La Comédie musicale

ON THE AVENUE – Roy Del Ruth (1937)

Riposte de la Fox aux comédies musicales à succès de la RKO et de la Warner, cette fantaisie de 1937 bénéficie d’une bande originale signée par l’un des meilleurs compositeurs de Broadway.

Si On the Avenue ne présentait qu’un intérêt, ce serait assurément la brillante partition écrite spécialement pour le film par Irving Berlin. L’une de ses chansons, I’ve Got My Love to Keep Me Warm, est d’ailleurs devenue un grand classique des fêtes de fin d’année aux États-Unis, après avoir été reprise dans les années 1950 et 1960 par des chanteurs aussi importants que Billie Holiday, Ella Fitzgerald et Louis Armstrong (en duo), et Frank Sinatra. Mais la musique est loin d’être le seul atout de cette production de la Fox, qui s’inscrit dans la tradition du « backstage musical » – ces histoires situées dans les coulisses d’un spectacle. Avec son humour qui lorgne parfois vers la comédie loufoque, alors en vogue à Hollywood sous l’impulsion de Frank Capra et Howard Hawks, On the Avenue mêle de façon équilibrée numéros musicaux et démêlés amoureux. Et les aficionados du genre musical remarqueront avec amusement que le principe de départ du film – une belle héritière s’immisce dans un spectacle qui la tourne en dérision – sera repris bien plus tard, avec une inversion des sexes, dans Let’s Make Love (Le Milliardaire), avec Marilyn Monroe et Yves Montand. Un film également produit par la Fox.

C’est en 1936 que Darryl Zanuck, puissant producteur de la Fox, propose à Irving Berlin de collaborer à l’un des nouveaux projets du studio. Le célèbre musicien vient en effet de faire une entrée remarquée à Hollywood en livrant la partition de deux films de Fred Astaire et Ginger Rogers, Top Hat (Le Danseur du dessus, 1935) et Follow the Fleet (En suivant la flotte, 1936). Acceptant l’offre généreuse de Zanuck – qui consiste en un cachet de 75 000 dollars, et un pourcentage sur les recettes en cas de succès du film -, Berlin va se voir étroitement associé au projet. Il ne se contente pas en effet de composer des chansons pour le film, mais il fournit également l’histoire originale qui sera ensuite adaptée en véritable scénario par Gene Markey et William Conselman. Pour la réalisation, la Fox arrête son choix sur le vétéran Roy Del Ruth qui, après avoir signé des films noirs comme The Maltese Falcon (Le Faucon maltais, 1931) et Lady Killer (Le Tombeur, 1933), s’est spécialisé dans la comédie musicale en dirigeant de grandes vedettes du genre comme Eddie Cantor (Kid Millions, 1934), Maurice Chevalier (Folies-Bergère, 1935) et Eleanor Powell Born to Dance (L’Amiral mène la danse, 1936).

Pour le casting, Darryl Zanuck décide « d’emprunter » à la Warner l’une de ses stars, l’acteur et chanteur Dick Powell. Ce dernier se voit offrir le rôle principal du film, celui de Gary, un artiste de music-hall aux prises avec une riche héritière, Mimi. Laquelle se voit incarnée par Madeleine Carroll, une comédienne britannique qui, après avoir tourné seulement deux films aux États-Unis, vient d’accéder au statut de tête d’affiche. Alice Faye, qui est depuis plusieurs années déjà la star féminine des comédies musicales de la Fox, se sent donc un peu reléguée au second plan en se voyant proposer le rôle de Mona, la partenaire de Gary – jusqu’alors, seule l’enfant-star Shirley Temple l’avait précédée au générique. Mais, Madeleine Carroll n’étant pas chanteuse, Alice Faye va en fait pouvoir compenser cette moindre importance au sein du film par l’interprétation de plusieurs morceaux… En plus de ces acteurs prestigieux, le trio comique des Ritz Brothers, très populaire à l’époque, se voit également engagé par Zanuck, qui est bien décidé à faire de On the Avenue un grand succès.

Le prolifique Irving Berlin compose pour le film pas moins de neuf chansons, qui fournissent à Dick Powell et Alice Faye l’occasion de numéros d’anthologie. Plusieurs de ces morceaux vont d’ailleurs devenir de grands standards, à commencer par This Year’s Kisses, numéro 1 à la sortie du film. You’re Laughing at Me, Slumming on Park Avenue et I’ve Got My Love to Keep Me Warm seront ensuite repris par d’innombrables chanteurs et jazzmen… Mais, pour l’heure, Berlin a la déception de constater que le montage final s’avère tronqué de trois chansons (On the Avenue, Swing Sister et On the Steps of Grant’s Tomb). Une perte qui n’empêche pas le film – sorti le 12 février 1937 sous le titre d’Irving Berlin’s On the Avenue, afin de capitaliser sur le nom du musicien – de connaître un accueil très enthousiaste de la part des spectateurs. Au point que Darryl Zanuck propose bientôt à Irving Berlin de devenir non seulement le compositeur, mais aussi le producteur de La Folle parade, une comédie musicale avec Alice Faye et Tyrone Power, dont le titre original (Alexander’s Ragtime Band) fait référence à l’une de ses chansons les plus célèbres…


L’histoire

On joue la première de la comédie musicale On the Avenue, celle-ci dans un de ses sketchs se moque effrontément du train de vie exubérant de Mimi Caraway (Madeleine Carroll) de son père et son fiancé explorateur. Ces derniers non prévenus du contenu de la pièce y assistent et la quittent scandalisés. Mimi Caraway décide de se venger et rencontre Gary Blake (Dick Powell) l’acteur vedette de la pièce. Mais les deux jeunes gens tombent sous le charme l’un de l’autre. Après quoi Gary Blake promet d’édulcorer la pièce. La famille Caraway se rend donc au théâtre afin d’assister à la pièce révisée. Mais c’est à une version aggravée qu’ils assistent, en effet, Mona Merrick (Alice Faye) la vedette féminine de la pièce et ancienne petite amie de Gary Blake voit d’un mauvais œil ce début de liaison. La famille Caraway fait un scandale, et Mimi Caraway va jusqu’à acheter des comparses pour ridiculiser la pièce. Gary Blake est anéantie, mais quand Mona Merrick se rend compte qu’elle ne récupéra pas son ex petit ami et elle s’en va prévenir Mimi qu’elle est la seule responsable de la version aggravée de la pièce. Du coup Mimi annule son mariage avec l’explorateur et se retrouve dans un taxi avec Gary Blake afin d’aller se marier à la marie. À la fin, tout le monde se réconcilie et la dernière scène nous montre Mona Merrick donner discrètement son numéro de téléphone au père de Mimi.


The Ritz Brothers
Apparu au milieu des années 1920, le trio comique formé par les frères Ritz – AI (1901-1965),Jimmy (1904-1985) et Harry (1907-1986) – se fait d’abord connaître au music-hall, dans des numéros où se mêlent humour et danse. Devenus célèbres, ils se voient engagés en 1936 à la Fox pour y jouer les comparses comiques de Sonja Henie (One in a Million), Alice Faye (You Can’t Have Everything), Don Ameche (Les Trois louf’quetaires) ou Adolphe Menjou (Variety Girl). Ils seront également les héros de leurs propres comédies, comme Argentine Nights en 1940.

Programme musical (sélection)
« He Ain’t Got Rhythm »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Performed by Alice Faye, The Ritz Brothers and chorus in the show
« The Girl on the Police Gazette »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Sung by Dick Powell with a barbershop quartet
« You’re Laughing at Me »
(Partly written in 1927)
Music and Lyrics by Irving Berlin
Sung by Dick Powell with the studio orchestra
« This Year’s Kisses »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Sung by Alice Faye
« Slumming on Park Avenue »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Performed by Alice Faye, The Ritz Brothers and chorus

IRVING BERLIN
Aux États-Unis, son God Bless America en a fait un héros national. Mais on doit aussi au compositeur des succès comme Say It Isn’t SoEaster Parade Parade de Printemps), et l’inusable White Christmas (L’Amour chante et danse).




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