La Comédie musicale

CAREFREE (Amanda) – Mark Sandrich (1938)

Sortie aux États-Unis le 2 septembre 1938, la huitième comédie musicale de Fred Astaire et Ginger Rogers leur permet de danser une fois encore sur les belles mélodies d’Irving Berlin.

On ne sait si Irving Berlin songeait aux rêves d’indépendance de Fred Astaire et Ginger Rogers en écrivant la chanson Change Partners, mais elle semble en tout cas convenir parfaitement à l’état d’esprit des deux stars au moment du tournage de Carefree (Amanda). Chacun vient en effet de donner la réplique à de nouveaux partenaires durant l’année précédente, et il est déjà prévu que ce huitième opus sera aussi l’avant-dernier. Sans doute est-ce pour cette raison que les ingrédients de Carefree diffèrent sensiblement de ceux de leurs précédents films. Certes, la relation « chien et chat » de Fred et Ginger, les seconds rôles un peu loufoques ou la somptuosité des décors sont à nouveau au rendez-vous. Mais le ton du film, dans lequel la screwball comedy tend à dominer la comédie musicale, paraît moins innocent que celui des autres romances du tandem. Et, surtout, Ginger Rogers y tient soudain une place plus importante, comme si les galons acquis en tournant sans Fred Astaire lui avaient donné un nouveau statut au sein de la RKO… Pour autant, il s’agit bien encore d’un « vrai » film d’Astaire et Rogers, comme le claironnent à la sortie de Carefree les affiches portant le slogan « Together again ! »

Seize mois se sont écoulés entre la sortie de Shall We Dance (L’Entreprenant M. Petrov), en 1937, et celle de Carefree, le huitième film de Fred Astaire et Ginger Rogers. Ce délai, exceptionnellement long dans l’histoire du tandem, s’explique par la volonté des deux acteurs de tourner des films séparément, ce qu’ils n’avaient encore jamais fait depuis leur première collaboration en 1933. Après Shall We Dance, Fred joue donc face à Joan Fontaine dans la comédie musicale A Damsel in Distress (Une demoiselle en détresse) tandis que Ginger est l’héroïne de trois films non musicaux : le drame Stage Door (Pension d’artistes), dont elle partage la vedette avec Katharine Hepburn, et deux comédies romantiques, Vivacious Lady (Mariage incognito) et Having Wonderful Time (Vacances payées), où elle séduit James Stewart et Douglas Fairbanks Jr. Mais si le producteur Pandro S. Berman leur permet ces escapades, il ne renonce pas pour autant à l’idée de réunir une nouvelle fois les deux stars dans un même film – en l’occurrence Carefree.

Ginger Rogers s’avère la plus difficile à convaincre, car le metteur en scène choisi pour présider à ces retrouvailles est Mark Sandrich, avec qui elle s’entend mal. Mais une hausse de salaire, et la promesse d’engager Robert de Grasse, le chef opérateur de ses trois précédents films, finissent par convaincre l’actrice, et le tournage de Carefree peut commencer au mois d’avril 1938. Pour compléter le triangle amoureux du film, Berman « emprunte » à la Columbia le populaire Ralph Bellamy. Par ailleurs, il confie le rôle de Tante Cora à Luella Gear, une figure de Broadway qui a déjà joué avec Fred Astaire dans le spectacle The Gay Divorce (elle y tenait le rôle d’Hortense, joué ensuite par Alice Brady dans le film La Joyeuse divorcée). Le nouveau venu Jack Carson, le vétéran Clarence Kolb, et Hattie MacDaniel (qui obtiendra un Oscar l’année suivante pour le rôle de Marna dans Autant en emporte le vent) complètent le casting, qui ne comporte aucun des faire-valoir habituels des deux stars.

Autre changement de taille dans la formule qu’avait mise au point la RKO, Amanda comporte seulement quatre numéros musicaux. C’est le compositeur Irving Berlin qui, après Top Hat (Le Danseur du dessus) et Follow the Fleet (En suivant la flotte), signe une fois encore les chansons du film. L’une d’entre elles, I Used to be color blind, donne lieu à l’une des danses les plus fameuses du tandem – une postérité due autant à l’utilisation d’un ralenti poétique qu’au baiser final échangé par Ginger et Fred, qu’on n’avait encore jamais réellement vus s’embrasser à l’écran… L’autre morceau de bravoure de Carefree sera la « danse aux balles de golf », un numéro auquel Astaire songeait depuis Ion temps et qui demandera pas moins de deux semaines de répétitions. Quant à la chanson The Yam, l’acteur refuse de chanter, trouvant ses paroles stupides – ce qui offre à Ginger l’un de ses rares numéros en solo. Mais de tous les morceaux du film, seul Change Partners deviendra finalement un succès, en partie grâce à sa nomination à l’Oscar de la meilleure chanson.


LA COMÉDIE MUSICALE
La comédie musicale a été longtemps l’un des genres privilégiés de la production hollywoodienne, et probablement le plus fascinant . Né dans les années 1930, en même temps que le cinéma parlant, elle témoigna à sa manière, en chansons, en claquettes et en paillettes, de la rénovation sociale et économique de l’Amérique. Mais c’est dix plus tard, à la Metro-Goldwyn-Mayer, que sous l’impulsion d’Arthur Freed la comédie musicale connut son véritable âge d’or, grâce à la rencontre de créateurs d’exception (Vincente Minnelli, Stanley Donen) et d’acteurs inoubliables (Fred Astaire, Gene Kelly, Judy Garland, Cyd Charisse, Debbie Reynolds). Par l’évocation de ces années éblouissantes à travers les films présentés, cette page permet de retrouver toute la magie et le glamour de la comédie musicale.


L’histoire : 

Stephen Arden est désespéré. Il ne cesse de demander sa main à Amanda, dont il est éperdument amoureux, mais celle-ci n’arrive pas à se décider. Son incertitude est telle que Stephen, en désespoir de cause finit par demander l’aide de son ami Tony, un psychiatre réputé. Ce dernier accepte de recevoir la belle Amanda, mais la cure devant permettre à la jeune femme de clarifier ses sentiments va prendre un tour imprévu…



LE MYTHE GINGER ET FRED
Dans les années 30, la RKO révolutionne la comédie musicale grâce à deux artistes qui, de Carioca (Flying Down to Rio) à La Grande Farandole (The Story of Vernon and Irene Castle), vont s’imposer comme les maîtres du genre.


 Programme musical
« Since They Turned ‘Loch Lomond’ into Swing »
Music by Irving Berlin
Danced by Fred Astaire

Cette scène a nécessité deux semaines de répétitions. En raison de la difficulté de l’action, la performance a été reconstituée à partir de plusieurs prises, ce qui était très inhabituel pour Astaire, qui préférait faire ses numéros de danse à partir d’un nombre minimum de longues prises .

« I Used to Be Color Blind »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Sung by Fred Astaire
Danced by Fred Astaire and Ginger Rogers

Un tournage en couleur de Carefree, ou du moins de ce numéro musical, était prévu, le titre de la chanson faisant d’ailleurs directement référence à l’utilisation du Technicolor. L’idée fut abandonnée en raison du coût ou des difficultés de production, selon les sources. Le film présente deux particularités dans la série : c’est le plus court, avec seulement quatre numéros musicaux, (plusieurs séquences ont été abandonnées ou coupées au montage), et c’est le seul où ils partagent un long baiser, à la fin de cette scène, un numéro onirique dont une partie était projetée au ralenti.

« The Yam »
Music and lyrics by Irving Berlin
Sung by Ginger Rogers
Danced by Ginger Rogers, Fred Astaire and Chorus

Fred Astaire trouvait cette chanson stupide, et il a refusé de la chanter, ce qui explique pourquoi Ginger Rogers chante seule. Ils ne dansent ensemble après la section vocale.

« Change Partners »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Sung by Fred Astaire
Danced by Fred Astaire and Ginger Rogers

La seule chanson de ce film, écrite par Irving Berlin, elle été nominée pour un Academy Award

« Let’s Make the Most of Our Dream »
Music and Lyrics by Irving Berlin
Sung by Fred Astaire
Danced by Fred Astaire and Ginger Rogers


FRED ASTAIRE
La longue carrière de Fred Astaire est désormais entrée dans la légende ; son exceptionnel génie de danseur ne l’a toutefois pas empêché d’être aussi un excellent acteur.

GINGER ROGERS
Quand elle commença à travailler avec Fred Astaire, Ginger Rogers était totalement inconnue mais elle était déjà poussée par une grande ambition qui lui venait en partie du tempérament très volontaire de sa mère. Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait cherché, très tôt – en tout cas plus rapidement que son prestigieux partenaire – à s’affirmer au cinéma autrement que par la danse.

IRVING BERLIN
Aux États-Unis, son God Bless America en a fait un héros national. Mais on doit aussi au compositeur des succès comme Say It Isn’t SoEaster Parade Parade de Printemps), et l’inusable White Christmas (L’Amour chante et danse).


Ginger Rogers, Fred Astaire et Irving Berlin

SECOND CHORUS (Swing romance) – H. C. Potter (1940)
Deuxième film tourné par Fred Astaire après son départ de la RKO, cette comédie musicale de la Paramount voit le danseur épouser avec brio les rythmes d’Artie Shaw. Les talents de danseuse de Paulette Goddard étaient fort modeste avant le film. C’est Fred Astaire lui-même qui l’a aidé à accomplir une prestation très honorable.

YOU’LL NEVER GET RICH – (L’Amour vient en dansant) – Sidney Lanfield (1941)
Première des deux comédies musicales interprétées par les talentueux Fred Astaire et Rita Hayworth, cette production de la Columbia mise en outre sur une bande originale signée Cole Porter.

HOLIDAY INN (L’Amour chante et danse) – Mark Sandrich (1942)
En 1942, l’Amérique en guerre fait un triomphe à cette comédie musicale qui exalte les valeurs nationales, et associe trois des plus grands noms du genre.

YOU WERE NEVER LOVELIER (Ô toi ma charmante) – William A. Seiter (1942)
Quand Fred Astaire et Rita Hayworth se lancent en 1942 dans l’aventure de You were never lovelier, leur statut vient de changer. Leur premier film, You’ll never get rich, réunissait en effet l’année précédente un acteur certes légendaire, mais en perte de vitesse, et une starlette prometteuse. L’accueil reçu par ce premier opus ayant fait monter en flèche leurs cotes respectives,


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