiquement délicat.
Pas de quoi effrayer Hitchcock, au contraire ! Les choses ne traînèrent pas. Le réalisateur prit connaissance du scénario en octobre 1937. Il se contenta d’apporter quelques retouches ici ou là, et de peaufiner le début et la fin. Après quoi, il se déclara prêt à tourner son film en un mois ! Début décembre, le tournage était terminé. En janvier de l’année suivante, le film était monté, la postsynchronisation et le générique pratiquement terminés.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
« Le film anglais le plus populaire de tous les temps »
La rapidité du tournage était due à l’expérience du réalisateur. Hitchcock maniait avec la plus grande facilité les transparences, les maquettes et autres trucages pour lesquels il était passé maître. Cette maîtrise eut également un effet bénéfique sur les acteurs. Michael Redgrave en témoigna : « Chacun savait que la réputation dont Hitchcock jouissait en Angleterre tenait plus au soin qu’il apportait à la préparation et à la partie technique d’un film qu’au travail avec ses acteurs. Le film ne dépendait pas de la prestation de l’un ou de l’autre et, curieusement, cela nous mettait tous à l’aise. En fait, sa propre nonchalance nous facilitait les choses. » Le talent du maître fut-il à l’origine de la vocation de l’acteur ? On peut le penser. Redgrave était en effet venu au cinéma pour la première fois aux côtés d’Hitchcock, et son a priori sur le septième art n’était pas mince : « Pour être franc, racontera-t-il, je crois que j’étais un intellectuel snob qui ne voyait pas d’un très bon œil le fait de tourner dans un film. Aucun acteur, aucune actrice digne de ce nom ne s’intéressait au cinéma. » Ce dédain typiquement britannique d’une certaine élite pour l’art cinématographique fut à l’origine du départ du meilleur réalisateur national pour les États-Unis…

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
The Lady Vanishes sortit à Londres en octobre. Le succès fut immédiat et immense. Le film devint immédiatement, selon les dires de Donald Spoto, « le film anglais le plus populaire de tous les temps ». Aux États-Unis, The Lady Vanishes constitua l’événement des fêtes de Noël, et Hitchcock se vit attribuer le prix du meilleur réalisateur décerné par les critiques new-yorkais. Près de soixante-dix ans plus tard, le succès est toujours au rendez-vous quand le film se retrouve à l’affiche. De fait, depuis 1938, l’œuvre a suscité tout un flot de commentaires enthousiastes.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Une femme apparaît
Lors des entretiens qu’il accorda à François Truffaut, Hitchcock commenta l’événement originel du roman de White et, partant du film : « Tout cela vient d’une légende que l’on situe à Paris en 1880. Une dame et sa fille arrivent à Pans, descendent dans un hôtel et la mère tombe malade dans la chambre d’hôtel. Le docteur arrive, examine la femme, puis discute à l’écart avec le propriétaire de l’hôtel, et ensuite il dit à la fille : « Votre mère a besoin de certains médicaments », et il envoie la fille à l’autre bout de Paris dans un fiacre. Lorsque, après une absence de près de quatre heures, elle revient à l’hôtel et qu’elle demande : « Comment va ma mère ? », le patron de l’hôtel répond : « Quelle mère ? On ne vous connait pas, qui êtes-vous ? » Et la fille : « Ma mère, elle est dans telle chambre. » On l’emmène dans la chambre, il y a là d’autres locataires, les meubles ne sont pas au même endroit et le papier de la tapisserie est différent. Le fin mot de cette prétendue histoire vraie est qu’il y avait une grande exposition à Paris, peut-être au moment où l’on construisait la Tour Eiffel, les femmes arrivaient de l’Inde et le docteur s’était aperçu que la mère avait la peste ; alors il avait pensé que si la nouvelle s’ébruitait, cela créerait une panique et ferait partir tous les touristes qui étaient venus visiter l’exposition. » On comprend que le réalisateur ait été fasciné par cette histoire.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
La disparition constitue un puissant ressort dramatique. Elle permet d’offrir le rythme d’un thriller mystérieux et de le teinter d’une forte dimension psychologique. Une grande partie du film est ainsi consacrée à la réaction d’Iris devant la disparition de Miss Froy et aux multiples dénis des passagers du train. Cette dimension psychologique place The Lady Vanishes dans la longue série des expériences initiatiques mises en scène par le réalisateur. Iris vit une aventure qui s’avère être pour elle une initiation. Elle passe d’une personnalité égocentrique (elle se fait offrir la plus belle chambre, n’hésite pas à faire chasser Gilbert de la sienne pour pouvoir dormir) à une personnalité tournée vers autrui – en l’occurrence, Miss Froy. Son intérêt pour le monde s’éveille. Cette évolution morale est niée par le Dr Hartz : il tente de lui faire croire que Miss Froy est le fruit de son imagination, ou d’une hallucination. Il la repousse en elle-même. L’émancipation aura toutefois lieu : au début du film, Iris s’efforce de croire qu’elle aime son fiancé et repousse Gilbert parce qu’il n’est pas de son monde (il voyage en troisième classe) ; après son aventure, la jeune femme fuit son fiancé et elle finit par se jeter dans les bras de Gilbert. Elle prend conscience de la réalité et gagne en sincérité. Elle passe du statut de jeune fille à celui de femme. Si une femme disparaît, une autre apparaît.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
L’invraisemblable vérité
Suivant le modèle adopté pour The 39 Steps, le nouveau film d’Hitchcock ne s’embarrassait pas de réalisme. Le réalisateur feignit même de s’étonner de ce que « nos amis les vraisemblants », comme lui et Truffaut appelaient les inconditionnels du réalisme au cinéma, ne se soient pas plus emportés contre le scénario somme toute assez farfelu de The Lady Vanishes. Car dans le film, le réalisme cède le pas au rythme époustouflant de l’intrigue. La méthode consistant à enchaîner les scènes les unes après les autres, sans une minute de répit, trouve ici son point d’orgue. On passe d’une comédie drolatique à l’hôtel à un thriller psychologique durant le voyage en train, pour finalement aboutir à un film d’action lors de l’échange de balles entre passagers et militaires. Le scénario suit un rythme qui va crescendo, en empruntant plusieurs formes, sans pour autant perdre le fil conducteur du récit.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Cet entrain est sous-tendu par des dialogues d’une verve piquante qui, comme l’ont noté Rohmer et Chabrol, « n’étouffe en rien la personnalité du metteur en scène ». Gilbert est souvent particulièrement en verve, par exemple quand il s’Inquiète de savoir si le Dr Hartz a trouvé quelque chose dans le cerveau du ministre britannique : « Une légère contusion cérébrale ? C’est mieux que rien ! ».

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Dans la veine comique, le plus grand succès revint cependant au duo Charters / Caldicott, à tel point que ses créateurs, Gilliat et Launder, les firent rejouer dans plusieurs films, notamment Night Train to Munich (Train de nuit pour Munich, Carol Reed, 1940). Quant aux deux acteurs qui les incarnent dans The Lady Vanishes, ils rejouèrent ensuite à nouveau leurs personnages sur scène et à la radio. L’humour de ce duo comique répondait au goût très hitchcockien pour l’understatement, humour absurde à la mode britannique, qui devait culminer dans The Trouble with Harry (Mais qui a tué Harry ?) Toutefois, absence de réalisme ne signifie pas manque de vérité – une vérité qui s’affirme à chaque scène et s’avère, discrètement mais nettement, politique.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
L’art de la guerre
Pour les spectateurs de 1938, l’aspect politique de The Lady Vanishes était évident. L’époque était marquée par l’irrésistible montée des dictatures. Mussolini obtenait l’Éthiopie, Hitler réarmait la Rhénanie, sans que ni la France ni la Grande-Bretagne ne réagissent. L’audace hitlérienne ne fit que s’accroître face à la démission des démocraties : annexion des Sudètes en 1938, puis de l’Autriche. Pendant ce temps, en Grande-Bretagne, Chamberlain prônait l’apaisement et tentait de temporiser. L’isolationnisme déterminait en grande partie cette politique. En 1938, Chamberlain déclarait : « Il est horrible, fantastique et incroyable, qu’ici nous creusions des tranchées et essayions des masques à gaz, à cause d’une querelle dans un pays lointain entre des gens dont nous ne savons rien…» Ce n’est pas un hasard si Hitchcock déplaça le lieu de son Intrigue. Après The 39 Steps et Sabotage (Agent secret) qui se déroulaient en Grande-Bretagne, nous voici en Europe centrale. Contrairement à ce qu’affirmait Chamberlain, l’enjeu était réellement devenu international, et les questionnements adressés par Hitchcock aux Anglais ne concernaient plus seulement le territoire national.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Le prime minister refusait de voir la menace d’une guerre pourtant devenue inévitable : c’est également le cas des personnages de The Lady Vanishes. Tous refusent la réalité et ne voient pas plus loin que leur petit intérêt personnel : Charters et Caldicott ne pensent qu’à leurs matchs de cricket ; l’avocat, à sa promotion comme juge. Ils incarnent l’isolationnisme qui domine à l’époque dans le monde. Au milieu de cet aveuglement général, seule Iris voit – elle ne s’appelle pas Iris pour rien ! Les autres devront attendre d’être blessés par balle, voire tués, pour comprendre la situation.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Grâce à son génie, Hitchcock nous fait vivre l’aveuglement de ses personnages. Le spectateur tarde à saisir l’enjeu du récit. Toute la première partie qui se déroule à l’hôtel se présente comme une amusante comédie. Et une fois dans le train, il faut encore attendre un certain temps avant que surgisse la prise de conscience de l’importance de ce qui se trame. Ce n’est que lorsque le docteur Hartz annonce qu’il va régler le problème en empoisonnant les boissons d’Iris et Gilbert que le spectateur acquiert la certitude qu’il y a complot. L’enjeu politique de la disparition de Miss Froy n’est lui-même mis en lumière qu’à la fin du film, quand la vieille gouvernante décide de quitter le train et de confier la mélodie secrète à Gilbert, avouant ainsi son rôle d’espionne. Le spectateur tarde lui aussi à prendre conscience du danger. Ce grand prestidigitateur d’Hitchcock ne se contente pas de faire disparaître une vieille femme. Il fait apparaître, à travers un « pur divertissement », la vérité sur le plus grand fléau du XXe siècle.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Distribution
Quand Hitchcock engagea Margaret Lockwood (1916-1990), l’actrice était une jeune première hésitante. Elle connut son heure de gloire plus tard, après la guerre, en se spécialisant dans les mélodrames qui feront d’elle une des stars les plus populaires de Grande-Bretagne, jusqu’à son retrait, en 1955.
Michael Redgrave (1908-1985) débutait au cinéma. Cet enfant de la balle était avant tout un comédien de théâtre. Ses talents d’acteur de composition lui valurent pourtant de mener une brillante carrière cinématographique, notamment marquée par un passage à Hollywood, le temps de jouer dans Secret Beyond the Door (Le Secret derrière la porte, 1948), de Fritz Lang.

ON SET – THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock et Margaret Lockwood (1938)
Paul Lukas (1895-1971), lui, était plus expérimenté. D’origine austro-hongroise, il enchaîna les performances théâtrales en Europe avant de s’installer à Hollywood, incarnant d’abord les séducteurs, avant de devenir un « traître » de talent. Son rôle dans Quand le jour viendra (Herman Shumlin, 1943) lui voudra un oscar.
La doyenne, Dame May Whitty (1865- 1948), était une grande dame du théâtre, faite commandeur dès 1918. Aux États-Unis où elle s’installa, elle mena de front théâtre et cinéma, notamment aux côtés d’Hitchcock pour jouer la mère de Joan Fontaine dans Suspicion (1941).

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
MacGuffin
À la fin du film, Miss Froy livre son secret : « Une chanson qui donne, en code, les clauses d’un pacte entre deux pays d’Europe. » Cette mélodie est l’objet de toutes les convoitises et l’enjeu du conflit opposant les Anglais aux complices du Dr Hartz. Pourtant on ne sait rien de précis sur ce pacte. Et pour couse, puisqu’il s’agit d’un MacGuffin : un élément suscitant la curiosité, cristallisant toutes les tensions, mais dont la nature exacte n’a que peu d’intérêt. Néanmoins, étant donné le contexte dons lequel fut réalisé le film, ce MacGuffin n’est pas anodin. L’époque était aux tractations diplomatiques entre les grandes puissances européennes. Et le pacte secret n’est pas sans évoquer l’axe Berlin-Rome qui se dessinait alors, associé ici à l’entente entre Hartz et Doppo. L’Italien Doppo est à la solde du Dr Hartz. Cet accord, qui évoque le rapprochement entre Berlin et Rome à la veille de la guerre, fait écho au MacGuffin.

THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock (1938) avec Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty
Trucages sur mesure
Lors des entretiens qu’il eut avec Hitchcock, François Truffaut rapporta l’anecdote suivante, qui est un très grand hommage ou génie du maître : « Une Femme disparaît passe très souvent à Paris et il arrive que j’aille le voir deux fois dons la même semaine, et chaque fois je me dis : comme je le connais par cœur, je ne vais pas suivre l’histoire, je vais regarder le train… si le train bouge… s’il y a des mouvements d’appareil à l’intérieur des compartiments, et chaque fois, je suis tellement captivé par les personnages et par l’intrigue que je ne sais toujours pas comment le film est fabriqué.»

ON SET – THE LADY VANISHES (Une Femme disparaît) – Alfred Hitchcock, Margaret Lockwood, Michael Redgrave (1938)
Le film se présente effectivement comme l’aboutissement des recherches menées par le réalisateur depuis plus de dix ans, recherches qu’il avait progressivement mises ou point en tournant Number Seventeen (Numéro 17) ou The 39 Steps. Il manie ici les maquettes et le tournage en studio avec une assurance et une virtuosité exceptionnelles. Dans le petit studio d’Islington, long de 27 mètres, où l’équipe était installée, le réalisateur fit construire les compartiments et le wagon-restaurant où se déroule l’essentiel de l’intrigue. Les plans en étaient combinés avec des transparences et des maquettes. Toujours soucieux de renouveler le langage cinématographique et d’éviter les clichés, Hitchcock mit au point tout le tournage un trucage qui deviendra, en quelque sorte, une marque de fabrique. Il l’expliqua lui-même : « Dans The Lady Vanishes, j’avais une scène très traditionnelle construite autour d’une boisson droguée. Que fait-on habituellement dans ces cas-Ià ? On se débrouille avec le dialogue : « Tenez, buvez cela. – Non merci. – Mais si, je vous assure, cela vous fera du bien. – Pas maintenant, tout à l’heure. – Je vous en prie. – Vous êtes trop gentil… ». Et le personnage prend le verre, le porte à sa bouche, l’éloigne, le pose, le reprend, et commence à parler avant de se décider à le boire, etc. j’ai dit : « Non, je ne veux pas faire cela, on va essayer de changer un peu. » J’ai photographié une partie de la scène à travers les verres afin que le public les voie constamment, mais les personnages n’ont pas touché les verres avant la fin de la scène. Alors j’avais fait fabriquer de très grands verres… et à présent je recours très souvent à ces accessoires agrandis… C’est un bon truc, hein ? »
Le film en images
Bloqués par l’avalanche – Dans un village de montagne en Europe centrale, les pensionnaires d’un hôtel apprennent que leur train, retardé par la neige, ne partira pas avant le lendemain. L’hôtel n’est pas assez grand pour accueillir tout le monde. Deux Anglais, Caldicott (Naunton Wayne) et Charters (Basil Radford), doivent se contenter d’une chambre de bonne. Une autre Anglaise, Iris Henderson (Margaret Lockwood), qui est accompagnée de deux amies, rentre d’une randonnée.
Un soir à l’hôtel – Iris annonce son départ pour le lendemain. Elle rejoint Londres, où elle doit épouser son prétendant, et renonce à sa vie de célibataire. Caldicott et Charters, tentent de se faire servir à dîner, mais les cuisines sont vides, car il y a trop de monde. Ils font la connaissance d’une vieille gouvernante, Miss Froy (Dame May Whitty), qui s’apprête également à partir pour Londres après avoir travaillé dans le pays.
Cacophonies nocturnes – La sérénade chantée sous les fenêtres de l’hôtel est perturbée par la musique provenant d’une chambre : Gilbert (Michael Redgrave), un musicologue anglais, étudie le folklore local. Iris tente de le faire évacuer par le maître d’hôtel, mais elle doit renoncer devant les assauts du musicologue. Miss Froy écoute attentivement le chant de la sérénade, et ne se rend pas compte que le chanteur est étranglé sous son balcon…
Rencontre avec Miss Froy – Au matin, les locataires de l’hôtel rejoignent enfin leur train. À la gare, Iris est blessée par un pot de fleurs, poussé d’un rebord de fenêtre. Miss Froy l’aide à s’installer dans le train et l’invite à prendre le thé dans le wagon-restaurant. Après quoi, Iris s’endort sur son siège dans son compartiment assise en face de Miss Froy.
« Où est la dame anglaise ? » – À son réveil, Iris ne trouve plus Miss Froy. Elle questionne tous les passagers du train, jusqu’aux serveurs du wagon-restaurant : tous affirment ignorer de qui elle parle… Seul Gilbert, rencontré en troisième classe, tente de l’aider. Le docteur Hartz (Paul Lukas), spécialiste du cerveau, affirme qu’Iris est probablement victime d’une hallucination consécutive à son accident.
Vrais et faux témoins – Lors d’un arrêt en gare, Iris et Gilbert guettent Miss Froy, sans succès. Le Dr Hartz fait monter un malade alité, accompagné d’une nonne. On annonce alors que Miss Froy est retrouvée. Iris accourt et tombe face à une femme habillée exactement comme l’était Miss Froy, mais qui n’est pas Miss Froy… La jeune femme commence à douter d’elle-même.
Les traces de la disparue – Gilbert accompagne Iris au wagon-restaurant où la jeune femme retrouve une trace laissée par Miss Froy. Les recherches reprennent. Dans un wagon à bagages, ils retrouvent le pince-nez de la disparue. Mais Doppo, un passager italien, réclame le pince-nez. Un combat s’ensuit. Iris et Gilbert croient l’avoir maîtrisé, mais Doppo s’escamote.
Une religieuse à talons hauts – Confortés dans leurs doutes par cette agression brutale, Iris et Gilbert continuent leurs investigations. S’inquiétant du fait que la nonne porte des hauts talons sous sa longue robe, ils soupçonnent le malade du Dr Hartz d’être Miss Froy. Le docteur prétend vouloir les aider et leur offre un verre dans lequel il a demandé que soit versé du poison.
Le complot – Le docteur Hartz enferme Iris et Gilbert dans un compartiment vide, après leur avoir avoué qu’il détenait Miss Froy. Il leur annonce ensuite qu’ils ont absorbé du poison. En fait, il ignore que les verres étaient sains. La nonne avait refusé de transmettre le poison. Avec sa complicité, Iris et Gilbert libèrent Miss Froy. Le docteur Hartz découvre leur action.
La riposte – Se croyant libérés du docteur Hartz, Gilbert, Iris et Miss Froy découvrent que leur wagon a été détaché du reste du train. Ils retrouvent quelques passagers au wagon-restaurant. Le train s’arrête en pleine campagne, face à un groupe de militaires dirigés par le Dr Hartz. La nonne prévient du danger : ils vont être tués. Le train est pris d’assaut. Une fusillade débute.
Les évadés – Durant l’affrontement, Miss Froy dicte à Gilbert une petite chanson : c’est un message codé qu’elle doit rapporter au gouvernement britannique. Elle se glisse ensuite hors du train et disparaît dans la forêt. Gilbert parvient à rejoindre la locomotive et à mettre le train en marche. Ils passent la frontière et se retrouvent hors de danger.
Un air de musique – De retour à Londres, l’heure des adieux a sonné. Mais Iris, voyant arriver au loin son triste fiancé, préfère s’enfuir avec Gilbert. Ensemble, ils vont au Foreign Office porter le message codé. Au dernier moment, Gilbert craint d’avoir oublié la petite chanson. Mais dans le bureau du ministre, un piano retentit, restituant l’air perdu : c’est Miss Froy qui le joue !
Fiche technique du film
Catégories :Le Film français
j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog récent ( lien sur pseudo) à bientôt.
J’aimeJ’aime
J’aime aussi énormément votre blog et je trouve passionnant cet article sur « The Lady Vanishes ».
Il contient apparemment deux petites erreurs. Ainsi faudrait-il sans doute lire : ‘L’audace hitlérienne ne fit que s’accroître face à la démission des démocraties’. Et plus haut, ‘Paris’ au lieu de ‘Pans’.
J’aimeJ’aime