
HOLIDAY INN (L’Amour chante et danse) – Mark Sandrich (1942) – Bing Crosby, Fred Astaire, Marjorie Reynolds, Virginia Dale
L’histoire : Deux danseurs, Jim Hardy (Bing Crosby) et Ted Hanover (Fred Astaire), sont tous les deux amoureux de leur partenaire, Lila Dixon (Virginia Dale). La jeune fille manifestant une préférence pour Ted, Jim se retire du music-hall et fonde un hôtel ouvert uniquement les jours fériés, qu’il appelle le « Holiday Inn ». Il tombe rapidement amoureux de sa collaboratrice dans l’affaire, Linda Mason (Marjorie Reynolds), qui se révèle une excellente chanteuse et danseuse. Lorsque Lila largue Ted, celui-ci vient retrouver son ancien partenaire à l’hôtel et danse, ivre, avec Linda. Le lendemain, Ted ne sait plus avec qui il a dansé mais il pense qu’elle serait une bonne remplaçante pour Lila. Il se lance à sa recherche, Jim lui ayant caché par jalousie qu’il s’agit de sa collègue. Quand Ted retrouve Linda, il tombe amoureux d’elle et tente de la convaincre de faire du cinéma. Quelque temps plus tard, Jim vient sur le tournage du film (ayant pour sujet son hôtel) et surprend la jeune fille au milieu d’une scène. Ted ayant retrouvé Lila, tout le monde s’avère heureux.

HOLIDAY INN (L’Amour chante et danse) – Mark Sandrich (1942) – Bing Crosby, Fred Astaire, Marjorie Reynolds, Virginia Dale
En 1942, l’Amérique en guerre fait un triomphe à cette comédie musicale qui exalte les valeurs nationales, et associe trois des plus grands noms du genre.
Noël blanc et visage noir
Si Holiday Inn (L’amour chante et danse) ne présentait qu’un seul intérêt, ce serait évidemment celui d’être le film pour lequel a été composée une chanson au succès phénoménal : « White Christmas ». Interprété par Bing Crosby, le morceau est resté pendant des décennies le titre plus vendu au monde, jusqu’à ce que le « Candle in the Wind » d’Elton John ne vienne le détrôner en 1997… Mais la composition la plus fameuse d’Irving Berlin est loin d’être le seul atout de Holiday Inn. Onze autres chansons originales ont été écrites par le musicien (dont You’re Easy to Dance With, qui sera l’un des succès discographiques de Fred Astaire), et le film reprend en outre deux de ses anciens « tubes » : Lazy et Easter Parade. Plusieurs de ces chansons donnent lieu à d’excellentes chorégraphies, et le film repose par ailleurs sur un scénario amusant et bien ficelé. Holiday Inn continue donc à séduire le public du XXIe siècle, même si le numéro Abraham, dans lequel les acteurs apparaissent en « blackface » (une tradition du music-hall américain qui consiste pour des artistes blancs à se grimer en Noirs), est aujourd’hui censuré par certaines chaînes de télévision pour son caractère discriminant.
Une idée en or
Le concept de Holiday Inn et danse revient à Irving Berlin. Ce dernier avait livré en 1933 un spectacle musical, « As Thousands Cheer », dont les chansons étaient inspirées de gros titres de journaux. L’une d’elles, Easter Parade, évoquait le défilé des élégantes le jour de Pâques, ce qui a donné l’idée au compositeur de bâtir tout un spectacle sur les fêtes nationales américaines. Mais le projet reste dans un tiroir, jusqu’à ce jour de 1941 où Berlin croise le cinéaste Mark Sandrich, avec qui il a collaboré pour trois films de Fred Astaire et Ginger Rogers. Sandrich, qui cherche un projet pour Bing Crosby, est séduit par le principe d’une comédie musicale dont chaque chanson célébrerait une fête nationale, et le film est bientôt mis en chantier par la Paramount. Bien sûr, le choix de Fred Astaire pour jouer le danseur Ted semble une évidence, mais le studio se fait d’abord tirer l’oreille, craignant qu’il ne soit trop cher.

HOLIDAY INN (L’Amour chante et danse) – Mark Sandrich (1942) – Bing Crosby, Fred Astaire, Marjorie Reynolds, Virginia Dale
Song of Freedom
Les financiers de la Paramount acceptent finalement de donner à Fred Astaire un cachet tout aussi conséquent que celui de Crosby. En revanche, ils décident d' »économiser » sur les principaux rôles féminins, qui sont confiés non pas à Ginger Rogers et Rita Hayworth, comme il en a d’abord été question, mais à deux inconnues, Marjorie Reynolds et Virginia Dale. Mark Sandrich choisit par ailleurs d’engager Walter Abel (le major Horvath de That Lady in Ermine ( La Dame au manteau d’hermine) pour le rôle de l’imprésario Danny, tandis que Louise Beavers (inoubliable face à Claudette Colbert dans Imitation of Life en 1934) campera la domestique Mamie. Partant de l’idée initiale d’Irving Herlin, les scénaristes Claude Binyon et Elmer Rice construisent un récit dans lequel vont s’enchâsser quatorze chansons, dont la plupart sont des compositions originales. Le tournage, qui débute en octobre 1941, est marqué par l’entrée en guerre des USA à la fin de l’année – un évènement qui se traduit dans le film par le numéro patriotique Song of Freedom, auquel se mêlent des images de l’armée américaine et un portrait du président Roosevelt.
Tours de force
Bâti sur la rivalité d’un chanteur et d’un danseur, le film offre bien sûr des morceaux de bravoure à chacune de ses stars. Fred Astaire y livre notamment deux chorégraphies restées célèbres : la « danse de l’ivresse », et celle des pétards (une séquence qui nécessite à elle seule trois jours de répétition et deux jours de tournage…). De son côté, Bing Crosby tire son épingle du jeu en interprétant de sa voix suave deux titres destinés à un grand succès : Be Careful, It’s My Heart, et White Christmas, qui décrochera l’Oscar de la meilleure chanson et deviendra le morceau le plus vendu au monde. Sorti en août 1942, Holiday Inn connaît un triomphe en salles, ce qui incitera la Paramount à réunir à nouveau Berlin, Astaire et Crosby en 1946 pour Blue Skies (La Mélodie du bonheur). Noël blanc, une sorte de remake de White Christmas (Holiday Inn), sera également produit par le studio en 1954, mais cette fois sans Astaire, qui déclinera l’offre de reformer le trio.
Programme musical (sélection)
Fiche technique du film
Catégories :La Comédie musicale