Catégorie : Le Film français

L’AIR DE PARIS – Marcel Carné (1954)

A l’automne 1953, le nouveau film de Marcel Carné, Thérèse Raquin, reçoit un excellent accueil. C’est donc avec confiance que le réalisateur se lance avec le scénariste Jacques Viot dans un nouveau projet : l’histoire d’un entraîneur de boxe qui jette son dévolu sur un jeune ouvrier pour en faire son poulain. Carné est à l’époque un passionné de boxe et, comme il l’expliquera dans son autobiographie, l’arrière-plan social d’une telle intrigue lui plaît également: « Ce qui m’intéressait – en plus de l’atmosphère particulière du milieu – c’était d’évoquer l’existence courageuse des jeunes amateurs qui, ayant à peine achevé le travail souvent pénible de la journée, se précipitent dans une salle d’entraînement pour « mettre les gants » et combattre de tout leur cœur, dans le seul espoir de monter un jour sur le ring… ». Malheureusement, les producteurs de l’époque voient les choses d’un autre œil, estimant que les films sur la boxe n’intéressent pas le public. Après moult refus, Carné finit tout de même par signer avec Robert Dorfmann, heureux producteur de Jeux interdits et de Touchez pas au grisbi, qui se trouve être lui aussi un grand amateur de boxe..

LA BANDERA – Julien Duvivier (1935)

L’intérêt du film, intelligemment adapté du roman de Pierre Mac Orlan et fidèle aux lois d’un genre, tient à cette entrée de l’acteur au sein d’une mythologie romanesque où la fatalité pèse sur les perdants de l’existence. Si, à la Légion, on apprend le courage, l’amitié, les vertus viriles, pour un être comme Gilieth, il n’y a pas de rachat social possible. Au-delà de l’exotisme, la mise en scène de Julien Duvivier s’exerce avec acuité sur le drame psychologique de Gilieth et son affrontement avec Fernando Lucas. Gabin-Le Vigan, un sacré duel ! [Jacques Siclier – Télérama (février 2012)]

MOLLENARD – Robert Siodmak (1938)

La trame de cette œuvre longtemps considérée comme perdue, revêt une importance non négligeable dans la filmographie de Siodmak. Les dernières images renvoient à un genre de récit bien défini : la déchéance pathétique d’un aventurier, suite de tableaux teintés de romantisme maritime à la Corto Maltese. En vérité, il s’agit d’autre chose. Mollenard se compose de deux parties très différentes, l’une, chinoise, sertie comme une envahissante parenthèse dans l’autre. Cette juxtaposition indispensable au propos nuit cependant à l’unité stylistique du film.

L’AFFAIRE NINA B – Robert Siodmak (1961)

Le film débute à la Mankiewicz, avec l’enterrement de Berrera (Pierre Brasseur) : excellences et délégations étrangères sont présentes, mais personne ne pleure le disparu. La voix « off » de Holden (Walter Giller), un ex-bagnard promu chauffeur et homme de confiance de Berrera, introduit la narration par un retour en arrière. Il relate le suicide manqué de Nina B. (Nadja Tiller), l’épouse-objet délaissée quoique couverte de bijoux, puis la mission délicate qui l’entraîne de nuit sur une autoroute de R.D.A., où moyennant finances, son patron entre en possession d’anciens documents de la police. Des ennemis au courant de ses manigances font arrêter Berrera sous prétexte de fraude fiscale, à son retour à Berlin-Ouest.

RETOUR A LA VIE – Cayatte, Lampin, Clouzot, Dréville (1949)

Le Retour à la vie est un film noir dont l’initiative revient au producteur Jacques Roitfeld, à qui l’on doit notamment Copie Conforme de Jean Dréville avec Louis Jouvet. Marqué par le retour à la liberté de milliers de soldats et de déportés entre 1944 et 1945, Jacques Roitfeld a été sensible au douloureux problème de leur réinsertion dans la vie civile par l’extrême difficulté de la reprise d’une activité normale.