La Comédie musicale

FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957)

Attention, explosion de couleurs ! Avant tout, Funny Face est la rencontre, orchestrée par Stanley Donen, des teintes les plus pimpantes — le rose en majesté pop — et des noirs et bruns les plus profonds. C’est d’ailleurs dans la pénombre d’une librairie que Fred Astaire, photographe à la mode (inspiré de Richard Avedon) vient convaincre Audrey Hepburn, petit machin maigre et intello qui réinvente les canons de la beauté, de devenir modèle pour le magazine Quality (traduisez Vogue). S’ensuit un mariage parfait entre marivaudage et numéros chantés et dansés, et l’histoire d’une libraire mal fagotée, allergique au chic et au superflu, qui découvrira, grâce à un pygmalion de deux fois son âge, qu’une déesse de beauté sommeille en elle. [Guillemette Odicino – Télérama (janvier 2017]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Funny Face est aussi l’un des temps forts de l’histoire d’amour de Stanley Donen avec Paris : il en exalte la beauté de carte postale, y situe des promenades romantiques que lui seul et Vincente Minnelli peuvent sauver du gnangnan. Mais, cette fois, il s’en moque, aussi : sa vision de l’existentialisme (qui fascine la jeune libraire intello) est aussi mordante que son regard sur le monde de la mode. Face à l’étoile Astaire, 58 ans mais toujours en apesanteur, Audrey Hepburn rayonne, en robe de bure marron ou en soie cyclamen, éternellement en vogue. [Guillemette Odicino – Télérama (janvier 2017]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Comme Singin’ in the rain, Funny Face a été victime d’une approche différente, de plus en plus critique au fil des ans, de la part de son réalisateur Stanley Donen. En 1963, il déclarait : « J’adore ce film. De toutes les comédies musicales que j’ai tournées, ce n’est peut-être pas la meilleure, mais celle que j’aime le plus. Ce qui m’excita surtout, ce fut de faire un film sur un photographe, sur la photographie. Je me suis plongé là-dedans avec délices et je devins le grand ami de Richard Avedon. Je le connaissais à peine, quand Roger Edens, encore lui, acheta une histoire, qui était une pièce non montée et qui tournait plus ou moins autour de la vie d’un photographe de mode. Elle avait été écrite par quelqu’un qui connaissait très bien Dick Avedon. Quand il me proposa ce sujet, je dis :  » D’accord, mais pourquoi ne pas prendre Avedon lui-même ?  »  [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Avedon joua un très grand rôle dans l’élaboration plastique du film. Non pas tant sur le plan des idées : le ballet dans la chambre noire ne vient pas de lui par exemple. Mais sur celui de l’atmosphère, aussi bien dramatique que visuelle. »  

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Six ans plus tard, le même Stanley Donen avoue : « Je ne l’ai pas revu depuis longtemps et je pense que si je le revoyais, je détesterais ce film. Je trouverais peut-être des choses intéressantes, les danses de Fred Astaire, les chansons de Gershwin et Audrey qui n’a jamais été aussi rayonnante et aussi belle. Il y a beaucoup de choses très jolies, mais je les place à côté de ma contribution, de mon apport. Je sais que j’aurais pu faire beaucoup mieux. »  [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

Audrey Hepburn, Funny face (1957) starring Fred Astaire

FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

La comédie musicale n’est plus à la mode et Donen est déjà amer envers ce genre pour lequel il a tourné ses meilleurs films. Quatre ans après, Donen, encore plus critique, constate : « J’ai revu Funny Face et l’ai trouvé difficile à supporter. Non pas à cause de Fred et d’Audrey ; ils sont tous les deux merveilleux. Mais c’est un scénario boueux, démodé et malade et être obligé de réaliser lin film à partir de cela !… Pas de situations, rien, rien, rien, il n’y a que du vent. Le film ne tient que par le charme de ses deux interprètes. On ne fait pas un film en se satisfaisant de ces compositions, des chansons de Gershwin et du charme que tout cela devrait avoir. Ce n’est pas un film. Ce qui manque est la colonne vertébrale même du film. »  [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Au départ, le film avait été envisagé comme un projet de la Metro-Goldwyn-Mayer utilisant un sujet de Leonard Gershe, Wedding Day, et des chansons composées par George et Ira Gershwin pour Funny Face. A cause d’Audrey Hepburn, toute destinée pour interpréter le personnage de Jo et qui était sous contrat à la Paramount, le projet passa de la M.G.M. à la Paramount, sans pour autant conserver – et contrairement à ce qui a été souvent écrit – le ton des comédies musicales de la Metro. Le style des couleurs, l’importance de Richard Avedon qui est manifestement à l’origine du personnage de Dick Avery, et l’apparence même du film le rapprochent beaucoup plus de la production de la Paramount que de celle de la M.G.M. [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Si Avery s’inspire d’Avedon, le rôle de Maggie Prescott, à la pointe du « bazazz », emprunte à la fois à Diana Vreeland de Vogue et à Carmel Snow de Harper’s Bazaar. Plus émouvante en tout cas que Donen est Audrey Hepburn qui déclarait au cours de l’hommage rendu par I’American Film Institute à Fred Astaire : « La première fois que je vis Fred aux répétitions de Funny Face, il portait une chemise jaune, des pantalons gris, ceinturés d’une écharpe rouge. Aux pieds, des chaussettes roses dans des mocassins et sur le visage son fameux sourire. A la seule vue de cette figure gracieuse, élégante et distinguée, je me sentis en plomb massif et mon cœur sombra dans mes deux pieds gauches. Soudain, un bras m’enlaça et avec une inimitable légèreté, Fred me fit littéralement voltiger. J’ai réalisé un rêve que chaque femme a dû faire dans sa vie, danser une fois avec Fred Astaire. »  [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Dynamique et survoltée, Maggie dicte à sa secrétaire une lettre ouverte aux femmes du monde entier : « Bannissez le noir, brûlez le bleu, enterrez le beige. A partir de maintenant, mesdemoiselles, pensez en rose » . C’est le numéro « Think Pink  » qui voit le décor se métamorphoser – selon les vœux de Maggie – en rose.

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Fred Astaire, avec le seul recours de son chapeau, de son imperméable et de son parapluie, interprète « Let’s kiss and make up« , parodiant une corrida, mais le plus beau moment du film demeure « He loves and she loves » qu’Astaire et Audrey Hepburn chantent et dansent en pleine nature, le décor d’une chapelle de la forêt de Chantilly répondant brusquement à la robe de mariée que porte Audrey Hepburn. [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

« Près de la moitié du film, écrivait Fred Astaire, a été tournée à Paris, où il fallut rester beaucoup plus longtemps que prévu pour attendre de belles journées. Il y eut tellement de pluie qu’une scène de photo de mode aux Tuileries dut être filmée, faute de mieux, alors qu’il pleuvait, ce qui lui donna, au tirage, un aspect insolite assez réussi qu’on n’aurait jamais pu préméditer !  [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

Nous avions, Audrey et moi, un numéro important à danser près de Chantilly, à la Reine Blanche, danse que nous avions répétée plusieurs semaines à Hollywood avant notre départ pour Paris. La pluie tomba sans discontinuer dans la région, si bien que nous ne pûmes y tourner cette danse que les tout derniers jours. Quand nous y arrivâmes, le temps s’était mis au beau, mais le sol n’avait pas encore pu sécher autant que nous le souhaitions. »   [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]

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FUNNY FACE (Drôle de frimousse) – Stanley Donen (1957) avec Fred Astaire, Audrey Hepburn, Kay Thompson, Michel Auclair, Robert Flemyng

La parodie de l’existentialisme – l’empathèticalisme du professeur Flostre – et la peinture de la Rive Gauche et de son monde intellectuel demeurent quant à elles conventionnelles…

L’histoire

Directrice du magazine de mode Quality, Maggie Prescott (Kay Thompson) recherche un nouveau mannequin capable d’être la vedette de la prochaine collection du couturier Paul Duval (Robert Flemyng). Le photographe du journal, Dick Avery (Fred Astaire), découvre dans une librairie de Greenwich Village une jeune vendeuse, Jo Stockton (Audrey Hepburn), dont le physique et le charme correspondent parfaitement à ce que Maggie et lui espéraient. Jo accepte d’accompagner Maggie et Dick à Paris où doit avoir lieu la présentation de la collection. Elle espère en effet pouvoir rencontrer à cette occasion le professeur Emile Flostre (Michel Auclair), le théoricien de l’empathéticalisme, dont elle est une adepte. Dick est très attiré par Jo qui demeure fascinée par le monde des intellectuels parisiens. Elle finit pourtant par découvrir que Flostre n’est qu’un séducteur. Elle l’assomme. La collection est, grâce notamment au charme de Jo, un succès. Jo retrouve Dick. Ils s’aiment.

Les extraits
Fiche technique du film

3 réponses »

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