La Comédie musicale

THE BARKLEYS OF BROADWAY (Entrons dans la danse) – Charles Walters (1949)

 

Epoux à la ville, Josh et Dinah Barkley forment également un duo de music-hall très populaire. Mais lors d’une réception, le couple rencontre le metteur en scène français Jacques Barredout, qui se met en tête de faire de Dinah une héroïne de tragédie. Celle-ci quitte alors le spectacle qu’elle joue avec son mari pour se lancer dans cette nouvelle carrière. Mais Dinah va bientôt s’apercevoir que le théâtre « noble » n’est pas une mince affaire… Confirmant sa suprématie dans le genre musical, la MGM orchestre en 1949 le retour à l’écran des légendaires Fred Astaire et Ginger Rogers, qui menaient depuis dix ans une carrière solo.

En 1949, le producteur Arthur Freed signe un coup de maître : les retrouvailles du duo le plus légendaire du cinéma américain, Fred Astaire et Ginger Rogers. Le public, venu en masse assister à l’événement, ne sera pas déçu. L’affiche de The Barkleys of Broadway (Entrons dans la danse), qui sera le dernier film du tandem, compte en effet de grands noms : les chansons sont signées Harry Warren et Ira Gershwin ; le scénario Betty Comden et Adolph Green, et l’on sent bien dans le film tout l’humour des futurs auteurs de Singin’ in the Rain (Chantons sous la pluie). La mise en scène de Charles Walters (Easter Parade, High Society.. ) s’avère discrète mais efficace, mettant en valeur le charisme des comédiens. En particulier celui du couple vedette, car c’est évidemment dans leur complicité retrouvée que réside le plus grand attrait du film. Dix ans après leur dernière collaboration, Fred Astaire et Ginger Rogers sont ici au sommet de leur art, que ce soit en matière de comédie ou de chorégraphie. En outre,The Barkleys of Broadway est le premier film du tandem tourné en couleurs. En mettant en valeur les yeux bleus de Ginger et les tenues chatoyantes de Fred, le Technicolor vient donc ajouter une séduction supplémentaire à cette comédie musicale qui en compte déjà beaucoup.


LE MYTHE GINGER ET FRED
Dans les années 30, la RKO révolutionne la comédie musicale grâce à deux artistes qui, de Carioca (Flying Down to Rio) à La Grande Farandole (The Story of Vernon and Irene Castle), vont s’imposer comme les maîtres du genre.


Le succès remporté par Easter Parade incite Arthur Freed et la Metro-Goldwyn-Mayer à réunir le plus rapidement possible – trop rapidement en raison de l’état de santé de Judy Garland – la jeune actrice et Fred Astaire. Brillant responsable d’Easter Parade, Charles Walters se voit confier le nouveau film, The Barkleys of Broadway, mais, alors que Fred Astaire répète avec Hermes Pan le numéro « Shoes with Wings on », Judy Garland apparaît de plus en plus instable. Son médecin met en garde Arthur Freed qui décide de la remplacer par Ginger Rogers. Fred Astaire et Ginger Rogers se retrouvent alors pour la première fois au cinéma depuis dix ans, depuis The Story of Veron and Irene Castle qui date de 1939. Le scénario est retravaillé pour mieux convenir à Ginger Rogers et enlever ce qui était particulièrement destiné à Judy Garland. Arthur Freed insiste pour ajouter aux chansons déjà prévues « They can’t take that awav from Me », une référence directe – et nostalgique – à « Shall we dance ».
« Ginger, déclarait Charles Walters, est arrivée pour la première fois sur le plateau alors qu’on tournait « Shoes with Wings on » que Hermes Pan avait mis au point avec Fred, et je dois dire que ce jour-là j’ai pleuré. J’allais travailler avec mes deux idoles ! J’aurais pu mourir sur-le-champ et être heureux. Ils étaient contents, pour leur part, de retravailler ensemble. »

Le nom de Ginger Rogers est venu comme une évidence à l’esprit du producteur, mais il hésita. Le couple mythique de la comédie musicale n’a pas tourné de film en commun depuis dix ans, et on dit que les deux artistes n’ont aucune envie de retravailler ensemble. En outre, Ginger Rogers est devenue une comédienne « sérieuse », qui a même reçu un Oscar pour un rôle dramatique… Mais, une fois contactée, Ginger est enchantée de ces retrouvailles. Les répétitions peuvent donc commencer, tandis qu’Arthur Freed engage les seconds rôles qui vont entourer le couple-vedette. Il a l’idée de confier le rôle d’Ezra au musicien Oscar Levant, qu’il connaît bien dans la vie, et celui de Madame Livingston Belney à la sémillante Billie Burke, avec qui il a déjà collaboré pour Le Magicien d’Oz. Le seul nouveau venu du casting sera donc le français Jacques François. Le jeune acteur, américain par sa mère, est en effet venu tenter sa chance à Los Angeles. Mais The Barkleys of Broadway sera son unique film hollywoodien, avant qu’il ne rentre faire en France une longue carrière dans la comédie…

Pour la partie musicale, Arthur Freed fait appel au compositeur Harry Warren et au parolier Ira Gerswhin. Les deux hommes signent toutes les chansons du film, à l’exception de « They Can’t Take That Away from Me », un standard écrit par Ira avec son frère George.Fred Astaire l’avait déjà interprété dans le film Shall we dance, mais cette fois la chanson donne lieu à un numéro dansé avec Ginger Rogers. C’est Robert Alton qui signe les chorégraphies du film – seul l’étonnant numéro des «chaussures volantes» sera réglé par Astaire et son collaborateur attitré, Hermes Pan.

The Barkleys of Broadway demeure pourtant mineur par rapport à certaines de leurs autres réussites, faute sans doute d’un scénario réellement original On se souviendra pourtant de de « My One and Only Highland Fling » qu’interprètent Ginger Rogers etFred Astaire habillés en Écossais, de «They Can’t Take That Away From Me » qui apparaît comme un véritable hommage à la période RKO du couple Astaire-Rogers et de « Shoes with Wings On » que Fred Astaire a lui-même décrit : « Je dansais aussi en solo… avec une centaine de paires de chaussures : c’était une séquence onirique, dans un décor représentant une cordonnerie, et sur laquelle Hermes Pan avait travaillé avec moi. Les chaussures s’animaient, sautaient de leurs étagères et venaient faire en ma compagnie les pas les plus fantaisistes (encore un trucage compliqué !). Tout marcha bien pendant les répétitions, mais je ne savais comment terminer le numéro. Pendant des jours et des jours, il me fut impossible d’imaginer une « chute » valable. C’est alors que je me résolus à transgresser mon grand principe de ne jamais écouter les conseils. Dans ce cas particulier, je fus dépanné par mon ami Harold Turburg, accessoiriste chevronné de la M.G.M. ; il avait participé à plusieurs de mes films et, pendant les répétitions, il était chargé de fournir tous les objets ou accessoires dont je pouvais avoir besoin quand j’expérimentais des idées de danses compliquées. Quand je lui exposai mes vaines recherches, il me suggéra de tirer des coups de feu dans la grande vitrine qui servait de fond au décor et représentait la devanture de la cordonnerie, afin d’être submergé par une avalanche de chaussures qui tomberaient de toutes parts ! » Le numéro, très difficile à mettre au point à cause des effets spéciaux, nécessita deux mois de répétition et cinq jours et demi de tournage. 

En dehors de ses danses, souvent brillantes, The Barkleys of Broadway est également célèbre pour la manière dont Ginger Rogers y déclame dans le rôle de Sarah Bernhardt et en français « La Marseillaise ». La jeune Sarah décide au dernier moment de ne pas interpréter comme prévu devant le jury d’admission au Conservatoire la scène de « Roméo et Juliette» qu’elle avait préparée et elle choisit à la place « La Marseillaise »,affirmant au président du jury qui s’y oppose : « Mais, monsieur, vous ne pouvez nier à une loyale citoyenne française le droit d’interpréter en public les mots de notre hymne national ! » La scène est pour le moins surprenante, C’est le dernier film de Fred Astaire et de Ginger Rogers. [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]


L’histoire :

Josh (Fred Astaire ) et Dinah Barkley (Ginger Rogers) forment un couple de danseurs professionnels heureux jusqu’au jour où Dinah rencontre Jacques Pierre Barredout (Jacques François) chez Mrs Livingston Belney (Billie Burke). Barredout, qui est un jeune auteur dramatique français, persuade Dinah qu’elle gâche son talent en jouant des comédies musicales et qu’elle devrait se tourner vers l’art dramatique. Shirlene May (Gale Robbins) est alors engagée au cas où Dinah déciderait de suivre les conseils de Barredout. Celui-ci propose à la jeune femme d’être l’interprète de Young Sarah qui retrace la jeunesse de Sarah Bernhardt. Dinah accepte et quitte Josh mais elle se sent vite déstabilisée. Seuls les conseils de Josh, qui se fait passer pour Barredout, lui permettent de tenir avec succès son rôle et Young Sarah est un triomphe personnel pour Dinah qui finit par comprendre que Josh ne l’a en réalité jamais quittée. Elle lui revient.

Fred Astaire, Ginger Rogers et Arthur Freed

LA COMÉDIE MUSICALE
La comédie musicale a été longtemps l’un des genres privilégiés de la production hollywoodienne, et probablement le plus fascinant . Né dans les années 1930, en même temps que le cinéma parlant, elle témoigna à sa manière, en chansons, en claquettes et en paillettes, de la rénovation sociale et économique de l’Amérique. Mais c’est dix plus tard, à la Metro-Goldwyn-Mayer, que sous l’impulsion d’Arthur Freed la comédie musicale connut son véritable âge d’or, grâce à la rencontre de créateurs d’exception (Vincente Minnelli, Stanley Donen) et d’acteurs inoubliables (Fred Astaire, Gene Kelly, Judy Garland, Cyd Charisse, Debbie Reynolds). Par l’évocation de ces années éblouissantes à travers les films présentés, cette page permet de retrouver toute la magie et le glamour de la comédie musicale.


Programme musical (sélection)
« Bouncin’ the Blues« 
Music by Harry Warren
Danced by Fred Astaire and Ginger Rogers
« My One and Only Highland Fling »
Music by Harry Warren
Lyrics by Ira Gershwin
Performed by Fred Astaire and Ginger Rogers
« Shoes with Wings On »
Music by Harry Warren
Lyrics by Ira Gershwin
Directed by Hermes Pan
Dancing shoes effect by Irving G. Ries
Performed by Fred Astaire

FRED ASTAIRE
La longue carrière de Fred Astaire est désormais entrée dans la légende ; son exceptionnel génie de danseur ne l’a toutefois pas empêché d’être aussi un excellent acteur.

GINGER ROGERS
Quand elle commença à travailler avec Fred Astaire, Ginger Rogers était totalement inconnue mais elle était déjà poussée par une grande ambition qui lui venait en partie du tempérament très volontaire de sa mère. Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait cherché, très tôt – en tout cas plus rapidement que son prestigieux partenaire – à s’affirmer au cinéma autrement que par la danse.



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