La Comédie musicale

A STAR IS BORN (Une Etoile est née) – George Cukor – 1954

Sorti en 1954, le film de George Cukor offre à Judy Garland son plus grand rôle dramatique, face à un James Mason tout aussi bouleversant. Genèse d’un chef-d’œuvre mutilé.  L’acteur Norman Maine est une star d’Hollywood, mais son désenchantement le conduit à boire de plus en plus. Lors d’une soirée de gala, il entre sur scène dans un état d’ébriété avancé, et ne doit son salut qu’à une jeune chanteuse, Vicky, dont la présence d’esprit lui permet d’éviter la catastrophe. Elle disparaît ensuite, mais Norman décide de la retrouver…

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Avec son titre repris régulièrement par la presse pour saluer l’avènement de la moindre vedette, A Star is born (Une Etoile est née) fait assurément partie des films les plus importants de l’histoire du cinéma américain. Il fut pourtant boudé à sa sortie, souffrant avant tout d’un montage tronqué par les exécutifs de la Warner, qui voulaient réduire la dimension psychologique du film et y injecter plus de grand spectacle (la version que nous connaissons aujourd’hui a rétabli, tant bien que mal, ces passages, dont on peut imaginer à quel point ils manquaient à l’époque). Mais peut-être le sujet du film lui-même a-t-il rebuté les spectateurs, tant il jette sur les coulisses de l’usine à rêves un éclairage peu reluisant… Et pourtant, ce regard introspectif sur Hollywood compte parmi les grandes qualités du film. Des qualités auxquelles il faut ajouter les chansons d’Harold Arlen et Ira Gershwin, et la mise en scène tout en subtilité de George Cukor (le long plan-séquence qui voit l’héroïne chanter dans le cabaret obscur en est un magnifique exemple). Mais le plus impressionnant dans A Star is born , c’est évidemment la performance de Judy Garland et de James Mason, qui seront étonnamment oubliés par les Oscars, mais recevront tout de même un Golden Globe.

En 1950, les absences répétées de Judy Garland sur le plateau de Royal Wedding (Mariage Royal) poussent la MGM à mettre brutalement fin au contrat de celle qui fut pourtant pendant dix ans sa reine du « musical ». S’ensuit pour la star une période difficile, durant laquelle elle se remarie avec son manager, Sidney Luft. C’est ce dernier qui convainc la Warner de se lancer en 1953 dans le projet de A Star is born, en misant sur le grand retour de Judy Garland après trois ans d’absence, Le film sera le remake d’un drame de William Wellman sorti en 1937, lui-même inspiré par What Price Hollywood ?, tourné en 1932 par Cukor. Ce dernier est d’ailleurs sollicité pour mettre en en scène cette nouvelle version, ce qu’il accepte avec enthousiasme, car il s’agit à la fois de son premier film en couleurs et de sa première collaboration avec Judy Garland. Quant à l’actrice, elle compte sur le rôle de Vicky, déjà tenu en 1942 à la radio, pour se remettre en selle.

La méthode de Cukor, qui s’en tient à des répétitions mécaniques afin de garder l’émotion pour la caméra, convient parfaitement à James Mason, comédien réservé. Elle réussit également à Judy Garland qui, longtemps cantonnée à des films légers, trouve enfin dans le scénario réécrit par Moss Hart un grand rôle dramatique. Mise en confiance par Cukor, elle va se donner totalement – notamment dans la scène de crise de nerfs, à la fin du film. Félicitée par le cinéaste après la deuxième prise, l’actrice lui répondra avec humour : « Oh, passe me voir à la maison, je fais ça tous les après-midis. Mais à la maison, je ne le fais qu’une fois… »


A Star is born  commence comme Singin’ in the Rain (Chantons sous la pluie) par une grande manifestation hollywoodienne où défilent luxueuses voitures, femmes ravissantes et stars célèbres. Singin’ in the Rain se déroulera ensuite sur le ton de la comédie nostalgique. A Star is born, au contraire, sera une véritable tragédie musicale. Le ton du film est donné dès le début avec l’apparition de Norman Maine, ivre. Une scène déjà inquiétante qui annonce l’exhibition pitoyable du même Norman Maine à la cérémonie des Oscars, demandant du travail à l’assemblée et frappant involontairement sa femme.  

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Reste à choisir l’acteur susceptible de jouer Norman Maine. Laurence Olivier initialement prévu est vite oublié au profit de Cary Grant que Cukor essaie de convaincre d’accepter. Mais Cary Grant trouve que le rôle lui ressemble un peu trop et risque de le « marquer » aux yeux du public et il refuse. Stewart Granger est ensuite choisi, faute d’avoir pu avoir Humphrey Bogart. Cukor fait une succession d’essais avec Granger qui renonce au rôle, exaspéré par les exigences et la maniaquerie du cinéaste qui le dirigera pourtant quelques mois plus tard dans Bhowani Junction (La Croisée des destins). James Mason est alors engagé. Il gardera toujours un très bon souvenir du tournage qui va pourtant poser de nombreux problèmes.

Produit par Sidney Luft, le propre mari de Judy GarlandA Star is born voit très curieusement la réunion de deux personnes déjà associées au sujet. Judy Garland avait interprété le 28 décembre 1942, dans une adaptation radiophonique produite par Cecil B. De Mille dans le cadre de son Lux Radio Theatre, le rôle de Vicki Lester. De son côté, Cukor avait failli mettre en scène la version de 1937. Il n’avait refusé que parce que le sujet ressemblait trop à celui de What Price Hollywood ? Il déclarait d’ailleurs à ce propos : « J’avais traité le sujet une première fois en 1932 dans What Price Hollywood ?, produit par David O. Selznick. Le film était excellent, mais il n’a pas eu de succès. C’était l’histoire, non pas d’un acteur, mais d’un metteur en scène et d’une actrice. Puis, en 1937, le même Selznick fit réaliser par William Wellman une première version de A Star is Born, avec Janet Gaynor et Fredric March. J’avais donné l’idée d’une scène, qui figure également dans la seconde version, celle que j’ai tournée. On y voit le personnage principal, qui suit une cure de désintoxication dans une clinique, recevoir la visite de son metteur en scène, venu lui apporter un scénario. Le metteur en scène, c’est moi ; l’acteur est John Barrymore, soigné alors pour alcoolisme. En sortant de la clinique j’étais tombé sur Selznick et lui avais raconté l’entrevue.» 

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

La Warner Bros tout d’abord décide de ne pas tourner le film en Cinémascope et envisage en revanche de le réaliser en relief. C’est en effet le moment où tout est bon pour tenter de contrer l’influence de la télévision. Heureusement pour Cukor, l’idée du relief est abandonnée mais, en revanche, on lui demande de tourner en Cinémascope alors que les prises de vue ont déjà commencé. Winton C. Hoch, le chef opérateur initial du film, est remplacé brièvement par Milton Krasner qui assure la photographie des retakes du passage du standard au Cinémascope. Ces frais, non prévus, commencent déjà à grever le budget. Sam Leavitt succède à Krasner et sera le seul chef opérateur crédité au générique. A star is born est donc le premier film en Cinémascope de Cukor et également – si l’on excepte ses passages sur The Wonderful Wizard of Oz et Gone with the Wind (Autant en emporte le vent) – son premier film en couleurs. Cukor se passionne aussitôt pour ce nouveau format à propos duquel il avoue : « C’est la reproduction, dans un livre, du « Sacre » de David qui m’a donné l’idée de mes cadrages. Sur une page figurait le tableau tout entier. Sur la page en regard, des détails : visages ou autre chose. Je me suis dit : « C’est ainsi qu’il faut procéder. Faire des gros plans qui ne soient pas composés, mais extraits de l’ensemble. » 

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Contrairement à certains de ses collègues, très gênés par le Cinémascope, Cukor en profite pour se livrer à diverses expériences. A ce titre, la scène de la discussion entre Niles et Maine est étonnante. On voit à gauche un téléviseur allumé, au centre Niles et Norman et à droite l’écran sur lequel est projeté un film de Lewis Seiler. De même, lors de la remise des Oscars, la partie droite est occupée par un gigantesque écran où l’on assiste également à l’action, telle que la voient les téléspectateurs. Ayant parfaitement surmonté ce qui aurait été pour un autre un handicap, Cukor décrit parallèlement l’ascension d’Esther Blodgett devenue Vicki Lester et la déchéance de Norman Maine que les uns appellent « Mister Lester » ou sous son vrai nom Ernest Gubbins. Le thème positif de Pygmalion – que Cukor traitera dans My Fair Lady plusieurs années plus tard – s’accompagne ici d’une peinture au vitriol de l’univers hollywoodien symbolisé par un public carnassier – le moment où, à l’enterrement de Norman, Vicki est assaillie et voit son voile noir arraché est assimilé à un viol – et l’ignoble Libby, le responsable des relations publiques du studio, qui attend patiemment la déchéance de Norman qu’il hait. 

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

La grande habileté de Cukor réside dans sa manière de s’attacher à la fois à Norman et à Vicki. Norman avoue à sa femme : « Je détruis tout ce que je touche. Je l’ai toujours fait. Oublie-moi. Je suis un mauvais lot » et dit à Niles : « Je crois être né avec le génie de faire des choses qui ne vont pas ». C’est parce qu’il craint d’entraîner Vicki à sa suite qu’il préfère se tuer. Vicki représente au contraire la musique et la foi en un avenir qu’elle espère encore heureux. Seule avec Norman, elle lui chante « It’s a New World », ignorant que ce sera la chanson au son de laquelle Norman ira vers la mort.

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Alors que la plupart du temps dans un film musical les chansons symbolisent la joie de vivre, ici elles se déroulent parallèlement à l’action, conservant un ton souvent grave. Au début, Vicki – elle est encore Esther – chante « There is nothing sadder than a one-man woman looking for the man that got away » et tout son personnage semble à jamais marqué par la fatalité. Une fatalité qu’elle assumera à la fin en s’appelant « Mrs. Norman Maine », la veuve d’une star déchue et disparue. 

George Cukor, Judy Garland et James Mason – A STAR IS BORN (1954)

Le montage du film a été l’objet de diverses controverses. Certains, et Cukor le premier, ont toujours regretté la présence du très long numéro « Born in a trunk », tourné alors que le cinéaste n’était pas là et qui déséquilibre en partie le film au profit de Vicki. « I was born in a Trunk in the Princess Theatre in Pocatello Idaho » chante Vicki qui, en quelques minutes, passe en revue les styles les plus divers du musical. Le numéro est un morceau en lui-même, mal intégré au reste du film, mais il demeure aussi l’une des ultimes performances musicales et cinématographiques de Judy Garland, très émouvante. La présence de ce long numéro obligea la Warner à pratiquer des coupes dans le montage initial qui dépassait les 3 h 30. Cukor accepta de réduire la durée à 3 h 02, laissant à Folmar Blangsted le soin de continuer sans lui. Cukor partit alors aux Indes tourner Bhowani Junction et Blangsted seul, le cinéaste ne répondant pas à ses télex, effectua le montage qui lui semblait concilier les intérêts principaux de chacun. Le résultat est le film que nous connaissons. Une version plus complète – mais pas plus satisfaisante – a été réalisée par la suite à partir d’éléments, très inégaux, retrouvés ultérieurement. Une version intégrale sera malgré tout établie en 1983, mais certains plans ayant irrémédiablement disparu, on devra les remplacer par des photos de plateau, ce qui ne donne qu’une idée imparfaite du chef-d’œuvre d’origine. En raison de divers problèmes, dont ceux liés à la santé toujours très fragile de Judy Garland , le film coûta finalement beaucoup plus cher que prévu et n’obtint pas le succès espéré. [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de la La Martinière (1993)]



Ce film permettait à Judy Garland d’affirmer sa nouvelle personnalité : chanteuse certes, mais surtout actrice de mélodrame, l’un des genres les plus épurés du cinéma américain. Hélas ! le film eut des problèmes plutôt graves. Cukor déclarait à ce propos : « Ils l’ont désintégré ! Des morceaux entiers ont été coupés et perdus à  jamais… C’est dommage vraiment !… Le pire, c’est que le négatif a disparu, un désastre sans précédent (Film Culture). »
Pourtant, les lambeaux qui restent constituent un film admirable. Judy fut nommée pour l’oscar. Elle était persuadée de l’obtenir, mais cette année-là ce fut Grace Kelly qui obtint la statuette d’or pour son interprétation d’A Country girl. Ce fut une cruelle déception pour elle. Le film avait coûté 6.000.000 de dollars. Le scénario se rapprochait de la biographie de Judy («  Le personnage de Norman Maine, signale Charles Bitsch dans le numéro 48 des « Cahiers du Cinéma » est proche de celui de Judy Garland ») et la seule récompense de ce film fut un important succès critique. Bitsch écrivit : « Cette actrice trop ignorée joue aussi bien qu’elle chante, à la limite de « la cassure. »

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Pour les critiques, elle était devenue une véritable comédienne. Mais le film était trop sublime pour qu’elle puisse recommencer une carrière ordinaire dans le septième art. Cette cassure, qu’évoquait le critique, était toujours présente dans sa vie privée. En 1956, elle se sépare de Sidney Luft ; il avait essayé de l’aider le plus possible, il lui avait donné tout ce qu’une femme pouvait demander à un homme, mais le drame avait déjà envahi la vie et le corps de Judy Garland. L’opinion publique est alertée ; des rumeurs courent autour de la star. On la soupçonne de s’adonner à la drogue, à l’alcool. Garland a perdu tout équilibre nerveux. Elle commet de nouvelles tentatives de suicide. Parfois, dans un réflexe de défense, elle attaque les responsables de certaines rumeurs. C’est ainsi qu’une rédactrice du « New York Heral Tribune », Marie Torre, se retrouvera en prison pour dix jours, accusée de diffamation. Mais Judy elle-même va connaître des démêlés avec la justice. Plusieurs des cabarets qui l’emploieront iront porter plainte pour rupture de contrat. La fin des années 1950 sera une période noire pour Judy. Le personnage de Lester était devenu son mythe de la femme-spectacle qu’elle aurait aimé être. La réalité était beaucoup plus sordide. Ses tentatives désespérées d’y échapper échoueront lamentablement. Le culte qu’on lui vouait ne suffira pas à la consoler. Elle n’envisageait plus de carrière cinématographique. C’est une seconde légende qui s’était emparée d’elle. Elle n’était plus l’héroïne-enfant du Magicien d’Oz, mais celle de A star is born.

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Face au public : Comme le public l’avait jugée à travers l’imagination des metteurs en scènes, Judy Garland décida de rencontrer le public. Il devra la juger sans le masque de mécanique de la technique cinématographique.
Ce n’était pas ses premières apparitions en public. Elle avait donné son premier concert au Robin Hood Dell de Philadelphie en 1943 ; mais c’est à partir de 1951 qu’elle consacrera la majeure partie de son talent à ce genre de spectacle. Elle débute à nouveau en 1951 au London Palace qui lui demandait un récital depuis plusieurs années. Le public anglais lui fait une ovation. Elle reçoit 20.000 dollars par semaine. Cette somme remédie à ses problèmes financiers. Elle retourne aux Etats-Unis pour donner son récital au New York Palace Theater. Le succès est immense.

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Jusqu’aux dernières années de sa vie, Judy Garland continuera ses concerts. Elle obtiendra un succès sans précédent au Palais de Chaillot de Paris, en 1960 et sera consacrée en 1961, lors de son récital au Carnegie Hall. Londres lui fera toujours un immense succès et c’est là qu’elle donnera en 1966, un récital avec sa fille Liza Minnelli ; cette dernière ayant suivi les traces de sa mère aux côtés de laquelle elle avait fait ses débuts cinématographiques dans « In the Good old Summertime ». Elle était alors âgée de trois ans !

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)


C’est par ses concerts qu’il est possible de juger le style de chanteuse de Judy Garland. Si la voix est identique à celle que l’on peut entendre dans les films ou sur ses disques, le style est bien différent. Il y a dans cette voix une intensité communicative qui bouleverse le public. Pourtant Garland ne chantait jamais «sur la sécurité ». Elle avait une technique impeccable, plaçant sa voix au niveau du diaphragme et jetant les mots avec fougue, bien qu’elle ne respectât pas toujours les phrases musicales. Il lui arrivait de chanter faux, et de tenir encore son public en haleine. Ce dernier la portait, lui permettait toutes les audaces et bien souvent ses récitals duraient une demi-heure de plus que prévu. Elle avait besoin de se donner au public pour que celui-ci lui donne des raisons de vivre. Elle devenait alors une force monstrueuse et sacrée que personne n’aurait pu détruire. En chantant, le visage inondé de lumières violentes, elle se projetait enfin dans ce pays merveilleux, derrière l’arc-en-ciel.

A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

Le succès de ses concerts, ses apparitions à la télévision ne suffisaient pas à Garland. Elle voulait se montrer à tous, s’expliquer, se livrer pour ne plus être seule, car, quand le rideau de velours est tombé sur la scène, les compagnons du soir regagnent leur foyer et le monstre sacré retrouve la solitude. Certes, un culte Judy Garland était né, mais un culte, c’est bon pour les morts ! En 1952, elle se marie une troisième fois, avec Sidney Luft. Il lui donne deux enfants : Lorna (née en 1953) et Joseph Wiley (né en 1955). Il lui fera un troisième cadeau en produisant son plus beau film à la Warner Bros : A Star is born. Ce film marque la rencontre de Judy avec le metteur en scène George Cukor. Ce dernier a la réputation d’être le meilleur directeur d’actrice hollywoodien. Après quatre années d’absence, Judy retourne donc au studio pour s’y raconter. Quelques années auparavant, en 1942, elle avait enregistré cette histoire pour la radio.


A STAR IS BORN (George Cukor, 1954)

L’histoire

Norman Maine (James Mason), célèbre acteur hollywoodien, fait la connaissance d’Esther Blodgett (Judy Garland), la chanteuse de l’orchestre de Glen Williams. En état d’ébriété, il risque de causer un scandale au cours d’un gala de charité. Grâce à Esther, sa conduite inhabituelle semble faire partie d’un numéro prévu à l’avance. Norman revoit Esther et s’éprend d’elle. Il réussit à lui faire faire un bout d’essai et à la faire engager par son propre producteur, Oliver Niles (Charles Bickford). Esther devient alors Vicki Lester. Elle épouse Norman en refusant à la fureur de l’attaché de presse Matt Libby (Jack Carson) les fastes d’un grand mariage hollywoodien. Mais le studio rompt son contrat avec Norman dont les derniers films sont des échecs. Norman souffre d’être considéré comme le mari d’une vedette désormais célèbre et il boit de plus en plus. Le soir où Vicki reçoit l’Oscar de la meilleure interprétation féminine, il cause un véritable scandale en apparaissant ivre et en s’adressant au public. Il fait alors une cure de désintoxication mais il se dispute avec Libby qui le frappe et il recommence à boire. Arrêté pour ivresse, il n’est arraché à la prison que grâce à l’intervention de Vicki qui plaide en sa faveur devant le juge. Vicki est désormais prête à renoncer à sa carrière pour se consacrer à son mari. Norman s’en rend compte en entendant une conversation que Vicki a avec Oliver Niles. Il se suicide alors en se noyant. Comprenant grâce au fidèle Danny McGuire (Tommy Noonan) qu’elle risque de se détruire elle-même, Vicki accepte en souvenir de Norman, à qui elle doit sa notoriété, de se produire à un gala de charité où elle se présente comme « Mrs. Norman Maine ».



Programme musical
Gotta Have Me Go with You
Music by Harold Arlen
Lyrics by Ira Gershwin
Performed by Judy Garland with Jack Harmon & Don McKay
The Man That Got Away
Music by Harold Arlen
Lyrics by Ira Gershwin
Performed by Judy Garland
Born in a Trunk
Music by Roger Edens
Lyrics by Leonard Gershe
Performed by Judy Garland
Swanee
Music by George Gershwin
Lyrics by Irving Caesar
I’ll Get By (As Long as I Have You)
Music by Fred E. Ahlert
Lyrics by Roy Turk
You Took Advantage of Me
Music by Richard Rodgers
Lyrics by Lorenz Hart
Black Bottom
Music by Ray Henderson
Lyrics by Buddy G. DeSylva and Lew Brown
The Peanut Vendor (El Manicero)
Written by Moïse Simons
English lyrics by L. Wolfe Gilbert and Marion Sunshine
Melancholy
aka « My Melancholy Baby »
Music by Ernie Burnett
Lyrics by George A. Norton

Le numéro « Born in a trunk » est filmé deux mois après la fin du tournage, à la demande de la Waner. En l’absence de Cukor, c’est le chorégraphe Richard Barstow qui se voit chargé de le réaliser, épaulé par Roger Edens, célèbre directeur musical de la MGM et proche collaborateur de Judy Garland. Celui-ci a écrit la mélodie de « Born in a trunk », seule chanson du film qui ne sera donc pas signée Harold Arlen et Ira Gershwin – mais il faut préciser que le morceau est en fait un long medley qui mêle à la chanson originale des extraits de succès comme « Swanee » de George Gershwin et « You took advantage of me » de Rodgers et Hart. Véritable morceau de bravoure, ce numéro de vingt minutes se veut en fait un hommage aux différents âges du « musical ». Judy Garland s’y avère époustouflante, mais beaucoup de gens (à commencer par Cukor) reprocheront à la séquence de former un « film dans le film » qui déséquilibre considérablement l’ensemble. D’autant que les producteurs ont exigé du même coup de sacrifier des séquences moins spectaculaires, mais plus importantes pour la bonne compréhension de l’intrigue…

Here’s What I’m Here For
Music by Harold Arlen
Lyrics by Ira Gershwin
Performed by Judy Garland
Someone at Last
Music by Harold Arlen
Lyrics by Ira Gershwin
Performed by Judy Garland
Lose That Long Face
Music by Harold Arlen
Lyrics by Ira Gershwin
Performed by Judy Garland

GEORGE CUKOR ou comment le désir vient aux femmes
Qu’elle soit diablesse, lady, girl, affiche, âgée, aux camélias, en collant rose ou à deux visages, la femme occupe dans l’univers réaliste mais luxueux de George Cukor le devant de la scène. La femme en enfer, la dame damnée : Tarnished Lady (1931), ainsi s’intitule le premier film de George Cukor… Toute l’œuvre de Cukor est ainsi bâtie qu’elle n’est ni drame ni divertissement, et qu’elle refuse les limites d’un choix définitif. Pile, face, Cukor a filmé sur la tranche, dorée au soleil d’Hollywood.

JUDY GARLAND
Judy Garland à l’instar d’un James Dean ou d’une Marilyn Monroe, est entrée trop tôt dans la légende du cinéma. Personnalité fragile et dépressive, elle n a pas pu surmonter les profondes crises qui entraînèrent sa fin prématurée. Par sa carrière exceptionnelle commencée dès sa plus tendre enfance aussi bien que par sa mort précoce, à quarante-sept ans à peine, Judy Garland est devenue un mythe du monde du spectacle.


MY FAIR LADY – George Cukor (1964)
le film dépeint une pauvre marchande de fleurs Cockney nommée Eliza Doolittle qui surprend un professeur de phonétique arrogant, Henry Higgins, alors qu’il parie avec désinvolture qu’il pourrait lui apprendre à parler « correctement » anglais , la rendant ainsi présentable dans la haute société de Londres édouardienne .


GASLIGHT (Hantise) – George Cukor (1944)
Avec Gaslight (Hantise), George Cukor délaissait la comédie pour s’essayer au film noir, genre forcément tentant pour un cinéaste passionné par le mensonge et la double identité. Pourtant, ce thriller victorien où un mari tente de rendre sa femme folle vaut surtout comme un superbe exercice de style où le son et la photo, l’atmosphère donc, comptent plus que l’histoire, prévisible.

BORN YESTERDAY (Comment l’esprit vient aux femmes) – George Cukor (1950)
Belle, blonde et sotte, Billie est la petite amie d’un homme d’affaire puissant mais véreux. Celui-ci profite de l’ignorance de sa compagne pour la compromettre dans des affaires louches, jusqu’à ce qu’elle découvre la vérité grâce à un journaliste engagé pour lui apporter un semblant d’éducation. Judy Holliday remporta l’oscar de la meilleur actrice en 1950 pour sa très drôle et brillante prestation dans le rôle de Billie, qu’elle interpréta aussi bien au théâtre qu’au cinéma.

LES GIRLS – George Cukor (1957)
A première vue, Les Girls pourrait facilement être rapproché d’Un Américain à Paris. Interprétées par Gene Kelly à six ans d’intervalle, ces deux comédies musicales ont pour cadre la capitale française, et résonnent des mélodies de deux géants de Broadway : Cole Porter, pour la première, George Gershwin pour la seconde. Mais la ressemblance s’arrête là, car à l’innocence du film de Minnelli, répond l’ironie de celui de Cukor.

DINNER AT EIGHT (Les Invités de huit heures) – George Cukor (1933)
Dinner at eight (Les Invités de huit heures), vaste huis clos donnant une entrevue des vies de personnalités du Who’s Who invitées à une soirée chic de Manhattan, est un subtil mélange d’humour et de mélodrame. Soutenu par le succès de Grand Hotel (Edmund Goulding, 1932), production du studio de l’année précédente mettant en scène de nombreuses stars, le producteur David O. Selznick aspirait à quelque chose d’encore plus grandiose, et l’a trouvé avec cette adaptation de la pièce de théâtre à succès de George S. Kaufman et Edna Ferber, réalisée par George Cukor.



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1 réponse »

  1. Quelle étude exhaustive ! Cet article est une mine ! Il faut avouer que le film a une histoire compliquée et des choses à dire. A commencer par celle de son interprète féminine à la carrière mouvementée. Vocalement impressionnante, son jeu très exalté ne plaît pas toujours. Elle me rappelle un peu La Môme, et je ne fus pas surpris d’ailleurs de découvrir que Cukor avait eu pour projet un biopic de Piaf avec Judy Garland dans le rôle. A star is born est néanmoins une splendeur, ce qui ne retire rien d’ailleurs au très beau film de Wellman sorti un peu moins de 20 ans plus tôt. J’aime beaucoup la séquence « born in e trunk », quoiqu’en pense le réalisateur, qui est une sorte de mise en abyme à l’intérieur du film. Beaucoup s’en inspireront d’ailleurs (je pense à Michel Gondry par exemple dans le clip « Bachelorette » de Björk).

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