Le Film français

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

Le film qu’il faudrait montrer à tous les scénaristes en herbe : comment travailler à deux quand tout vous oppose ? Louis Seigner joue le scénariste cartésien, Henri Crémieux, le romanesque. On visualise l’histoire qu’ils inventent au fur et à mesure, en s’engueulant copieusement, en tirant leur récit à hue et à dia. Et selon que l’un ou l’autre est aux commandes, les mésaventures d’Henriette un 14 Juillet à Paris deviennent une bluette tendre ou un polar inquiétant. [Pierre Murat – Télérama]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

Si Duvivier déclare s’être inspiré de l’exemple de grands scénaristes américains comme Ben Hecht, beaucoup virent dans le « couple » formé par Louis Seigner et Henri Crémieux, Jeanson et Duvivier lui-même. Dans cette tournure, le film s’autorise une auto-ironie discrète et allègre, monolithe désinvolte dans une filmographie par ailleurs si mélancolique, que Jeanson lui-même s’était appliqué à ne pas théoriser : « Il ne s’agit pas d’une œuvre didactique sur l’art cinématographique. Nos deux auteurs, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs partis pris, travaillent comme tous les auteurs, sans se soucier d’appliquer des théories dérisoires. Ils ne discutent pas esthétique, syntaxe cinématographique, métaphysique du travelling et autres fariboles.(…) Ils laissent aux autres le soin d’expliquer, de commenter, d’ergoter et de se contredire. » C’est, d’un certain point de vue, plus une condamnation d’autres « théories » qu’un véritable manifeste, ce que le film va se charger d’établir.

Car La Fête à Henriette est une sorte de débandade joyeuse et vaguement rigoriste, une charge égoïste et narquoise, un « petit film » expérimental où la personne de Duvivier affleure plus souvent qu’à son tour. Certes, l’apparente déroute scénaristique ici mise en œuvre est en fait parfaitement instruite, et les querelles des auteurs sont aussi précisément instrumentalisées que les délires et les échappements qu’elles suscitent. Le récit fait semblant d’aller où bon lui semble, et ne redevient strictement candide que quand et où l’ont décidé Jeanson et Duvivier. Mais, entre-temps, la présence équivoque d’Hildegarde Neff, quelques pitreries amorales de Michel Roux nous auront convaincus de ce que Duvivier, qui ne sera pas troublé par l’échec du film, est ici plus présent « en lui-même », surtout entre deux opus de commande. [Julien Duvivier – Yves Desrichard – Bibliothèque du film – Durante – Collection Ciné-Regards (2001)]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

L’histoire imaginée par les scénaristes se déroulant durant la journée du 13 juillet et s’achevant avec les feux d’artifice de la fête nationale, Duvivier filme quelques scènes à Paris à l’occasion des fêtes du 14 juillet 1952, mais le tournage proprement dit a lieu du 4 août au 17 octobre, dont une partie dans les rues de la capitale (et même à l’intérieur et sur les toits du Gaumont-Palace) et le reste aux studios de Billancourt – tournage durant lequel Duvivier dira s’être « extraordinairement amusé' ». Le film sort deux mois plus tard, le 17 décembre, Le 14 mai 1953, les producteurs (Nissotti et Pierre O’Connell), accompagnés de Dany Robin (qui sera, paraît-il, assiégée a son hôtel par des chasseurs d’autographes), Henri Crémieux et Anne-Mane Mersen, assistent à la première organisée en Allemagne, où le film, remportera un certain succès. Rebaptisé Holiday for Henrietta, il sera projeté le 24 Janvier 1955 aux Etats-Unis, où l’on jugera l’idée suffisamment amusante pour envisager une nouvelle adaptation, écrite par George Axelrod : ce sera Paris when it sizzles de Richard Quine (1963), dans lequel William Holden et Audrey Hepbum, incarnent un scénariste et sa secrétaire préparant un film dont ils se voient les héros. [Julien Duvivier « Le mal aimant du cinéma français » Vol 2 : 1940 – 1967 – Eric Bonnefille – Edition L’Harmattan – 2002]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

Les parties mettant en scène les deux auteurs sont les plus drôles. On les retrouvera tout au long du film, se querellant dans les divers moments de leur vie quotidienne que leur collaboration rend commune, éternellement suivis de leur secrétaire (l’excellente Micheline Francey) et de – suppose-t-on – leurs épouses. Ces scènes sont, davantage que leur film lui-même, l’occasion d’ironiser sur les défauts de chacun : « Tu mens quand tu essaies de prouver au public que la vie est rose bonbon et que tout est bien qui finit bien, je ne me prêterai pas à cette escroquerie intellectuelle ! », s’énerve Crémieux, ce à quoi le savoureux Seigner répond : « Et moi je ne me laisserai pas imposer un pessimisme systématique par un démagogue de la caméra ! ». [Julien Duvivier « Le mal aimant du cinéma français » Vol 2 : 1940 – 1967 – Eric Bonnefille – Edition L’Harmattan – 2002]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

Au total, c’est cependant Seigner, l’optimiste, qui prend le dessus, à la fois aux yeux du spectateur (le personnage, débonnaire, est plus sympathique que son collègue hystérique) et dans son travail : il dénigre toutes les propositions de son compère – qui ne lui oppose du reste guère de résistance – et il impose finalement son point de vue. Le début du film est justement d’une intéressante ambiguïté : on croit d’abord à une attaque contre la censure qui vient de rejeter leur travail (« Nous n’avons plus qu’une liberté, celle de lutter pour la libération de la liberté, se désole Crémieux »). Mais rapidement il apparait que cette censure est venue pallier l’absence d’auto-censure d’un mauvais auteur qui se vautre dans le pire sensationnalisme (le scénario en question faisait intervenir une prostituée « qui fait des miracles sans quitter le trottoir », un archevêque et une petite fille, etc.). Son absence de discernement est du reste à nouveau stigmatisée lorsqu’il décrète comme lamentables sujets de films des faits divers lus dans le journal, et en lesquels on reconnaît l’histoire du Voleur de bicyclette et celle du Petit Monde de Don Camillo ! [Julien Duvivier « Le mal aimant du cinéma français » Vol 2 : 1940 – 1967 – Eric Bonnefille – Edition L’Harmattan – 2002]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

En revanche, le film issu de l’imagination des compères est pour Duvivier et Jeanson un exercice de style assez répétitif, sans que l’on sache vraiment ce qu’il signifie. La diversité d’interprétations qu’il a suscitées montre qu’il est difficile d’y voir un point de vue affirmé, sans même parler d’une profession de foi. A première vue, le portrait qui est fait des deux scénaristes, et la priorité accordée à la version Seigner donnent à penser que ce cinéma-là est montré comme supérieur aux scènes noires, d’autant plus que celles-ci sont souvent dénigrées par une voix off en soulignant les idées racoleuses et démontant les effets cinématographiques (panoramique, musique angoissante) qui leur sont appliqués, et sont tournées en cadrages obliques, « en italique » comme l’écrivit Georges Sadoul. Pourtant les scènes « fleur bleue », censées nous séduire davantage, n’ont qu’un intérêt limité. Ce pastiche du Quatorze Juillet de René Clair parvient à dégager parfois un certain charme populiste, grâce à quelques jolies composantes : la valse de Georges Auric, le délicieux couple Saturnin Fabre – Claire Gérard, la fleuriste (Georgette Anys) et la troupe d’enfants. Mais on doit en déplorer aussi la mièvrerie (Michel Roux et surtout Dany Robin n’y sont pas pour rien). (…) Par contre, la version noire, si elle succombe à des excès risibles (les systématiques . cadrages obliques déjà évoqués, grâce auxquels Duvivier s’amuse de lui-même et de ses détracteurs), permet aussi la réussite de scènes pour lesquelles le cinéaste est plus à l’aise, telle la poursuite dans le Gaumont-Palace et sur les toits, clin d’œil à Welles et Hitchcock, que la virtuosité empêche de tomber dans la dérision. [Julien Duvivier « Le mal aimant du cinéma français » Vol 2 : 1940 – 1967 – Eric Bonnefille – Edition L’Harmattan – 2002]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

Il vaut donc mieux voir La Fête à Henriette comme une plaisanterie sans véritable profondeur ou réflexion sur la création, où l’on s’amusera à reconnaître les allusions aux œuvres précédentes de Jeanson, Duvivier et d’autres. On pense ainsi à Pépé le Moko à travers Michel Auclair, habillé comme Gabin, dont les rapports avec l’inspecteur Massaro (Ivernel) évoquent ceux de Pépé avec Slimane et qui, lui aussi, réclame encore quelques instants avant d’être arrêté… [Julien Duvivier « Le mal aimant du cinéma français » Vol 2 : 1940 – 1967 – Eric Bonnefille – Edition L’Harmattan – 2002]

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

Il y a aussi des réminiscences d’Hôtel du Nord dont le dénouement (situé également un quatorze juillet) est assez voisin (Annabella, un temps fascinée par Jouvet, retrouvait J.P. Aumont, comme Dany Robin, ayant elle aussi rêvé de voyages lointains avec Auclair, retrouve le gentil Michel Roux). L’alternance de bonheurs et de drames nous ramène à Sous le ciel de ParisDuvivier clôt d’ailleurs La Fête à Henriette avec une chanson intitulée Sur le pavé de Paris ! On a encore un clin d’œil- que certains ont cru méchant, ce qui n’est pas évident – à Carné et Prévert, en la personne d’un faux aveugle se présentant comme le Destin (« le destin qu’on croit aveugle et qui ne l’est pas », commente Crémieux). La liste pourrait s’allonger, mais ne faisons pas du film un catalogue. Retenons plutôt la qualité du dialogue de Jeanson qui – une fois n’est pas coutume – s’adapte parfaitement à l’œuvre (sans doute grâce au caractère artificiel de celle-ci) sans la tirer vers la vulgarité ou la facilité. [Julien Duvivier « Le mal aimant du cinéma français » Vol 2 : 1940 – 1967 – Eric Bonnefille – Edition L’Harmattan – 2002]

L’histoire et les extraits

Deux scénaristes auxquels la censure a refusé son visa pour un scénario trop audacieux sont obligés de se remettre au travail, et nous assistons à leurs efforts et à leurs tâtonnements. Ils se détestent et s’adorent aussi bien. Leur imagination commence à vagabonder, de nature bien différente : « modeste» pour l’un, échevelée pour l’autre. Tout commencera un jour de 14 Juillet, jour de la Sainte Henriette – justement, Ie prénom de l’héroïne. Henriette, modiste, attend impatiemment le jour de la fête nationale ; sa maman, elle, attend que Robert, le supposé fiancé d’Henriette, se déclare enfin. « Petit monde, petits sentiments et petit film. » Après avoir boudé un 13 juillet « d’exposition », nos scénaristes plantent le décor du 14. Ils décident que l’histoire d’amour de Robert et d’Henriette doit être contrariée, sinon, à quoi bon en faire un film ?

Et si Robert, obligé de « couvrir » l’agonie d’un grand homme, envoyait un messager prévenir Henriette que leur rendez-vous est retardé ? Et si Robert, séducteur impénitent, rencontrait Rita Solar, jolie écuyère qu’il photographie, et qui l’invite dans sa loge ? Puis, très en retard, il finit par arriver au rendez-vous avec Henriette. On la fait passer pour une fameuse actrice suédoise, avant que Robert n’invente un gros mensonge pour aller retrouver « son » écuyère.

Entre alors en scène le louche mais séduisant Maurice, tandis que les scénaristes se disputent sans fin sur la ou les suites à donner aux histoires et aux personnages. Maurice, qui échappe de peu au rôle de serial killer, se retrouve petit malfrat, préparant un casse avec quelques camarades, mais aspirant à une « vie rangée », Il retrouve Adrien Massar, vieux camarade de collège… et inspecteur de police. Robert, lui, rejoint Rita Solaro Le récit dérape : Maurice tente de circonvenir Henriette, au cours d’une folle course-poursuite, mais elle finit par le tuer. Il ressuscite pour les besoins de la cause, et poursuit ses assauts pour séduire une Henriette bien esseulée. Chacun fait croire à l’autre qu’il n’est pas ce qu’il croit, et Maurice se prend pour un pilote de ligne. Il entraîne Henriette, qui ignore tout, sur le lieu du cambriolage, en lui faisant croire qu’il l’emmène chez elle. Il vole une grosse somme d’argent, et lui propose de l’emmener, tout de suite, loin d’ici. A cause de Maurice, le cambriolage échoue, mais l’inspecteur Massar est emmené par deux faux gendarmes alors qu’il avait surpris Maurice en flagrant délit. Pendant ce temps, Rita fait un grand numéro de charme à Robert, qui succombe rapidement, tandis que Maurice et Henriette font un tour au « Cochon qui sommeille ».

Les faux gendarmes poursuivent Maurice par vengeance, et tuent Henriette par mégarde, qui ressuscite pour les besoins de la cause. Tandis que Robert s’ajoute à la liste des amants d’un jour de Rita avant de se dépêcher pour rejoindre enfin sa « promise », Maurice et Henriette attendent, place du Tertre ; Henriette finit par avouer à Maurice, que ses complices s’apprêtent à rejoindre, qu’elle ne l’aime pas. L’inspecteur Massar, qui l’a retrouvé, lui laisse le temps de faire ses adieux à Henriette avant de l’arrêter. Les personnages, alors, n’en font qu’à leur tête, et Robert et Henriette manquent ne pas se rencontrer, au grand dam des scénaristes. Grâce à l’intervention de Maurice, ils finissent par se retrouver, devant un Sacré-Cœur illuminé par le feu d’artifice qui clôt cette journée de 14 Juillet. Les scénaristes proposent à Michel Auclair de tourner dans leur futur film : las, celui-ci leur apprend qu’il a déjà tourné un film semblable, dont il commence à égrener le générique…

Georges Sadoul : « La Fête à Henriette est en définitive la mise en scène d’un débat qui passionna la critique il y a deux ou trois ans. Pour notre part nous avions très vivement pris parti contre le film noir et ses absurdes conventions. On nous traitait alors d’amateur de « films roses » et de partisan d’un nouvelle « Armée du Salut », Julien Duvivier apporte, avec son dernier film, une contribution au débat. Il identifie constamment son mauvais auteur aux amateurs de films noirs. Ce détestable scénariste propose, après ses scènes de palaces, un viol dans un taxi, un défilé de femmes nues à Montmartre, une fusillade sur la Butte, l’assassinat de six personnes dont un haut magistrat, une poursuite sur les toits du Gaumont Palace. (…) « Tu n’es qu’un Ponson du Terrail », hurle le bon auteur pour réduire au silence cet encombrant feuilletoniste. Le film se moque pourtant moins de Rocambole et de Fantômas que des productions d’Hollywood. (…) La Fête à Henriette ne se borne pas à critiquer Hollywood. Le film se moque aussi de certains tics anciens du cinéma français. L’absurde arrivée d’un aveugle, place de l’Hôtel-de-Ville, un matin de 14 Juillet est ainsi expliquée par l’amateur de films noirs : « J’ai voulu ici symboliser le destin, qui voit ce qu’il y a derrière les choses. » L’allusion est évidente à certains films anciens de Marcel Carné. Mais aussi certains films anciens de Julien Duvivier, Pépé le Moko, Un carnet de bal ou La Fin du jour avaient aussi leur aveugle : le mauvais destin, l’ange noir du perpétuel échec, usant des fins malheureuses comme d’une ficelle dramatique commode.

LA FÊTE À HENRIETTE – Julien Duvivier (1952)

La Fête à Henriette est moins un film qu’un manifeste, qui crie : « A bas le film noir et vive la gentillesse », pavant ainsi l’enfer d’excellentes intentions. D’intentions dont je ne suis pas certain qu’elles sont toujours bien comprises du public. Car ce film à variantes multiples est fort touffu dans son développement et difficile à suivre dans ses épisodes contradictoires. Les constantes caricatures du film noir sont esquissées à traits assez gros. Mais une partie du public hésite à comprendre le sens véritable de leur style « Chicago digest », Nous n’étions pas à rire vingt spectateurs sur cent. Les quatre-vingt autres hésitaient entre la blague et la terreur. (…) La Fête à Henriette n’est donc (…) qu’une demi réussite parce que son « autocritique » se limite en définitive à la dénonciation de quelques tics, tout en conservant malgré soi beaucoup d’autres. (…) Le film a le mérite de poser un débat et de critiquer une tendance néfaste. Si le débat entre le « bon » et le « mauvais auteur » reste sans solution pleinement satisfaisante, il aidera peut-être pourtant d’autres auteurs à trouver une véritable issue. L’avenir du cinéma français est dans le peuple et dans la paix, et non pas dans les conventions d’un pessimisme beaucoup moins fondé sur une véritable analyse sociale que sur les faits divers à sensation de la presse à scandales. » [Georges Sadoul – Une autocritique du film noir – L’Écran français – 25/121952]



JULIEN DUVIVIER ou l’artisan consciencieux
La véritable carrière de Julien Duvivier débute en 1930. Et pourtant, à cette date, il est déjà l’auteur de dix-sept films, réalisés entre 1919 et 1929. Mais rien, dans cette production trop abondante, ne le distingue des nombreux faiseurs, qui, au même moment, travaillaient comme lui, en série…


PANIQUE – Julien Duvivier (1946)
Panique raconte le quotidien d’un homme solitaire et asocial qui, regardé de travers par les habitants de l’agglomération parisienne où il réside, se retrouve accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. jusqu’à se faire traquer par la population dans un final des plus glaçants. Une vraie parabole sur les comportements les plus sombres de l’être humain, synthétisée ainsi par le journaliste jean-François Rauger : « Comment la communauté humaine peut fabriquer un bouc émissaire et le charger de tous les péchés du monde ».

LA BELLE ÉQUIPE – Julien Duvivier (1936)
Pour son allant, son utopie réalisée (même si elle ne dure que le temps d’une saison) et son vin gai, cette Belle Equipe procure une griserie intacte. Cinq camarades, des ouvriers au chômage et un réfugié espagnol, partagent un pactole gagné à la Loterie nationale pour rénover un lavoir en ruine au bord de la Marne et le transformer en guinguette.

L’HOMME DU JOUR – Julien Duvivier (1937)
C’est juste après La Belle équipe, que Duvivier tourne L’Homme du jour, film mineur dans la filmographie du réalisateur mais qui mérite d’être découvert. Cette grosse production met en vedette Maurice Chevalier tout auréolé de ses succès américains (notamment avec Lubitsch). L’Homme du jour bénéficie à nouveau de la collaboration de Charles Vildrac et de Spaak, mais on a souvent l’impression que l’acidité et l’ironie premières du propos sont combattues par les nécessités commerciales qui entourent la présence de Chevalier, sans que, pour autant, le film soit un succès public.

LA FIN DU JOUR – Julien Duvivier (1939)
Le générique, déjà, serre le coeur : des vieillards assis dans un grand couloir, comme dans l’antichambre de la mort. Des vieux pas comme les autres : des comédiens nécessiteux et oubliés. Avec Poil de Carotte, c’est sans doute le film le plus personnel de Julien Duvivier : dans sa jeunesse, il avait débuté sur les planches et éprouvé la déconvenue — un humiliant trou de mémoire en scène, entre autres. Cabrissade, le cabot, la doublure qui n’est jamais entrée dans la lumière, ce représentant des « petits, des sans-grades », c’est un peu lui. Dans le rôle, Michel Simon est absolument bouleversant.

PÉPÉ LE MOKO – Julien Duvivier (1937)
Des ruelles, un dédale grouillant de vie, où Julien Duvivier filme des pieds, des pas, des ombres portées : la Casbah est un maquis imprenable par la police, où Pépé le Moko (« moco » : marin toulonnais en argot) a trouvé refuge. Ce malfrat au grand cœur (Gabin) s’y sent comme chez lui. Il y étouffe aussi. Quand ses rêves de liberté, sa nostalgie de Paname prennent les traits d’une demi-mondaine, Pépé, on le sait, est condamné…

GOLGOTHA – Julien Duvivier (1935)
Gabin l’a souvent raconté : c’est avant tout parce que Julien Duvivier tenait absolument à le faire jouer dans Golgotha qu’il a fini par accepter un rôle pour lequel il ne s’estimait pas fait. Cela se passait en 1934, et c’était peut-être la première fois que l’amitié éprouvée pour un réalisateur pesait son poids dans une décision professionnelle – mais ça n’était assurément pas la dernière. 

VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS – Julien Duvivier (1956)
Dans Voici le temps des assassins, le personnage de Chatelin est l’occasion d’une grande composition pour Gabin, parfait en grand chef, permettant à Duvivier de donner à son film une épaisseur réaliste, dans laquelle il l’installe dès les scènes d’ouverture, où la caméra se déplace avec fluidité en accompagnant Gabin dans son travail (ouverture du restaurant, marché aux Halles, préparation des plats) tout en exposant les personnages et les situations.

MARIE-OCTOBRE – Julien Duvivier (1959)
Un grand film de la fin des années 1950, signé Julien Duvivier et Henri Jeanson. Un véritable suspens, magistralement interprété par une pléiade de comédiens prestigieux. En 1944, ils formaient un réseau de Résistance. L’un deux a trahi. Des années plus tard « Marie-Octobre », seule femme du groupe, les réunit pour découvrir qui a trahi… Et, à la fin de l’enquête, le traître devra mourir !



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