Catégorie : Le Film étranger

FEMALE – Michael Curtiz, William A. Wellman, William Dieterle (1933)

La bande-annonce de Female résume parfaitement son propos, si l’on considère que la fin « romantique », expédiée en quelques minutes, est artificiellement plaquée sur le véritable sujet du film : « La plupart des femmes dissimulent leurs désirs… Voici l’histoire d’une femme qui en fait ouvertement étalage ! Female montre comment les femmes modernes font la chasse aux hommes. »

CLUNY BROWN (La Folle ingénue) – Ernst Lubitsch (1946)

A la fin de l’année 1945, Lubitsch, qui avait rencontré de graves problèmes de santé, est autorisé par son médecin à reprendre son poste derrière la caméra. Cluny Brown (La Folle ingénue) est adapté d’un roman populaire à succès de Margery Sharp – source qui n’a rien de commun avec les pièces hongroises dont Lubitsch est friand. Ainsi, Heaven can wait (Le Ciel peut attendre, 1946) était trop testamentaire pour être vrai. Après la splendeur de Heaven, et ce qui y passait pour de touchants adieux, le plus modeste Cluny Brown prend une position d’outsider un peu gênante, et a rarement droit de cité parmi les « grands » Lubitsch. Apparemment déplacé, Cluny Brown a quelque chose d’un vilain petit canard qui attache et fascine d’autant plus le spectateur attentif. 

THE PROWLER (Le Rôdeur) – Joseph Losey (1951)

En mai 1951, Joseph Losey et Dalton Trumbo sortent ce qui est peut-être leur meilleur film tous les deux dans l’urgence et la fébrilité. Bientôt, le premier choisira l’exil en Europe, au lieu de prêter serment de patriotisme pour se garantir un contrat de trois ans avec Stanley Kramer. Trumbo, qui ne peut déjà plus signer le film et doit travailler au rabais, s’apprête à purger dix mois de prison pour s’être refusé à répondre aux questions des chasseurs de sorcières. The Prowler (Le Rôdeur) est ainsi doublement clandestin : non seulement Trumbo se cache derrière un prête-nom, mais prend un malin plaisir à subvertir le Code de production alors tout puissant à Hollywood. Sur le papier, The Prowler pourrait passer pour un parent pauvre de Double indemnity, mais la façon dont les deux artistes, riffent sur le thème de l’adultère et du meurtre rendent leur film encore plus outrageux, si possible, que celui de Billy Wilder.

TORN CURTAIN (Le Rideau déchiré) – Alfred Hitchcock (1966)

Son éternelle jeunesse permet à Hitchcock de créer pour son cinquantième long-métrage un thriller haletant, ayant la guerre froide pour toile de fond. Le maître, qui n’en est pas à son premier film d’espionnage, réalise Torn Curtain (Le Rideau déchiré) avec une équipe très largement renouvelée, des acteurs inhabituels, une technique et une photographie nouvelles. De cette alchimie inédite naîtra un film pourtant très hitchcockien.

BABY FACE (Liliane) – Alfred E. Green (1933)

Baby Face est un film Pré-Code de 1933 avec Barbara Stanwyck, et George Brent dans les rôles principaux. On retrouve également dans les seconds rôles le très jeune John Wayne. Il existe 2 versions de ce film : la version censurée diffusée dans les cinémas à l’époque et la version non censurée « director’s cut » si on peut dire. C’est bien entendu, cette dernière version qui donne tout son sens au film. La version censurée enlève tout le caractère sulfureux de l’oeuvre voir même une compréhension de certaines scènes. Le film est une oeuvre d’importance dans l’immense filmographie d’Alfred E. Green.

THREE ON A MATCH – Mervyn LeRoy (1932)

Une Allumette pour trois est l’une des œuvres les plus saisissantes de la période du Pré-Code, autant par son intrigue, qui met en scène une mère bourgeoise plongeant dans les abysses de la pègre et de la drogue, et y sacrifiant son mariage et son fils, que par l’inventivité avec laquelle Mervyn LeRoy exprime le thème profond de son film : le passage du temps. Pour cela, tel les peintres contemporain se livrant à des collages, il mobilise les accessoires de la modernité, comme des manchettes de journaux, des illustrations, des publicités, afin de scander les années durant lesquelles les trois héroïnes, chacune de leur côté, mûrissent, en relation avec l’époque…

BREAKFAST AT TIFFANY’S – Blake Edwards (1961)

Moins drôle que les comédies les plus réussies de Blake Edwards, Breakfast at Tiffany’s souffre sans doute d’une certaine édulcoration par rapport à l’œuvre originale de Truman Capote. Celle-ci ne se terminait d’ailleurs pas par le bonheur commun de Holly et de Paul mais par le départ de Holly pour le Brésil où la jeune femme s’était ainsi presque « vendue » à un richissime mari. Dire que le film bénéficie de l’élégance de la composition d’Audrey Hepburn est une évidence mais il convient aussi de ne pas oublier le chat familier de Holly joué par Putney – c’est ainsi qu’il est crédité au générique – plus connu sous le nom de Rhubarb.